NOUVEAU CAP STRATÉGIQUE POUR LE TECHNOPORT

Au cours de ces 21 dernières années, le Technoport n’a eu de cesse de se réinventer et de diversifier ses activités et a ainsi dynamisé le marché par les différentes initiatives qu’il y a lancées. Souhaitant aujourd’hui focaliser ses efforts sur son coeur de métier, à savoir l’accompagnement de startups, l’incubateur met en place des changements stratégiques dans le but de se développer dans des secteurs d’activité comme le spatial, la mobilité et les sciences de la vie. Explications avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.

Quelle a été l’évolution du Technoport jusqu’à aujourd’hui ?

Lors de sa création en 1998, le Technoport faisait partie d’un Centre de Recherche Publique (le CRP Henri Tudor). Notre objectif principal était alors de créer un lien entre la recherche publique et les entrepreneurs actifs dans des domaines technologiques et innovants. En tant que premier incubateur du pays, nous sommes apparus à une époque où on parlait beaucoup moins de valorisation de la recherche via la création de spin-offs. Notre angle d’approche était dès lors plus orienté vers l’entrepreneuriat externe.

Nous nous sommes ensuite développés petit à petit et ce n’est qu’en 2012, lorsque nous avons quitté le CRP Henri Tudor et fusionné avec Ecostart – autre initiative supportée par le gouvernement – que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement avec des modèles de fonctionnement et de financement nouveaux. L’idée était de se repositionner au sein du monde des incubateurs qui se développait partout en Europe en trouvant un modèle plus innovant. Nous avons alors développé toute une série d’initiatives, souvent avant-gardistes pour le Luxembourg, comme l’organisation des premiers hackathons, le lancement du coworking, du FabLab, ou de services comme les living labs et le Digital Experience Studio.

Toutes ces initiatives ont été lancées en tenant compte de l’impact qu’elles pouvaient avoir sur nos startups. Le dernier grand projet que nous avons implémenté en ce sens est « Tomorrow Street », une joint-venture avec Vodafone Procurement Company qui cible les startups plus matures en les accompagnant dans leur phase de croissance.

Mais il faut aussi reconnaître que l’écosystème a beaucoup évolué depuis avec l’émergence d’autres initiatives autour de l’incubation de startups, initiatives portées par des structures privées ou semi- publiques. Ces évolutions s’accompagnent d’une plus forte implication d’entreprises établies dans l’écosystème gravitant autour des startups et de l’innovation.

Quels sont les changements stratégiques qui impactent actuellement votre structure ?

Partant du constat précédent, nous avons fait un exercice de repositionnement stratégique afin de recadrer notre champ d’action. Il nous semble particulièrement important de nous remettre régulièrement en question de cette façon pour conserver un avantage compétitif par rapport à ce qui se fait ailleurs au Luxembourg, mais aussi à l’international. Nous estimons en effet que notre rôle est entre autres celui d’un laboratoire où l’on teste de nouveaux concepts pour ensuite potentiellement les transférer une fois maturés.

C’est ce qui nous avait déjà poussés à transférer l’organisation de plusieurs activités comme certains hackathons thématiques à des partenaires dont c’était davantage le cœur de métier.

Lorsque nous nous sommes lancés dans le coworking, il s’agissait d’une activité relativement nouvelle au Luxembourg et nous étions intéressés d’en explorer les avantages pour nos entreprises. Aujourd’hui, cette activité connait une véritable envolée avec une multitude d’acteurs sur le marché. Observant cela, nous avons décidé de nous retirer de ce segment et d’arrêter le coworking pour fin 2019.

Pour le FabLab l’analyse est un peu différente. Ce laboratoire de prototypage rapide a été créé en 2013 et, deux ans plus tard, nous avons décidé d’élargir la gamme d’outils mise à disposition des utilisateurs et avons déménagé au 1535° à Differdange. Aujourd’hui, le FabLab est une des structures les mieux équipées dans la Grande Région, proposant du prototypage rapide à partir des trois techniques de fabrication numériques (additives, soustractives et formatives). Nous avons été les initiateurs de ce concept mais avons constaté atteindre nos limites de développement. Il n’a jamais été question de fermer le laboratoire, mais toujours de trouver un partenaire qui pouvait le reprendre et l’aider à évoluer. Je suis ravi que nous ayons trouvé le partenaire idéal avec le Lycée des Arts et Métiers (LAM). Le LAM reprendra l’activité dans l’objectif de rapprocher le monde du travail à celui de l’éducation, tout en conservant sa fonction de plateforme de prototypage libre et ouverte. Ce partenariat nous permettra en outre de continuer à faire appel à ses compétences pour la réalisation de projets d’entreprises qui seront hébergées chez nous.

Ces deux décisions stratégiques nous permettront de développer des nouvelles initiatives autour du soutien à la création et au développement d’entreprises technologiques et innovantes au Luxembourg.

Etre un laboratoire où l’on teste de nouveaux concepts et services pour favoriser l’innovation technologique

Comment entendez-vous développer vos activités dans le domaine de l’incubation ?

Nous travaillerons autour de nouveaux services et de certains segments spécifiques. En tant qu’incubateur générique, nous avons jusqu’ici hébergé 153 entreprises, dont 72 sont sorties et 40 sont toujours hébergées au Technoport. Parmi les 72 il y en a 18 qui ont été rachetées. Ces entreprises œuvrent dans des domaines variés comme l’environnement, les matériaux, l’industrie, les logiciels B2B ou B2C, l’ICT,…

Il est important pour nous de maintenir notre position de référence dans le domaine du soutien à la création d’entreprises technologiques et innovantes. Nous voulons pour cela rester un incubateur générique tout en approfondissant quelques verticaux qui répondent aussi aux stratégies gouvernementales afin de créer des synergies à ce niveau. Pour cela nous étudions actuellement comment développer davantage certains axes comme le spatial, les sciences de la vie et le domaine de la mobilité en lien avec le campus à Bissen.

Nous ne changerons toutefois pas notre philosophie et continuerons à jouer notre rôle de laboratoire pour initier, tester et maturer des nouveaux concepts et services.

Technoport SA
9, avenue des Hauts-Fourneaux
L-4362 Esch-sur-Alzette
www.technoport.lu

Photo: © Marie De Decker