Mondorf-les-Bains, un vélodrome sur un socle végétalisé
Conçu par l’association d’architectes Metaform-Mecanoo, dont Metaform est le mandataire, le projet du vélodrome de Mondorf-les-Bains est un joyau architectural. Eric Vallenet, architecte responsable de ce projet au sein du bureau Metaform, revient avec nous sur la genèse d’un projet emblématique qui revendique, à travers la pureté du trait, son engagement environnemental et écologique.
Le vélodrome de Mondorf-les-Bains est un vaste projet, pouvez-vous nous le présenter brièvement?
Le projet du vélodrome découle de la volonté du gouvernement et de l’administration communale de Mondorf-les-Bains de créer une zone d’équipements publics dédiée à l’éducation et aux sports, en limite de la commune de Mondorf-les-Bains, sur le site Greimelter. Celle-ci sera dotée dans un premier temps d’un complexe sportif dont l’avant-projet vient d’être achevé, puis complétée par la construction d’un lycée dont les études ont démarré, ces deux projets étant complémentaires.
D’une surface brute de 27 000 m2, le complexe sportif est un bâtiment compact d’environ 130 m de côté et totalement intégré dans le paysage avec la végétation qui rejoint les toitures vertes inclinées.
Le projet se caractérise à la fois par une intégration douce à la topographie et à l’environnement «naturel» du site et par un volume sculptural qui survole un socle végétalisé
Le vélodrome n’en est que la partie émergée, car un centre aquatique, un hall de sport avec trois terrains de tennis et ses vestiaires ainsi qu’un mur d’escalade se fondent sous ces toitures vertes qui forment le socle végétal du projet. Un bandeau en béton armé teinté souligne ce socle tout en formant un généreux auvent qui marque l’accès principal donnant sur une large place.
Lors de la sélection, le jury a été unanime: votre projet répond parfaitement au cahier des charges, notamment dans sa dimension environnementale et écologique.
Le terrain se prête parfaitement à la réalisation de notre vision environnementale de ce projet. Chacun des trois étages est accessible directement depuis l’extérieur par une intégration douce à la pente naturelle du terrain. Ce projet compact et partiellement enterré répond ainsi aux exigences énergétiques élevées. Une centrale énergétique indépendante, équipée de pompes à chaleur air-eau, produit un chauffage à basse température nécessaire pour le complexe sportif et le futur lycée. Il avait été envisagé d’avoir recours à la géothermie par un sondage en très grande profondeur mais c’était un procédé complexe et couteux à mettre en œuvre. La toiture du vélodrome sera recouverte de 2 500 panneaux photovoltaïques de 340 watts qui pourront couvrir une partie des besoins du projet.
Le site nécessitant un grand nombre de places de stationnement, un parking écologique et paysagé est aménagé avec 400 places. Une centaine d’arbres et des sols perméables y permettent une évacuation diffuse des eaux de ruissellement. Le PAP, dont fait partie le projet du vélodrome, s’étend sur une surface de plus 26 ha. Il est composé de trois lots dont un est consacré à la renaturation de la rivière qui longe la route de Remich. C’est un projet séparé en compensation de la réalisation de l’autoroute qui complète la dimension environnementale de l’ensemble du site.
Le projet vélodrome a ses propres spécificités, comment l’avez-vous abordé?
Le vélodrome est un projet unique non seulement au Luxembourg mais probablement dans la Grande Région. Aux normes internationales, il sera doté d’une piste en bois longue de 250 m, avec des pentes qui peuvent atteindre 42 degrés. Il y a très peu de fournisseurs en Europe pour ce genre de réalisation. La partie centrale (in field) servira de terrain de sport pour le futur lycée et pour l’organisation d’événements sportifs. Le vélodrome possède, en outre, des gradins d’une capacité d’accueil de 1 000 places assises. L’édifice fait 81 m de large sur 117 m de long. Sa forme ovale caractéristique est mise en valeur, posée sur son socle de verdure.
Le vélodrome n’est que la partie émergée du projet, car un centre aquatique, un hall de sport et un mur d’escalade se fondent sous ses toitures vertes
La coordination des différents intervenants, futurs usagers et experts, est primordiale. Nous sommes bien sûr à l’écoute des besoins de la Fédération du Sport Cycliste Luxembourgeois, des exigences de l’Union Cycliste Internationale, et de toutes sortes de contraintes comme celles liées à la piste en bois, à l’acoustique, à la sécurité incendie, etc. C’est pourquoi ce projet ambitieux est entouré d’experts travaillant en étroite collaboration.
À un certain moment, la presse locale a fait écho de problèmes liés à la toiture, qu’en est-il?
Ce n’est pas un problème à proprement parler. Pour des raisons techniques et en tenant compte de la complexité du vélodrome, nous avons opté pour une charpente métallique qui allie légèreté et solidité. C’est également un choix économique eu égard au contexte actuel. Il faut savoir qu’entre un concours et l’exécution d’un projet, il y a toujours des évolutions à prendre en compte.
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec votre partenaire Mecanoo?
Mecanoo est un bureau d’architectes néerlandais de renommée internationale qui a de l’expérience au Luxembourg et un savoir-faire indéniable. La collaboration a été effective aussi bien dans la phase concours que dans la phase étude, nous partageons la même philosophie. En tant que mandataire, nous organisons la coordination du projet avec l’ensemble des intervenants ainsi que la répartition des tâches avec notre partenaire.
Aujourd’hui, nous avons franchi ensemble deux étapes, à savoir l’avant-projet sommaire et l’avant-projet détaillé. La charge de travail a été équitablement répartie: le bureau Mecanoo a davantage travaillé sur l’enveloppe du bâtiment et le centre aquatique et nous nous sommes plutôt consacrés à la conception des aménagements intérieurs et extérieurs. Cette collaboration va se prolonger pendant l’exécution du projet avec des tâches bien définies.
Le projet a pris du retard et la phase d’exécution n’a pas encore commencé.
Les études d’avant-projet ont été remises à la commune et nous attendons le feu vert pour commencer le projet d’exécution. Ce projet très complexe doit satisfaire l’ensemble des intervenants: l’administration communale de Mondorf-les-Bains qui est le maître de l’ouvrage, les ministères des Sports, de l’Éducation et des Finances ou encore l’administration des bâtiments publics.
Des études complémentaires doivent être menées parallèlement comme les fouilles archéologiques qui ont été réalisées sur de grandes étendues, ainsi que des études environnementales exigeantes concernant la faune et la flore. De tels projets prennent beaucoup de temps surtout sur un site de plus de 26 hectares.
Comment pourrait-on définir le style Metaform à travers le projet du vélodrome?
Je ne sais pas si nous pouvons parler d’un style Metaform. Nous tenons à apporter de nouvelles façons d’aborder l’architecture au Luxembourg. Notre bureau est composé d’architectes de nombreuses nationalités toujours à l’affût de nouveautés, puisant leur inspiration au Grand-Duché et en dehors de nos frontières. En cela la coopération avec nos partenaires néerlandais Mecanoo est importante.
Pour revenir au vélodrome, notre objectif a été de réaliser un projet qui se caractérise à la fois par une intégration douce à la topographie et à l’environnement «naturel» du site et par un volume sculptural, celui du vélodrome, qui survole un socle végétalisé. Ce qui a semblé faire l’unanimité.
Par R. Hatira