Transition énergétique: sur le chemin de l’acceptation

C’est une véritable révolution qui est en marche sur le marché de l’énergie. (Trop) lente au démarrage, la transition s’accélère aujourd’hui à mesure que s’enchaînent les crises et que se rapprochent les échéances des divers plans et politiques qui visent à nous affranchir des énergies fossiles. Pourtant, des réticences pratico-pratiques et des questionnements plus profonds demeurent. Pour les balayer, Eurosolar Lëtzebuerg, mise sur la communication auprès des jeunes, grâce au projet «Solar@School», et des moins jeunes, via toutes sortes de canaux. Paul Zens, président de l’asbl, nous explique comment l’acceptation passe par la compréhension.

Des craintes et questionnements…

Comme toute évolution majeure, la transition énergétique pose question et fait naître certaines réticences. En premier lieu: une crainte sur la performance des nouveaux systèmes. «La principale inquiétude de la population est simplement de savoir si cela fonctionne. Avant tout, les gens veulent être assurés que lorsqu’ils appuieront sur leur interrupteur, le courant passera toujours», indique Paul Zens.

Au-delà de ces considérations pratico-pratiques émergent aussi des questionnements quant à la durabilité réelle des nouvelles formes d’énergie par rapport aux énergies fossiles et nucléaire. «L’argument qui motive la transition est le caractère nocif et polluant de ces dernières. Cette prise de conscience appelle logiquement la question suivante: les nouvelles énergies, dites renouvelables, sont-elles réellement plus vertes et inoffensives? C’est une interrogation tout à fait légitime à laquelle il faut apporter une réponse et des explications. La question de l’extraction du lithium utilisé dans la production des batteries, entre autres, est alors systématiquement soulevée. Bien sûr, ces conditions d’extraction ont un impact; il ne s’agit en aucun cas de le nier, mais de comprendre que cet impact est moindre. Les réels détracteurs de la transition énergétique – ceux qui ont beaucoup à perdre à la voir réussir – exagèrent sans aucun doute les aspects négatifs des énergies renouvelables, mais la majorité de la population est favorable à la transition et souhaite même qu’elle soit équitable et juste, à condition de bénéficier de repères stables autour desquels elle peut organiser sa vie quotidienne», analyse Paul Zens.

… balayés par une communication véridique, authentique et exacte

Pour susciter l’adhésion, Paul Zens en est convaincu, il faut rassurer le grand public et lui démontrer les bénéfices qu’il pourrait tirer de la transition énergétique. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été largement mis en lumière par la conjoncture actuelle. «Depuis l’invasion russe en Ukraine, il est clair qu’opter pour les énergies renouvelables revient à renoncer à soutenir des régimes oligarchiques et antidémocratiques. C’est aussi une manière de se protéger des mouvements boursiers qui sont le fait de quelques investisseurs qui tiennent les ficelles de la bourse entre leurs mains. L’eau, le vent, le soleil sont des sources d’énergie gratuites et, qui plus est, complémentaires, ce qui doit achever de rassurer les plus inquiets quant au bon fonctionnement de la production. Les progrès réalisés dernièrement dans le domaine du stockage doivent aussi être mis en lumière pour rassurer».

Rassurer le grand public et démontrer les bénéfices de la transition énergétique

La communication sur tous ces sujets est le cheval de bataille de l’asbl qui espère, par ce biais, encourager la participation active du grand public à la transition énergétique. L’enjeu pour y parvenir: utiliser le bon ton. «Certains militants écologistes qui, par sentiment d’avoir épuisé les méthodes conventionnelles, recourent à des actions de désobéissance civile «spectaculaires» trouvent en effet un certain écho dans les médias, mais suscitent beaucoup de réactions négatives qui peuvent desservir notre cause. Mais que faire? Évoquer des scénarios apocalyptiques? Traiter le sujet de manière purement technique? S’il n’est pas évident de trouver le bon narratif, nous sommes convaincus, chez Eurosolar, que le message passera par une communication véridique, authentique et exacte, ainsi que par la répétition», déclare le président de l’asbl.

Paul Zens et Pauline van Dongen

Articles de presse, podcasts, événements… Eurosolar Lëtzebuerg multiplie les canaux pour informer et éduquer le grand public. Dernièrement, elle a également sponsorisé l’intervention de Pauline van Dongen au European Design Festival qui s’est tenu pour la première fois au Luxembourg. La designer et chercheuse est pionnière dans la création de vêtements et de textiles solaires depuis 2013. «Nous avons décidé de soutenir son intervention car le design a un impact très important à divers niveaux, du point de vue fonctionnel en premier lieu, mais pas seulement. Le design intelligent nous intéresse également dans la mesure où il doit permettre de récupérer le plus de ressources possibles et de passer d’un usage linéaire des ressources à une utilisation circulaire. Enfin, le design purement esthétique a également son importance pour faire accepter certaines installations», précise Paul Zens.

Pour des perspectives d’avenir lumineuses

Afin de remplir sa mission de sensibilisation auprès des citoyens de tous âges, Eurosolar Lëtzebuerg s’est lancé un nouveau défi: celui de s’adresser aux plus jeunes en réinventant le projet «Jugendsolar» initié à l’origine par Greenpeace Luxembourg. «Désormais rebaptisé «Solar@School», l’initiative a été reprise mais aussi étendue pour non seulement sensibiliser les jeunes aux enjeux de la crise climatique, les rendre attentifs au potentiel des énergies renouvelables, notamment du photovoltaïque, mais aussi les encadrer pour leur donner l’envie de faire leurs études dans les nouvelles énergies et les technologies du futur. Ce secteur offre des possibilités d’emploi variées où chacun pourra trouver sa place, quel que soit le niveau d’études auquel il entend prétendre, du DAP au diplôme d’ingénieur», explique le président d’Eurosolar Lëtzebuerg.

La première édition de l’événement a eu lieu à l’École internationale Mersch Anne Beffort (l’EIMAB). Les élèves ont pu mettre la main à la pâte et installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’établissement grâce aux conseils du fournisseur du matériel et à un précieux coup de main de Claude Turmes, ministre de l’Énergie. Suite à ce premier succès, l’asbl souhaite s’entourer de quelques partenaires clés pour développer son nouveau projet.

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