Gagner la lutte contre le Covid-19, aussi une question de mobilité ?

On nous l’a répété à maintes reprises : dans la lutte contre le coronavirus, le confinement des populations doit permettre d’éviter ou, tout du moins, de ralentir et d’anticiper la saturation des hôpitaux. Mais que se passe-t-il lorsque la situation devient critique? La non prise en charge des malades étant inenvisageable, la coopération régionale, nationale voire internationale est de mise et soulève avec elle des enjeux de mobilité. Exit la traditionnelle ambulance. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Par les airs ou sur le rail, les patients sont dépêchés dans les hôpitaux qui peuvent encore les accueillir via divers véhicules médicalisés.

Hôpitaux volants et roulants

Derrière la frontière, du côté de l’Hexagone, plusieurs TGV médicalisés ont sillonné les chemins de fer entre le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine ou entre l’Île-de-France et la Bretagne pour acheminer les patients des régions les plus durement touchées par le coronavirus vers des hôpitaux moins saturés. Un effort qui a mobilisé toutes les capacités de la SNCF qui a dû transformer ses rames en hôpitaux de fortune. À bord : agents de conduite, cadres traction et chefs de bord, mais aussi, puisque les « voyageurs » sont équipés de respirateurs, un dépanneur veillant à l’alimentation électrique de la rame. Membres d’équipage inhabituels, les soignants qui contrôlent les constantes des patients sont indispensables eux aussi. Les deux équipes voyagent dans des rames distinctes afin que la seconde ne contamine pas la première. Les agents de la SNCF qui épaulent les soignants dans ce combat vers la guérison « disposent de l’ensemble des équipements de protection (masques, combinaisons, lunettes…) qui leur seraient nécessaires en cas de situation d’urgence », communique la SNCF.

Si le transport ferroviaire s’avère très sûr pour les patients, il ne suffit pas. Bon nombre de malades ont été acheminés par les airs, en hélicoptère ou avion sanitaire, dans des régions ou pays moins touchés.

Mobilité synonyme de solidarité

Il semblerait en effet que le transfert de patients ne connaisse pas de frontière. Alors que certains services hospitaliers sont submergés, la solidarité nationale et internationale s’organise. Et le Grand-Duché participe à l’effort. Pour soulager les hôpitaux voisins du Grand Est, Luxembourg Air Rescue (LAR) effectue, depuis quelques semaines, de multiples transferts aériens.

Depuis plus de vingt ans, LAR opère, grâce à sa flotte d’avions sanitaires (six LearJet 45XR), sur des rapatriements et des transports intensifs de malades ou de blessés des quatre coins du monde vers leur pays de résidence. La crise sanitaire actuelle liée à la pandémie de Covid-19 aura remis ses activités sous les projecteurs. Appelés à l’aide par le gouvernement d’Emmanuel Macron, deux avions sanitaires et deux hélicoptères de LAR ont été intégrés au système de secours du SAMU français le 28 mars dernier.

Entraînées à transporter des patients dans un état grave et/ou hautement infectieux, les équipes de LAR composées de pilotes, infirmiers et médecins, travaillent dans des conditions sanitaires très strictes. Comme le souligne René Closter, CEO et président de LAR, la prise en charge de patients atteints par le coronavirus soumet ses collaborateurs à des exigences élevées. « Lors de ces interventions, nous tirons pleinement profit de l’expérience que nous avons acquise durant ces trente dernières années, avec plus de 50.000 missions, notamment lors de la crise EBOLA en 2015 », a-t-il indiqué.

Au total, vingt patients français ont, à ce jour, bénéficié de l’expertise du LAR. « Onze de ces transports ont été effectués dans des avions sanitaires LAR : cinq patients hospitalisés en soins intensifs ont été transportés vers les hôpitaux de Dresde, deux autres à Brême et deux autres à Hambourg. Deux patients ont été transférés de Metz à Nîmes, en France, à bord d’avions sanitaires LAR. Neuf autres victimes du Covid-19 ont été transportées par des hélicoptères de sauvetage LAR », a communiqué le service de secours.

« Dans le sauvetage aérien, depuis longtemps, il n’existe plus de frontières politiques pour LAR. Il est tout à fait normal pour nous d’aider notre pays voisin en cette période de crise », précise René Closter.

Par A. Jacob
Photo: ©SNCF