L’écomobilité en entreprise, mode d’emploi
Tous les ans, la Semaine européenne de la mobilité encourage les citoyens à donner leur chance aux modes de transport durables. Chaque année, IMS tire profit de l’occasion pour inciter les entreprises à prendre leurs responsabilités concernant les déplacements domicile-travail. Les objectifs ambitieux du Plan national de mobilité 2035 à l’esprit, le réseau leader des sociétés luxembourgeoises actives en matière de développement durable a multiplié les actions pour désengorger les routes en ce mois de septembre. Flash-back avec Laetitia Mitchell et Célia Vadala, Project Managers – Pacte Climat chez IMS.
« Matcher », covoiturer
19 septembre 2024, 12h30. Une trentaine d’automobilistes se sont réunis à Belval pour un speed-meeting destiné à former des groupes de covoitureurs. Initiée par IMS Luxembourg en partenariat avec le LIST, l’Université du Luxembourg, CACEIS et la Ville d’Esch-sur-Alzette, cette action visait à faire sauter les freins au covoiturage en entreprise au sein du 2e pôle économique du pays. « Nous sommes partis d’un double constat – le premier étant que les employeurs peinent à ancrer le covoiturage dans leur stratégie de mobilité et le second que les binômes de covoitureurs ont davantage de chances de se constituer via le bouche-à-oreille et une première rencontre en personne – pour créer un événement qui permettrait de mettre les intéressés en contact en dehors d’une plateforme et de manière ludique. Nous avions la volonté d’impliquer plusieurs organisations d’un même groupe de travail territorial de façon à y renforcer la cohésion, mais aussi à augmenter la probabilité de « matching » entre les automobilistes », explique Célia Vadala.
L’organisation qui se veut source d’inspiration avait aussi pour ambition d’aider les entreprises à s’approprier le sujet. « L’idée est que celles-ci puissent réorganiser des rencontres de ce type en interne, idéalement en parallèle d’un événement propre à leur société qui serait susceptible d’attirer un plus grand nombre de salariés qu’une action sur la mobilité seule », ajoute Laetitia Mitchell.
Une nécessité compte tenu des objectifs fixés par le Plan national de mobilité (PNM) 2035. « En tant que réseau d’entreprises, nous avons identifié la problématique du covoiturage comme étant de notre ressort. Si l’organisation des transports en commun ou le développement des pistes cyclables sont des responsabilités des pouvoirs publics, les entreprises font partie de l’équation lorsqu’il s’agit de s’attaquer au problème épineux des déplacements domicile-travail. 45% de ces derniers se font encore en transport individuel motorisé et on estime à 250.000 le nombre de sièges libres qui pourraient accueillir des passagers quotidiennement. L’un des objectifs phares du PNM 2035 est d’augmenter leur taux d’occupation pour réduire de 5% le nombre de véhicules sur la route entre 2027 et 2035 », poursuit Laetitia Mitchell.
Une stratégie clé en main
Au vu du fort potentiel d’amélioration, IMS a décidé d’éditer une brochure sur le sujet. Complémentaire à son « Guide de l’écomobilité », celle-ci délivre, dans un format court et graphique, des conseils concrets au service des responsables RSE, Mobility Managers, Facility Managers et autres intéressés par la thématique. Ceux-ci y trouveront quelques chiffres sur la problématique, un résumé des avantages et défis du covoiturage pour les entreprises, leurs collaborateurs et le secteur public, des réponses aux principaux freins des salariés, des témoignages d’entreprises et, surtout, une stratégie de mise en place du covoiturage en plusieurs phases. « La première : la réalisation d’un diagnostic quantitatif et qualitatif pour comprendre comment fonctionnent les salariés et quels sont les obstacles à surmonter. Il s’agit ensuite d’élaborer un plan d’action en fixant des objectifs pertinents, définissant les bons leviers et sélectionnant les outils appropriés. Vient ensuite l’étape très importante de communication et de mobilisation des salariés. Enfin, il convient de faire un suivi et une évaluation de cette stratégie », résume Laetitia Mitchell.
Et pour ceux qui n’auraient pas encore feuilleté la brochure disponible en ligne, Célia Vadala rappelle les avantages de se pencher sur la question : « Le premier est la réduction des coûts pour les salariés. En covoiturant tous les jours, ils pourraient économiser en moyenne 2.000 euros par an ! Le covoiturage permet aussi aux entreprises de réduire leur empreinte carbone et d’optimiser leurs parkings en dédiant des places de stationnement à d’autres usages. Il renforce également les liens sociaux et améliore globalement l’ambiance au travail. Enfin, il contribue à réduire le stress lié au trafic ».
Vers un avenir sans voiture ?
Si l’objectif du PNM 2035 est déjà ambitieux, pourquoi ne pas carrément rêver à un monde sans automobile ? C’est ce qu’on s’autorise quelques jours par an lors de la Semaine européenne de la mobilité. Un peu partout sur le Vieux Continent s’organisent, à cette occasion, des journées sans voiture. En plus de la campagne de sensibilisation citoyenne organisée par la Ville de Luxembourg depuis plusieurs années, IMS a lancé, en 2023, ses propres « Car-free Days » en collaboration avec ses membres. Ces 17 et 19 septembre, treize sociétés implantées au Kirchberg et à la Cloche d’Or ont misé sur des alternatives adaptées aux spécificités de leur quartier. « Le Kirchberg représente un grand défi. Globalement, 49% des trajets domicile-travail des résidents sont inférieurs à 5km et c’est typiquement dans ce quartier que l’on peut faire changer les choses en faisant découvrir aux salariés des alternatives douces. S’il est plus complexe de se déplacer à vélo à la Cloche d’Or, les entreprises participantes ont pu mettre l’accent sur le covoiturage et les transports en commun. A posteriori, il semblerait que les participants aient davantage plébiscité la mobilité douce et collective pour effectuer des distances allant de 0 à 10 km. Ceux qui avaient à parcourir entre 11 et 25 km ont plutôt opté pour le covoiturage. Quant aux salariés qui sillonnaient généralement les routes sur plus de 60 km, ils ont choisi les transports en commun et testé de nouvelles lignes de bus ou de train. L’an prochain, nous aimerions mesurer l’impact de l’action sur la qualité de l’air, le nombre de places de parking libérées ou encore le nombre d’individus par véhicule. Nous relèverons le niveau d’ambition progressivement », dévoile Laetitia Mitchell.
« Pour ce faire, nous aimerions progressivement nous inspirer de mesures prises à l’étranger : aménagement de pistes cyclables, meilleure desserte des transports en commun avec introduction de nouvelles lignes de bus ou ferroviaires pour la journée, etc. Cela nécessite de repenser l’espace public et cela ne se fera qu’en renforçant les collaborations avec les communes du pays. Des mesures de ce type, bien que plus complexes à mettre en œuvre, serviraient de vitrine à la mobilité alternative et permettraient à chacun de tester de nouveaux moyens de transport pour qu’à terme – c’est l’objectif ultime – les journées de ce type deviennent notre nouvelle normalité », conclut Célia Vadala.
Par A. Jacob