Au cœur de l’est : entre nature préservée et projets d’avenir
À l’est du Luxembourg, la commune de Betzdorf se distingue par une identité forte, enracinée dans des traditions et une nature préservée. Entre projets écologiques et innovations locales, elle mise sur le tourisme durable tout en répondant aux défis du logement et du développement des infrastructures. Rencontre avec son bourgmestre, Marc Ries.
Comment définiriez-vous l’identité de l’est du Luxembourg ?
Quand on parle de notre région, on pense immédiatement à la Moselle, ses vignobles et son vin. Mais son identité est bien plus riche et diversifiée. Betzdorf est une commune rurale située juste derrière la Moselle, sans vignobles certes, mais avec des traditions qui lui sont propres. Prenez par exemple la Quetschekiermes, notre fête des prunes, que nous venons de célébrer pour la cinquantième fois. C’est, d’après nos recherches, la plus ancienne de ce genre dans le pays, avec une première édition en 1974.
Les enfants étaient fascinés, c’est une expérience qui les plonge dans l’univers des trains miniatures et ce type d’attraction est rare au Luxembourg
L’est, c’est aussi une forte collaboration entre les communes. Nous travaillons ensemble à travers divers syndicats pour la gestion des déchets, de l’eau ou encore des infrastructures, comme les terrains de tennis que nous partageons avec Mertert et Grevenmacher. Nous coopérons également sur des projets environnementaux, que ce soit avec des communes du centre ou celles de la région. Enfin, l’est ne se limite pas à ses paysages, nous mettons aussi l’accent sur le développement du tourisme rural, en témoignent la brasserie d’Olingen et l’aire de jeux que nous avons récemment inaugurées, qui attirent de plus en plus de visiteurs.
Justement, comment la commune met-elle en valeur ses atouts naturels pour attirer les visiteurs ?
La croissance du tourisme est en grande partie due à nos deux zones protégées, le Widdebierg et le Schlammwiss Brill. Ces sites naturels sont des joyaux pour les amoureux de la nature.
Le Schlammwiss Brill, par exemple, est l’une des principales zones de protection pour les oiseaux migrateurs au Luxembourg. Ce site est géré de manière innovante grâce à des buffles d’eau venus des Carpates ukrainiennes et roumaines. Ces animaux permettent un pâturage naturel qui préserve la végétation sans utiliser de machines lourdes, ce qui est crucial pour ne pas abîmer les sols humides. Cela contribue à maintenir l’équilibre écologique du site tout en protégeant la biodiversité locale, notamment les oiseaux, les insectes et les amphibiens. Depuis la renaturation de la Syre en 2003, cet espace est devenu un modèle de gestion durable.
Le Widdebierg est un autre site où la nature est préservée, offrant aux visiteurs un cadre magnifique pour explorer la flore locale. Les deux parcs constituent des atouts majeurs pour le tourisme dans notre région, en attirant des passionnés de faune et de flore et en mettant en lumière l’importance de la conservation de la biodiversité.
Quels sont les principaux dossiers sur votre table actuellement ?
Un projet qui me tient particulièrement à cœur est l’installation d’un train miniature à Olingen. Les gens peuvent l’emprunter pour circuler sur un circuit dédié. Ce sera d’ailleurs le seul ouvert au public au Luxembourg. Nous finalisons actuellement l’installation des rails et, si tout se passe bien, il sera opérationnel dès le printemps prochain. Nous avons aussi fait l’acquisition d’un train miniature pour la commune, qui circulera gratuitement pendant les week-ends ensoleillés, notamment pour les enfants. Lors des fêtes locales, les associations pourront également le louer pour le faire rouler. Les premières démonstrations que nous avons réalisées ont rencontré un franc succès. Les enfants étaient fascinés, c’est une expérience qui les plonge dans l’univers des trains miniatures et ce type d’attraction est rare au Luxembourg.
Une autre initiative majeure est la construction d’une maison de soins destinée aux personnes âgées, un projet qui s’inscrit dans une volonté de permettre à nos aînés de rester dans leur environnement familial. Actuellement, lorsque les habitants ne peuvent plus vivre de manière autonome, ils sont contraints de quitter le village pour trouver une place dans un établissement d’une autre commune. Nous souhaitons changer cela en créant une structure locale capable d’accueillir entre 100 et 130 résidents. Les premières discussions avec les ministères compétents ont eu lieu et les retours sont positifs. Cette initiative ne se concrétisera pas dans l’immédiat, mais nous avons bon espoir que cette maison de soins puisse voir le jour au cours de la prochaine mandature.
Les deux parcs constituent des atouts majeurs pour le tourisme dans notre région, en attirant des passionnés de faune et de flore et en mettant en lumière l’importance de la conservation de la biodiversité
Dans les prochaines années, nous allons fortement investir dans les infrastructures, notamment celles liées à l’eau, un enjeu essentiel pour la commune. À Roodt-sur-Syre, nous prévoyons de construire deux nouveaux réservoirs d’eau. Actuellement, nous sommes souvent confrontés à des pénuries en été, car notre capacité de stockage est limitée à 150 m³. Avec ces nouveaux réservoirs, nous augmenterons cette capacité à 1.000 m³, soit huit fois plus, afin de mieux anticiper les périodes de sécheresse.
Comment la commune prévoit-elle de moderniser ses infrastructures pour mieux répondre aux besoins de mobilité des habitants ?
Nous moderniserons nos routes en collaboration avec l’Administration des ponts et chaussées. À Olingen et à Mensdorf, plusieurs routes seront entièrement rénovées. L’un des projets majeurs est le réaménagement de la route nationale à Roodt-sur-Syre, qui traversera le village et sera complètement repensée. L’objectif principal est de donner plus de place à la mobilité active. Les trottoirs seront élargis et une piste cyclable sera aménagée, remplaçant l’actuelle voie suggestive pour vélos. Nous prévoyons également un rétrécissement de la chaussée à certains endroits, avec une réduction de la vitesse, notamment autour de l’école où une zone 30 sera instaurée pour renforcer la sécurité des enfants.
Qu’en est-il de la question du logement à Betzdorf ?
C’est un enjeu majeur pour notre commune, en particulier pour les jeunes qui peinent à accéder à la propriété en raison des prix élevés des terrains. Cela entraîne un phénomène d’exode vers d’autres localités, ce qui impacte également la vie associative, souvent animée par eux. C’est pourquoi nous avons mis en place plusieurs projets de logements abordables.
À Roodt-sur-Syre, par exemple, nous allons créer une soixantaine de logements accessibles, juste en face de la nouvelle crèche. Nous venons aussi de finaliser 21 unités de logement à Mensdorf. Pour celles-ci nous avons eu 126 demandes, dont une cinquantaine de la part de jeunes de la commune. Cela montre à quel point le souhait est fort. Nous voulons qu’ils aient la possibilité d’acheter un logement et de rester à Betzdorf, en maintenant ainsi le dynamisme local. En parallèle, nous développons des habitations à Berg, toujours avec cette même volonté de créer des unités accessibles à l’achat.
Administration communale de Betzdorf
11, rue du Château
L-6922 Berg
www.betzdorf.lu