MARIO CUCINELLA, L’ARCHITECTE HUMANISTE

L’architecte italien Mario Cucinella se présente comme le digne successeur des bâtisseurs de la Renaissance. Sa vision d’une esthétique moderne s’allie avant tout à l’Homme qui se trouve au centre de ses créations architecturales. A 58 ans, cet architecte humaniste se pose en tant que leader dans le domaine de la durabilité et dans l’élaboration du concept d’empathie créative. Rencontre.

Genèse d’un architecte novateur

Le travail novateur, imprégné d’humanisme de Mario Cucinella est un franc succès depuis un peu plus d’une trentaine d’années et ce résultat n’est autre que le fruit d’un parcours universitaire et professionnel aussi riche que varié. Le natif de Palerme obtient son diplôme en architecture à l’Université de Gênes en 1986 à l’âge de 26 ans sous la tutelle du professeur Giancarlo de Carlo, lauréat de la médaille d’or décernée par le Royal Institute of British Architects (RIBA) en 1993.

De 1987 à 1992, le jeune architecte parfait ses gammes avec Renzo Piano (Prix Pritzker en 1998) dans son atelier Renzeo Piano Building, d’abord à Gênes puis à Paris. C’est dans la capitale française que Mario Cucinella fonde son propre cabinet « Mario Cucinella Architects » la même année, en 1992, où il exerce encore aujourd’hui. Entouré par une équipe de 50 personnes composée d’architectes, d’ingénieurs et d’experts en développement durable, Mario Cucinella peut enfin laisser libre cours à son imagination et concevoir des projets qui s’inscrivent de plein pied dans le développement durable ou encore dans une philosophie résolument tournée vers le respect de l’environnement.

Promouvoir le développement durable à travers l’architecture urbaine

Une philosophie humaniste et durable…

Cette quête permanente de l’harmonie a mené l’architecte de 58 ans à entamer un travail de transformation en architecture civile, commerciale, éducative et sanitaire ainsi qu’en design urbain non seulement en Italie; mais également en Algérie, en Chine, au Ghana, en Palestine et dans de nombreux autres lieux. Au cœur des travaux et des recherches de Mario Cucinella, on peut y distinguer l’excellence dans la conception globale, la durabilité appliquée au bâtiment et l’utilisation rationnelle des ressources. Tous ses travaux soulignent l’impact positif à long terme que chaque bâtiment devrait avoir sur l’environnement et sur sa régénération naturelle, sociale, économique, urbaine,… pour enfin arriver au thème central de son travail si cher à son coeur : l’économie circulaire. Travaillant aux côtés des clients et des communautés, Mario Cucinella encourage depuis toujours l’adoption d’un langage architectural capable d’exprimer la beauté, la richesse et ainsi sublimer les ressources des cultures locales.

Car oui, l’engagement environnemental fait partie intégrante de la vie et du travail de Mario Cucinella. En 2012, l’architecte sicilien fonde Building Green Future (BGF). Cette organisation à but non lucratif a pour objectif de promouvoir le développement durable à travers l’architecture urbaine et la régénération. Sa mission principale ? Créer un écosystème capable d’intégrer les technologies et le background culturel dans un seul et unique but : améliorer les conditions de vie et faciliter l’accès aux ressources disponibles dans les pays en développement. L’exemple le plus représentatif du Building Green Future se trouve à Gaza avec la création de l’école du Koweït, développée en collaboration avec l’ONU. Plus localement, Mario Cucinella collabore depuis 2014 avec Renzo Piano sur le projet G214, celui-ci vise à réhabiliter la banlieue italienne.

Fidèle à ses convictions, l’architecte italien est à l’origine de la création de la « School of Sustainability » en 2015 qui propose un programme pluridisciplinaire de troisième cycle basé à Bologne. Cette école et ses enseignements sont marqués par les concepts développés par le natif de Palerme. Conçue comme une expérience intégrée d’enseignement, elle combine la recherche et la pratique afin de créer une véritable culture des méthodes de durabilité et donc de partager une vision commune de l’avenir au sujet des villes de demain. Cette école de la durabilité devient un
lieu d’échanges et de connaissances entre les industries de la construction, l’architecture et le domaine public.

Egalement directeur du comité scientifique PLEA (Passive and Low Energy Architecture), Mario Cucinella a déjà organisé plusieurs programmes de reconstruction. Comme dans la ville de Bologne qui avait été frappée par de terribles tremblements de terre en 2012 ou encore à Camerino et ses environs.

…pour un travail mondialement reconnu

De tels projets prouvent que les connaissances, la vision et l’expérience de
Mario Cucinella sont reconnues à l’échelle internationale. Et pour cause, il entretient des relations avec différentes universités prestigieuses telles que la faculté d’architecture de l’université de Ferrare, l’université de Nottingham au Royaume-Uni en tant que professeur invité en technologies émergentes à Munich en Allemagne ou encore la faculté Federico II de Naples. Ses cours et ses présentations dans le monde entier impactent les mentalités et les visions concernant l’environnement. Tous s’accordent à dire que ses discours et ses conférences sont une source d’inspiration pour les leaders de demain.

« Lorsque l’on imagine des bâtiments durables, cela signifie entrer dans cette relation intime qui lie le climat, l’histoire et le concept du lieu. La difficulté ? Imaginer et combiner des bâtiments dotés d’un minimum de technologies visibles, de nouveaux matériaux plus durables,… avec la beauté et l’esthétique architecturale. Finalement tout cela s’inscrit dans le concept d’économie circulaire. Ce processus reproduit la complexité de la nature, il doit être capable de la préserver d’une artificialité mécanique. Ce qui permet aux bâtiments de se rapprocher davantage de l’empathie créative ». Tel est le concept architectural que défend Mario Cucinella, lauréat de nombreux concours et actuellement commissaire du pavillon italien à la 16e exposition internationale d’architecture de la Biennale de Venise.