DE LA LUMIÈRE NAÎT L’INTELLIGENCE D’UN BÂTIMENT OU D’UNE VILLE

Aujourd’hui, les luminaires, lampadaires et autres éclairages de rue se mettent en réseau et intègrent divers capteurs pour former un écosystème intelligent. Explications avec Alexandre Barbei et Alex Combe, respectivement Key Account Manager et Project Support chez Signify, qui présentent les innombrables solutions qu’apporte Interact.

Interact a pour objectif de connecter les systèmes d’éclairage, notamment pour améliorer la qualité de vie et protéger l’environnement. Pouvez-vous présenter les grandes lignes de cette solution ?

AB : Signify a pour coeur de métier l’éclairage artificiel et la fourniture de luminaires. Cette entité qui est le nouveau « Brandname » de « Philips Lighting » investit chaque année dans la recherche et développement pour proposer de nouveaux systèmes et solutions. C’est ainsi qu’est née Interact, la plateforme IoT (Internet of Things) de Philips, en 2017. Celle-ci se déploie en plusieurs versions : « City » pour l’extérieur, « Office » pour l’intérieur, « Sport » pour les stades ou halls sportifs, « Industry » pour les industries et « Retail » pour les commerces.

AC : Les luminaires forment un réseau très dense. Avec Interact, nous pouvons recueillir une multitude de données sans engendrer de travaux vertigineux puisque nous ajoutons seulement des capteurs sur les infrastructures déjà existantes à savoir les luminaires d’un bâtiment ou d’une ville. Selon une étude menée par Northeast Group, en 2017, sur les 317 millions d’éclairages de rue dans le monde, 57 millions étaient en LED (soit 17%). En 2027, on comptera près de 363 millions d’éclairages de rue, dont 87% seront en LED et 29% d’entre eux seront connectés.

En quoi la solution Interact permet-elle de développer des bâtiments et villes intelligentes ? Quels sont ses avantages ?

AB : Gérer, contrôler et monitorer les luminaires à distance sont les premiers avantages d’une telle solution. En créant des scénarios d’éclairage ou en travaillant individuellement avec chaque luminaire, nous parvenons à dimer l’éclairage en fonction de la luminosité, à le contrôler et l’optimiser pour réduire la consommation en énergie et de facto, à protéger l’environnement.

AC : De plus, la connectivité aide à la maintenance préventive et curative car le système parvient à repérer quel luminaire est défaillant ou à déterminer le nombre d’heures de vie restantes. Ce diagnostic offre davantage de précision par rapport à l’origine de la panne (surtension, composants, etc.). Le dépanneur diminue ainsi les aller-retour et lutte contre la pollution superflue. Notre solution prend aussi en compte l’éclairage biodynamique qui intervient sur le cycle circadien. En d’autres termes, notre corps réagit en fonction de l’éclairage naturel ; avec Interact, nous pouvons recréer le cycle et la lumière du soleil en fonction des heures de la journée pour améliorer le confort et le bien-être des occupants grâce aux différentes températures de couleurs. C’est ainsi qu’Interact répond aux critères de la certification WELL.

Votre solution prend également en compte des données qui dépassent l’éclairage pur. Quelles sont ses autres possibilités ?

AB : Interact collecte en effet d’autres données via des capteurs qui sont intégrés au système d’éclairage. Les champs d’applications sont multiples et dépassent les limites de l’imagination : humidité, mouvement, occupation, guidage, acoustique, pollution, température etc. La plupart des données ainsi recueillies sont transmises en temps réel à des systèmes de gestion déjà existants (KNX, BMS). De telles informations – sécurisées – offrent une vue globale et permettent de mieux comprendre le fonctionnement d’une ville, d’un immeuble ou d’une entreprise, en le rendant plus « smart ».

AC : Certains de ces capteurs comptent, par exemple, le nombre de personnes dans une pièce et permettent ainsi de gérer l’espace. Une entreprise peut dès lors optimiser l’aménagement des postes de travail pour ses collaborateurs, diminuer le chauffage ou éteindre la climatisation si une salle est vide. Pour une question d’éthique et de sécurité, toutes les données sont anonymes et ne servent pas d’outil de surveillance.

Des projets intègrent-ils déjà la technologie Interact ?

AB : Oui, notamment « The Edge », le siège de Deloitte à Amsterdam. L’intelligence du bâtiment a été réalisée grâce au réseau d’éclairage. Par ailleurs, en Belgique, le « projet SPW » (Service Public de Wallonie) a été remporté par Signify. Il est actuellement en cours d’éxecution et vise le remplacement de 2 300 km d’éclairage public par la technologie « Interact City ». D’autres, notamment avec « Interact Office », sont en cours de développement au Luxembourg.

Quelle sera la nouvelle tendance à plus court terme ?

AB : Les innovations touchent notre secteur qui est en constante évolution. Le LIFI, qui permet l’accès à un réseau internet via l’éclairage (connexion sans fil via les ondes lumineuses) en fait déjà partie et Signify est l’un des précurseurs sur ce marché. Si le client est préoccupé par les risques sur la santé, le LIFI peut être une bonne alternative au wifi, d’autant plus qu’il apporte une bande passante élevée (150Mbps), une connexion stable et présente beaucoup moins de problèmes de sécurité.

Par P. Birck