BARCELONE OU LA VILLE INTELLIGENTE 3.0
Barcelone n’est pas seulement la ville en vogue, si chère à Gaudi, où il fait bon vivre et faire la fête. La seconde plus grande ville espagnole compte parmi les leaders incontestés du mouvement des villes intelligentes. Nommée première ville intelligente au monde en 2015 par le cabinet spécialisé Juniper Research, Barcelone ne perce pas dans un domaine spécifique mais reçoit de bonnes notes dans une grande variété de critères. De plus, la capitale catalane peut se prévaloir d’impliquer activement tous ses habitants dans ce processus. Les citoyens vivent pleinement la ville intelligente et interagissent en temps réel pour en récolter les fruits quotidiennement.
La technologie au service de la ville et du citoyen
En tant que Smart City, Barcelone a réalisé un bond qualitatif en investissant dans l’Internet des Objets (IdO) pour les systèmes urbains. En plus des solutions intelligentes apportées à la mobilité et à la pollution urbaine, l’éclairage public a été revu de fond en comble. Le système d’éclairage à base d’ampoules LED a permis de réaliser des économies énergétiques substantielles. Le système est également équipé de capteurs qui renseignent sur la pollution de l’air, le taux d’humidité, la température et de détecteurs de mouvement pour un éclairage efficace et économe. La ville s’est en outre équipée de poubelles connectées. Grâce à ce système, la collecte des déchets a été optimisée, ce qui a permis de réduire les rondes inutiles des camions bennes. La capitale catalane s’est aussi distinguée par sa gestion de l’eau. Victime de sécheresses périodiques, Barcelone a depuis développé un système de capteurs installés sous terre, sur les voies d’irrigation de la ville. Les données couplées aux prévisions météorologiques, permettent d’anticiper les pénuries et notamment d’interrompre l’arrosage automatique municipal. Ce ne sont que quelques exemples de la multitude de projets engagés par la ville. Cette volonté affichée d’être à la pointe de la Smart City a valu à la capitale catalane d’être nommée capitale européenne de l’innovation en 2014.
Première ville intelligente au monde en 2015
La ville intelligente 3.0 constitue une tentative de lier étroitement la participation citoyenne aux objectifs gouvernementaux et aux nouvelles technologies. Les responsables de la ville sont convaincus que le moyen le plus équitable de faire progresser la technologie est d’inclure les communautés locales dans son développement, et de les récompenser en leur montrant de manière concrète les retombées positives sur la qualité de vie. L’interconnexion entre technologie et citoyen devient ainsi la pierre angulaire et le socle sur lequel s’érige la ville intelligente.
Une ville intelligente et participative
Cette ambition a mené Barcelone à mettre en place plusieurs plateformes open source de collecte et d’analyse de données et des interfaces utilisateur qui facilitent l’accès à celles-ci. Un effort particulier a été fait pour démocratiser l’accès à cette base de données collective. L’ensemble est accessible aux citoyens, aux entreprises privées et à d’autres parties intéressées, mais la ville et sa population en conservent le contrôle ultime, dans un souci de garantir la protection de la vie privée. La démocratisation numérique passe avant tout par la formation technologique. L’éducation numérique vise principalement à encourager les vocations scientifiques et technologiques chez les enfants pour les familiariser dès leur plus jeune âge à l’utilisation des moyens technologiques mis à disposition. D’un autre côté, l’inclusion numérique aide les seniors à surmonter les obstacles à l’entrée dans le monde digital. La démocratie numérique participative offre aux Barcelonais le droit de prendre des décisions. Par exemple, l’application Decidim est une plateforme participative expérimentale, ouverte, sécurisée et gratuite qui permet de tester les idées, leur pertinence pour la collectivité et leur viabilité. Sitôt validées, les idées peuvent être mises en œuvre par la ville avec le soutien des concitoyens.
Parallèlement, Barcelone est divisée en plusieurs quartiers autonomes. Ce concept du Superblocks n’autorise la circulation intramuros que pour les résidents ou les services de livraison. Le reste du trafic est relégué à la périphérie, ce qui fait de la capitale catalane un ensemble de miniquartiers autogérés par ses habitants. La proactivité et l’échange d’informations entre les autorités de la ville et les citoyens permettent de réduire considérablement le trafic automobile, la pollution et les nuisances sonores, rendant les rues aux enfants, aux piétons et aux petits commerces de proximité.
La ville intelligente construite autour du citoyen et pour le citoyen trouve tout son sens dans le système Telecarte. Ce dernier est capable de surveiller l’état de santé de près de 70 000 personnes âgées ou en état de handicap, tout ceci en temps réel. Il ne se contente pas d’une réaction a posteriori mais il est proactif. Un centre d’appel contacte régulièrement les utilisateurs, prend de leurs nouvelles et crée ainsi une véritable relation qui contribue à rompre le cercle de l’isolement. Ce système a fait ses preuves, notamment pendant les vagues de chaleur estivales.
La réalisation de promesses technologiques en termes d’urbanisme passe obligatoirement par l’adhésion et le soutien éclairé des citoyens. Barcelone reste à la pointe du développement de la Smart City. D’ailleurs, la ville accueille chaque année le Smart City Expo Congress. Aujourd’hui, c’est l’une des rares villes intelligentes qui tente d’intégrer les approches ascendantes et descendantes à la numérisation urbaine et tend à devenir ce que d’aucuns appellent la ville intelligente 3.0.
Par R. Hatira