COP26 : un clap de fin décevant, mais qui laisse une étroite fenêtre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C
« Nous sommes venu·es à Glasgow en espérant que les dirigeant·es de la planète s’accordent pour opérer un changement radical dans le rythme et l’échelle de l’action climatique. Bien que nous n’ayons pas obtenu ce changement radical et que le pacte final est loin d’être parfait, nous avançons dans la bonne direction », estime le WWF.
Les gouvernements devaient progresser dans la résolution de lacunes majeures dans les objectifs de réduction des émissions, dans les mesures pour mettre en œuvre et surveiller les progrès, ainsi que dans le financement de l’action climatique nécessaire pour mettre le monde sur la voie d’un avenir plus sûr. La COP26 s’est achevée ce samedi avec des décisions faibles dans un certain nombre de domaines importants, notamment l’adaptation au changement climatique, les pertes et dommages qu’il engendre et le financement climatique. Il existe toutefois quelques points importants dans le texte qui permettent aux pays d’augmenter leur ambition climatique à court terme et de mettre en œuvre des politiques climatiques contraignantes.
Manuel Pulgar-Vidal, directeur international Climat et Energie au WWF, déclare : « Nous devons reconnaitre que des progrès ont été réalisés. Il existe désormais de nouvelles opportunités pour que les pays mettent en œuvre ce qu’ils savent qu’ils doivent faire pour éviter une catastrophe climatique. Mais à moins qu’ils ne s’orientent rapidement vers la mise en œuvre et montrent des résultats substantiels, leur crédibilité continuera à être mise en doute ».
Mention des subventions aux combustibles fossiles
Cette COP signe la première mention, dans un texte de décision approuvé, des subventions aux combustibles fossiles, ainsi que la reconnaissance de la nécessité d’augmenter les investissements dans les énergies renouvelables tout en assurant une transition juste. Le premier projet de texte a été positivement accueilli. Mais nous avons été profondément déçus par la façon dont les termes ont été affaiblis en passant de « sortie du charbon » à « diminution du charbon », et ce par un unique pays, l’Inde. Le WWF souligne qu’une position ferme ainsi que des délais et des moyens pour opérationnaliser la sortie du charbon sont indispensables si nous voulons réaliser la transition nécessaire hors de tous les combustibles fossiles. Les pays savent que la crise climatique ne pourra être résolue à moins que nous n’observions une décarbonisation profonde dans tous les secteurs, des actions concrètes pour arrêter la perte de nature, et une restauration de cette dernière à grande échelle.
Manuel Pulgar Vidal ajoute : « L’appel à une augmentation à court terme des engagements climatiques d’ici 2022 est bien accueilli par le WWF. Nous sommes en pleine urgence climatique, et nous sommes toujours sur la voie d’un réchauffement bien supérieur à 2°C selon des analyses récentes, un avenir qui sera catastrophique pour des millions de personnes et pour la nature. Les pays doivent réaliser collectivement des réductions de 50 % des émissions de CO2 d’ici 2030 et mettre en œuvre ce mécanisme d’accélération en 2022 avec un objectif de 1,5 °C en tête ».
Le rôle essentiel de la nature reconnu
Il est important de souligner que le texte final reconnaît le rôle essentiel de la nature dans la réalisation de l’objectif de 1,5 °C, encourage les gouvernements à intégrer la nature dans leurs plans climatiques nationaux et établit un dialogue annuel sur les océans pour des actions d’atténuation et d’adaptation basées sur les océans. « La nature est vraiment arrivée à la COP26. Les dirigeants reconnaissent enfin que l’action pour protéger et restaurer la nature doit être au cœur de notre réponse à la crise climatique, parallèlement à une transformation complète du système énergétique. La reconnaissance par la COP26 du rôle de la nature doit catalyser tous les pays pour augmenter la contribution de la nature dans leurs plans climatiques nationaux », ajoute Manuel Pulgar-Vidal.
Inclure les solutions fondées sur la nature dans le prochain accord
Le WWF insiste sur le fait que les solutions fondées sur la nature permettent aux plus vulnérables d’être plus résilients et rendent possible la réalisation des objectifs de développement durable. Tout cela doit être fait avec les garant·es de la nature au niveau local, en particulier les peuples autochtones et les communautés locales, à l’avant-plan de ce programme. Le concept de solutions basées sur la nature a été retiré du texte final à Glasgow et doit être repris lors du prochain sommet climatique, la COP27, qui se tiendra à Sharm El-Cheikh.
Accélérer l’action climatique des acteurs non étatiques
Le texte a également reconnu le rôle que le Partenariat de Marrakech a joué dans l’accélération de l’action climatique des acteurs non étatiques (villes, gouvernements infranationaux, institutions financières et entreprises), qui ont montré que cela était non seulement possible, mais souhaitable. Un autre point qui est clairement apparu cette semaine est la demande de crédibilité de la part des citoyen·nes, avec la mise sur pied par le secrétaire général de l’ONU António Guterres d’un groupe d’expert·es de haut niveau pour clarifier les demandes de réduction des émissions des entreprises. Le WWF est fermement convaincu que tous les engagements climatiques doivent suivre cinq principes fondamentaux : de réelles réductions absolues des émissions de gaz à effet de serre ; des objectifs alignés sur la science et qui s’étendent à tous les niveaux de la chaîne de valeur ; adopter une approche fondée sur les droits et, enfin, faire l’objet d’un suivi, d’un rapport et d’une vérification dans ces démarches.
Pour le WWF, maintenir le réchauffement global de la planète en-dessous d’1,5°C est toujours possible, si nous nous appuyons sur cette dynamique et intensifions la réponse mondiale à la crise climatique. Mais la fenêtre se referme rapidement, il est donc temps pour les dirigeant·es du monde entier de tenir toutes leurs promesses pour garantir l’avenir que nous voulons et méritons toutes et tous.
Communiqué par la WWF