L’envolée de l’éolien
Créée en 2001, Soler, la Société Luxembourgeoise des Énergies Renouvelables, célèbre cette année son 20e anniversaire. L’occasion pour Paul Zeimet, administrateur délégué, de revenir sur l’histoire d’une société qui s’est développée au gré du vent et d’évoquer ses projets d’avenir dans un secteur qui a le vent en poupe.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire de Soler et sur le développement de ses activités en quelques chiffres et dates clés?
La Société Luxembourgeoise des Énergies Renouvelables (Soler), une joint-venture entre la Société électrique de l’Our (SEO) et Enovos Luxembourg, a été fondée le 27 juin 2001, dans la foulée de la libéralisation du marché intérieur européen de l’énergie. Dans un premier temps, elle avait pour vocation de reprendre l’exploitation des centrales hydroélectriques d’Esch-sur-Sûre, Ettelbruck et Rosport, alors gérées directement par le service de l’énergie de l’État. C’est en 2011 que SEO et Enovos décident de faire de Soler leur plateforme commune pour le développement de projets et la gestion des installations dans le domaine des énergies renouvelables au Luxembourg et dans la Grande Région.
En 2012, Soler exploitait ainsi 23 éoliennes qui ont produit, cette année-là, 63,9 GWh. L’année dernière, la société en gérait 41, réparties sur 8 parcs et produisant 206,8 GWh. Cette quantité d’énergie a permis de fournir 46 000 ménages luxembourgeois de quatre personnes, soit 184 000 individus. Avec les centrales au fil de l’eau qui ont alimenté 8 750 ménages supplémentaires, Soler a donc fourni au total 219 000 personnes en énergie verte en 2020. On ne peut nier que l’évolution que nous avons connue sur ces dix dernières années est un succès. Un autre chiffre le démontre, cette fois au niveau de la participation citoyenne: à l’heure actuelle, nos parcs éoliens sont soutenus par pas moins de 234 actionnaires privés. Ce nombre devrait encore croître en début d’année prochaine, lorsque nous ouvrirons le capital de notre parc de Garnich et du repowering de Windpower à Rosport-Mompach. Il est très important pour nous de faire participer les communes et leurs habitants au capital social des différentes sociétés que nous créons, aussi bien pour des raisons de transparence que pour une question d’acceptation auprès de la population.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir, notamment en termes de puissance installée ou de production?
Ces dernières années, nous avons aligné nos efforts sur les objectifs du «National renewable energy action plan» qui avait pour intention d’augmenter la part d’énergie éolienne pour atteindre les 240 GWh de production en 2020. Avec les 206,8 GWh que nous avons générés l’année dernière, nous avons très largement contribué à la réussite de ce plan dans le secteur de l’éolien.
Aujourd’hui, ce sont les nouveaux objectifs luxembourgeois qui orientent notre travail. Le prochain but est d’atteindre 674 GWh (énergie éolienne) à l’horizon 2030. Le Grand-Duché produisant à ce jour près de 300 GWh, il s’agit donc de doubler la production actuelle. Avec les projets que nous développons en ce moment, nous sommes confiants quant à l’atteinte de ces objectifs. Pour 2040, la barre est placée plus haut encore et le gouvernement vise une production de 1 166 GWh. Je reconnais que c’est ambitieux, d’une part parce qu’il y a des limites naturelles liées à la superficie du territoire et à des contraintes environnementales (un à deux tiers des sites envisagés pour l’installation d’un parc éolien se révèlent finalement inappropriés en cours de développement) et d’autre part parce qu’il faut que chaque nouveau projet emporte l’adhésion de la population et des autorités locales. Dans certaines régions, comme dans le Nord, les citoyens se sont habitués aux éoliennes et leur présence n’inquiète plus forcément. Dans d’autres, au Centre et au Sud notamment, les réticences pourraient être plus importantes du fait de la nouveauté qu’elles représentent.
Quels sont les projets qui vont vous permettre de vous rapprocher des visées de l’État luxembourgeois?
Nous avons pour objectif de doubler notre production d’ici 2025. Cela ne signifie pas pour autant que nous allons doubler le nombre de parcs ou d’éoliennes. Les technologies évoluant rapidement dans le secteur, nous misons beaucoup sur le repowering, une opération qui consiste à remplacer d’anciennes infrastructures (des pales aux fondations) par des éoliennes de nouvelle génération, plus puissantes. C’est ce que nous avons fait l’année dernière dans notre parc le plus ancien, Windpower, inauguré en 1996 et situé dans la commune de Rosport-Mompach. Une nouvelle éolienne y a remplacé quatre anciennes et va produire à elle seule trois fois plus d’énergie que les précédentes. Ainsi, même avec une diminution du nombre d’éoliennes, nous pouvons produire davantage d’énergie. C’est pourquoi nous entendons continuer sur cette lancée et travaillons au repowering de trois autres parcs. Six nouvelles éoliennes se substitueront à treize anciennes et permettront malgré tout de doubler la production.
Nous avons pour objectif de doubler notre production d’ici 2025 sans nécessairement doubler le nombre d’éoliennes ou de parcs
Au-delà du repowering, nous développons également de tout nouveaux projets. Grâce à cette nouvelle génération d’éoliennes, nous pouvons désormais envisager d’établir des sites rentables au Sud, à l’Est et à l’Ouest. C’est ainsi que nous avons construit un parc de deux éoliennes à Garnich l’an dernier. Aujourd’hui, nous attendons, entre autres, les autorisations pour les parcs Sudwand, Duelem et Aerenzdall et sommes en cours de développement d’autres projets de parcs, tous à des stades différents. Nous nous apprêtons également à construire une éolienne à Tandel-Veianen dont les travaux devraient se terminer en 2022.
Soler S.A. – an SEO and Enovos jointventure
2, rue Pierre d’Aspelt
L-1142 Luxembourg
www.soler.lu