A L’ORÉE DU DÉPLOIEMENT DE LA 5G

Les contours quant aux champs d’application de la 5G sont multiples. Son déploiement n’impactera pas seulement le secteur des télécommunications mais bien tous les pans de la société. Explications avec Luc Tapella, directeur de l’Institut Luxembourgeois de Régulation (ILR), qui présente ses activités, le rôle de la régulation et les futurs défis liés à la 5G.

Quel est le rôle de l’ILR ?

L’Institut Luxembourgeois de Régulation existe depuis 22 ans. Bien qu’ayant un ministère de tutelle, notre organisme est indépendant sur les plans administratif et financier car il ne dépend pas du budget de l’Etat. Imposée par la Commission européenne, cette indépendance est importante dans notre rôle de régulateur. En créant un environnement équitable grâce à la mise en place de règles et de conditions, nous pouvons introduire la concurrence dans des secteurs autrefois monopolistiques.

Nous avons démarré nos activités avec les télécommunications, un secteur qui s’est libéralisé en 1998. A sa création, l’ILR s’appelait d’ailleurs l’Institut Luxembourgeois des Télécommunications (ILT). Il était nécessaire d’ouvrir la porte à d’autres opérateurs afin de favoriser la concurrence qui caractérise tout marché dynamique et qui permet d’offrir aux consommateurs des services de qualité à des prix raisonnables.

Nous nous sommes ensuite étendus à d’autres secteurs au fil des années : à celui de l’énergie avec le gaz et l’électricité, au secteur postal, à l’aéroportuaire et au ferroviaire ou encore à celui de la gestion et la coordination des fréquences. Depuis juillet dernier, nous avons également développé de nouvelles compétences en matière de cybersécurité.

La 5G attire une multitude de secteurs

Quelle est votre approche ?

Notre rôle principal n’est pas de sanctionner mais bien d’accompagner. Il faut savoir que des lois régissent nos activités et cadrent ainsi notre pouvoir. Nous informons par exemple toujours les opérateurs à propos des prochains règlements. En les impliquant dans les discussions ou les échanges, nous créons un environnement qui leur permet d’être actifs sur le marché.

Nous faisons également partie de certains groupements européens au sein desquels nous défendons les intérêts luxembourgeois. Ce sont aussi des plateformes d’échanges. Nous assistons enfin à beaucoup de conférences et séminaires au Luxembourg et ailleurs pour découvrir les nouveautés et anticiper les futures tendances de développement des marchés, pour créer une régulation dynamique et offrir de nouveaux services. Parmi ces services se trouve la 5G.

Comment l’ILR gère-t-il cette cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile et quels peuvent être ses champs d’application à l’avenir ?

La 5G est attendue pour 2020. Pour le moment, aucune fréquence n’a été attribuée, sauf pour les essais ou les divers projets européens comme 5GCroCo, le site expérimental transfrontalier dédié à la conduite autonome. Nous avons récemment effectué une consultation publique qui a révélé neuf intéressés. L’intérêt et la demande excèdent l’offre actuellement. Un concours ou des enchères seront ainsi organisés pour attribuer les fréquences.

La cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile offre plusieurs avantages. Il sera possible de transmettre un volume de données beaucoup plus élevé. La vitesse sera également impactée. Il se dit que nous passerons de 200 mégabits par seconde avec la 4G, à 1 gigabit par seconde avec la 5G. Le temps de latence sera quant à lui diminué. Ces trois éléments révolutionneront notre société et permettront de créer de nouveaux business models. En plus des opérateurs, la 5G attire une multitude de secteurs : l’industrie, le bâtiment, etc.

L’IoT (Internet of Things) et les nombreux capteurs qui visent à améliorer les processus seront beaucoup plus performants. Sans omettre l’indispensable RGPD (Règlement général sur la protection des données), ces technologies liées à la 5G bouleverseront nos méthodes de travail, nos modes de vie et favoriseront le développement des villes intelligentes de demain.

Favoriser le développement des villes intelligentes de demain

Quels sont les futurs défis de l’ILR ?

Au Luxembourg, nous avons la chance d’avoir un réseau 4G bien couvert et très performant. Les télécommunications, et notamment l’arrivée de la 5G, sont notre grand défi car il faudra définir les obligations des opérateurs.

Les énergies renouvelables sont également en pleine expansion et la gestion des réseaux sera primordiale à l’avenir. Les voitures électriques, le réseau de recharge,… des solutions devront être mises en place à ce niveau.

Conséquence de la digitalisation, le secteur postal a lui aussi beaucoup évolué ces dernières années. De moins en moins de courriers sont envoyés mais de nouveaux challenges ont fait leur apparition, comme le e-commerce ou la distribution de colis.

Par P. Birck
Photo: ©Agence Kapture