Copenhague, exemple de ville intelligente et durable

D’une agréable douceur de vivre, Copenhague, la capitale danoise, est la ville qui redonne aux petits plaisirs de la vie leur titre de noblesse. À taille humaine, la cité se découvre bien sûr à vélo en toute sécurité. Il fait bon se perdre dans les nombreux espaces verts que compte la ville. Derrière cette quiétude, toute une philosophie. Copenhague travaille inlassablement le sujet de la Smart City, avec un objectif affirmé: celui de devenir la première ville neutre en carbone d’ici 2025. Une visée ambitieuse pour la ville de la Petite Sirène, mais qu’elle est en passe de réussir. Culture du vélo, transports verts, énergie éolienne, chauffage urbain innovant, poubelles connectées… Copenhague est décidément à la pointe des projets de ‘’ville verte intelligente’’.

Pour la capitale danoise, la véritable prise de conscience écologique a commencé en 2009, lorsqu’elle a accueilli la conférence climatique COP 15. D’un ensemble d’initiatives individuelles, la question de l’environnement est devenue un objectif collectif de développement, notamment parce que la population est très concernée par les problématiques écologiques dès l’enfance. Élue capitale verte de l’Europe en 2014, Copenhague n’a dès lors cessé de mettre sur pied les meilleures solutions dans ce domaine pour atteindre ses objectifs. Pour réduire ses émissions de CO2, la ville mise d’abord sur le vélo. Avec plusieurs centaines de kilomètres de pistes cyclables, des milliers de vélos en libre-service ‘’city bikes’’, et plus de la moitié de ses habitants utilisant ce mode de transport écologique au quotidien, Copenhague est incontestablement la capitale mondiale du vélo. Depuis 2014, une nouvelle voie baptisée le ‘’serpent cyclable’’ passe au-dessus de l’eau pour relier le port au quartier branché de Vesterbro, un itinéraire emprunté chaque jour par plus de 12 000 cyclistes. La ville a même créé de véritables autoroutes pour vélos, privilégiant clairement les cyclistes par rapport aux automobilistes. Sur ces voies rapides pour vélos, les feux de circulation sont synchronisés en fonction de la vitesse des deux roues. Grâce à cette pratique qui réduit considérablement la pollution, la santé des habitants s’en ressent. Copenhague économiserait chaque année quelque 230 millions d’euros en frais de santé.

Parallèlement, la capitale danoise investit massivement dans de nouvelles lignes et stations de métro et développe des voies réservées aux bus afin d’améliorer la qualité de ses transports en commun.  L’objectif affiché à l’horizon 2025 est que les trois quarts des déplacements des usagers de la ville se fassent à pied, à vélo ou en transport en commun. Tout est fait pour limiter l’usage de l’automobile et son impact négatif sur l’environnement. D’ailleurs les voitures thermiques seront bannies d’ici 2025, remplacées par celles fonctionnant aux énergies propres: électricité, hydrogène ou biocarburants. Copenhague a déjà commencé à mettre à disposition près de 400 citadines d’une célèbre marque allemande en partage et en libre-service. L’autopartage connecté à Copenhague est le premier service à offrir une alternative multimodale. Il est capable de s’interconnecter avec l’offre de transports en commun existante via le système de navigation intégré à bord du véhicule. Cela permet de proposer d’autres solutions de transport pour prolonger son trajet.

Copenhague, capitale de l’éolien

À l’image de tout un pays qui assure aujourd’hui plus de 40% de ses besoins en énergie par la force du vent, Copenhague fait également figure de capitale des éoliennes. À quelques encablures du port, s’élève depuis les années 2000 le célèbre parc éolien offshore de Middelgrunden, produisant environ 3% de la consommation d’électricité de la ville. L’installation de nouvelles turbines terrestres et de mats dans le port se poursuit. Sur une échelle nationale, le Danemark a approuvé dernièrement un plan visant à construire la première île énergétique au monde dans la mer du Nord à l’horizon 2030. Cette méga structure permettra à terme de produire et de stocker suffisamment d’énergie verte pour couvrir les besoins en électricité de trois millions de ménages européens, selon le gouvernement danois qui compte investir 28 milliards d’euros dans le projet. D’ailleurs, le Luxembourg, en tant que pays enclavé et sans ouverture maritime, a montré un vif intérêt pour les îles énergétiques. Il s’est associé au Danemark pour assurer sa transition énergétique et atteindre les objectifs européens de neutralité climatique d’ici 2050.

Le réseau municipal de chauffage urbain est aussi un pilier de la politique climat de la ville. La capitale danoise s’efforce de remplacer le charbon, le fuel et le gaz naturel par la biomasse, des copeaux de bois en forme de billes provenant de forêts gérées de façon durable, et d’intégrer de grandes pompes à chaleur fonctionnant à l’énergie éolienne et géothermique. Autant d’initiatives qui devraient contribuer à rendre le réseau de chauffage urbain de la ville neutre en carbone d’ici 2025.

Une ville verte et connectée

Pour devenir encore plus verte et atteindre ses objectifs environnementaux, Copenhague devra aussi devenir plus intelligente. Elle investit dans les capteurs intégrés au mobilier urbain. Elle teste dans le centre-ville des poubelles connectées afin d’optimiser la collecte des déchets et ainsi réduire au maximum la ronde des camions bennes. Des systèmes permettant d’alerter les automobilistes sur les places de parking disponibles sont expérimentés. Il est également envisagé d’intégrer aux automobiles circulant dans la ville des capteurs mesurant la qualité de l’air et la densité de la circulation, les informations ainsi récoltées seraient ensuite diffusées sur le tableau de bord des automobilistes. La ville reconnait néanmoins que la collecte et la diffusion d’informations nécessitent une meilleure coordination entre différents services de la ville pour les harmoniser et en tirer le meilleur parti et ainsi mettre en place une approche transversale.

D’autre part, et pour réaliser des économies d’énergie et réduire les émissions de CO2, Copenhague s’appuie sur son réseau de lampadaires intelligents. L’éclairage urbain est équipé de lampes à LED couplés à un système qui règle leur intensité selon la saison, le trafic et la luminosité naturelle. 20 000 points lumineux ont été remplacés, ce qui a permis à la ville de réaliser plus de 50% d’économies d’énergie et de diminuer de 20% les émissions de CO2 sur le parc rénové.

La ville intelligente et verte n’est pas seulement l’affaire des décideurs. Les citoyens peuvent interagir et suggérer des actions à entreprendre pour améliorer la vie de la cité. Les habitants ne se font pas prier pour faire parvenir leurs voix par les canaux digitaux. La fracture numérique n’existe pas au Danemark. Celui-ci serait le pays le plus digitalisé d’Europe d’après le Digital Economy and Society Index de 2017 grâce à une bonne couverture réseau et à l’utilisation massive de smartphones. Toutes ses infrastructures combinées à un haut degré de conscience citoyenne permettent à la ville de collecter les meilleures informations pour améliorer les services et favoriser la prise des bonnes décisions. Les autorités restent le meilleur garant pour faire bon usage de toutes les informations collectées. En somme, c’est l’idée d’un pacte social respectant la vie privée et œuvrant pour le bien-être commun qui prime. Tous les efforts de la ville semblent indiquer que non seulement Copenhague mais le Danemark tout entier sera en mesure de respecter et d’atteindre ses objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2025.

Par R. Hatira