La déforestation a augmenté de 150% durant la pandémie de Covid-19
A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement (5 juin), le WWF tire la sonnette d’alarme. Selon une nouvelle analyse, la destruction des forêts tropicales a augmenté de 150% au mois de mars alors que la Covid-19 se propageait dans le monde. Le WWF a étudié les données satellites de 18 pays. Résultat : 645.000 hectares de forêts tropicales ont été détruits en mars, soit 40 fois la superficie de Bruxelles ! Les forêts d’Indonésie ont payé le plus lourd tribut avec une perte de 130.000 hectares, suivies des forêts de la République démocratique du Congo (100.000 hectares) et de celles du Brésil (95.000 hectares). De nombreux éléments indiquent que la pandémie aggrave la destruction des forêts.
De nombreux éléments indiquent que la pandémie de Covid-19 aggrave la destruction des forêts. « En Asie du Sud-Est, la période de lock down a contraint les gouvernements de nombreux pays à être moins actifs à la surveillance et la gestion des forêts. La présence de la police et des éco-gardes a diminué sur le terrain, ce qui encourage l’abattage illégal et le pillage d’autres ressources », explique Thibault Ledecq, Forest Regional Coordinator dans la Région du Mékong.
La recherche du profit n’est pas la seule explication à la destruction de l’environnement durant la pandémie de Covid-19. Dans de nombreux endroits, la baisse des revenus a plongé les populations dans une situation difficile. Dans le bassin du Congo, le commerce légal du bois est à l’arrêt. D’ordinaire, une part importante des produits du bois est exportée vers la Chine et le Viet Nam. Cette route commerciale est désormais interrompue puisque la pandémie de Covid-19 a engendré la fermeture des ports. En conséquence, les forêts ont soudainement perdu de leur valeur et le risque de conversion des forêts a augmenté. En Asie, dans la région du Mékong, la Covid-19 a poussé les populations à retourner dans les villages. Chey Koulang, Manager au WWF-Cambodge : « Les revenus des populations locales provenant du tourisme et de la vente de produits forestiers tels que le miel, les noix et les baies ont baissé. La production d’artisanat du rotin et du bambou a chuté de 50%. Certains producteurs modifient leurs sources de revenus en allant dans les forêts pour récolter le bois et d’autres produits, ce qui accentue la pression sur la conservation de la biodiversité. »
L’Europe doit se rendre d’urgence au chevet des forêts
La protection et restauration des forêts mondiales est la responsabilité de toute la communauté internationale. Une nature intacte est un rempart contre les maladies. Sans action urgente, la Covid-19 pourrait être un avant-goût des crises sanitaires à venir. Nous savons maintenant que de nombreuses maladies infectieuses sont directement liées à la destruction des forêts et de la biodiversité. Pour l’Europe, il est urgent de soutenir les pays en développement et émergents à protéger leurs forêts par une meilleure application des lois mais aussi le développement de revenus alternatifs pour répondre aux problèmes sociaux qui sont à la racine de la déforestation. Il est d’autant plus urgent d’agir sur les relations commerciales internationales et de mettre en place des normes sociales et environnementales plus efficaces et plus contraignantes, notamment pour les chaînes d’approvisionnement sans déforestation.
L’Union européenne a une responsabilité particulière à cet égard car elle est le plus grand importateur mondial de denrées liées à la déforestation. Notre étude sur la déforestation importée publiée en 2019 montre que la Belgique est fortement impliquée dans la destruction des forêts tropicales. Une surface agricole de 10,4 millions d’hectares (plus de 3 fois la superficie de la Belgique) est nécessaire pour satisfaire notre demande en bois, soja, cacao, bœuf et cuir, huile de palme, café et caoutchouc. Or, 40% de cette surface se situe dans des pays où les forêts tropicales sont détruites à grande vitesse. Actuellement, la Commission européenne étudie des mesures pour garantir que les produits sur le marché de l’UE soient exempts de déforestation. Selon sa stratégie « Biodiversité 2030 » présentée le 20 mai, elle proposera une loi à cet effet en 2021. Le WWF appelle la Belgique à soutenir cette future loi.
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Les forêts sont essentielles à la vie sur Terre. Notre santé et notre futur en dépendent. Le WWF est convaincu que l’homme et la nature peuvent vivre en harmonie. Le changement est possible mais nous ne pouvons pas y arriver seuls. Aidez-vous à protéger notre planète. Votre soutien nous permettra de poursuivre notre travail.
Informations complémentaires à propos de l’analyse des données satellites
Pour l’analyse « Forest Loss in Times of Corona Pandemic – Forest Exploitation in the Tropics », le WWF a évalué des données satellites afin de déterminer la déforestation dans 18 pays tropicaux – six en Afrique (République centrafricaine, Cameroun, République démocratique du Congo, République du Congo, Kenya, Tanzanie), six en Asie (Chine, Indonésie, Cambodge, Myanmar, Malaisie, Thaïlande) et six en Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Colombie, Pérou, Paraguay). Les chiffres de la déforestation de mars 2020 ont été comparés à ceux de la déforestation moyenne du même mois des années 2017, 2018 et 2019. Les données sont tirées de la base de données « GLAD primary humid tropical forest alert » de l’Université du Maryland et s’appuient sur des images satellites Landsat.
Communiqué par WWF-Belgium
Photo: © Brent Stirton / Getty Images