La biodiversité s’est effondrée de 68 % depuis 1970, selon un nouveau rapport du WWF
Bruxelles, le 9 septembre 2020 — les populations mondiales de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de reptiles et d’amphibiens ont diminué en moyenne de 68% en seulement 50 ans, principalement à cause de la dégradation de l’environnement, qui elle-même contribue à l’émergence de maladies zoonotiques telles que la pandémie Covid-19. Ce sont les conclusions du Rapport Planète Vivante, qui sera publié le 10 septembre.
Depuis 1970, les populations de vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens) ont diminué de 68 %. C’est ce que les scientifiques appellent la 6ème extinction de masse. Mais à la différence de l’extinction de masse précédente (celle des dinosaures), celle-ci est entièrement causée par les humains. L’Indice Planète Vivante (IPV), qui constitue les fondements du rapport, est basé sur l’analyse de 20 811 populations de 4 392 espèces de vertébrés et est composé de divers indices régionaux et d’indices par habitat. Il existe de grandes différences régionales : en Europe et en Asie centrale, la perte est limitée à 24 %, mais en Afrique, elle atteint 65 %. L’Amérique latine et les Caraïbes ont perdu 94 % de leurs populations animales, ce qui est catastrophique. Les espèces de certains habitats/régions sont également très touchées, comme les espèces d’eau douce, qui ont diminué de 84 %. Pour les espèces forestières, un déclin de 53 % a été observé, et les papillons européens ont perdu 49 % de leurs populations.
Mais ce ne sont pas uniquement les populations de vertébrés qui s’effondrent. La biodiversité des sols est également en déclin, les populations d’insectes diminuent de façon alarmante, les espèces végétales disparaissent. C’est ainsi que le nombre d’espèces végétales disparues est deux fois plus élevé que celui des mammifères, des oiseaux et des amphibiens réunis. 22 % de toutes les espèces de plantes ou d’arbres connues sont en voie d’extinction, en particulier sous les tropiques, ce qui augmente le risque d’effondrement des écosystèmes et de boucles de rétroaction négatives. Ce qui se passe en Amazonie en est un exemple : la forêt amazonienne est en train de passer rapidement du statut d’absorbeur net de gaz à effet de serre à celui d’émetteur net — conséquence directe de la déforestation, de la dégradation et des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Aujourd’hui, 75 % des terres libres de glace sont dégradées, une grande partie de l’océan est polluée et plus de 85 % de toutes les zones humides ont été détruites.
Jessica Nibelle, porte-parole du WWF : « Ce déclin devrait déclencher tous les signaux d’alarme : il indique que la nature est à bout de souffle. C’est un gros problème pour les humains, car nous dépendons de la biodiversité pour notre alimentation et notre approvisionnement en eau, mais aussi pour notre économie, pour le traitement des déchets, bref, pour notre survie. »
Le principal coupable de cette perte de biodiversité dramatique : notre système alimentaire
La déforestation et la conversion de la nature en terres agricoles constituent la première cause de la perte de biodiversité sur Terre. Un tiers de la superficie des terres est aujourd’hui utilisé pour l’agriculture ou l’élevage, tandis que 75 % de l’eau douce disponible est destinée aux cultures ou au bétail. Pourtant, un tiers des aliments produits pour la consommation humaine est perdu ou gaspillé dans le monde entier. La surexploitation des forêts et des terres occupe la deuxième place tandis que le commerce des espèces sauvage est la troisième cause du déclin de la nature.
Ce sont également ces causes qui accroissent le risque de zoonoses et ont conduit à la pandémie actuelle. Ces dernières années, nous avons eu le virus Nipah en Malaisie en 1998, le SRAS en Chine en 2003, Ebola en Afrique de l’Ouest en 2013-16, et bien d’autres encore. 60 % des nouvelles maladies infectieuses émergentes proviennent d’animaux sauvages et 70 % de ces maladies sont à l’origine de toutes les pandémies ou épidémies.
Le changement climatique, aussi provoqué par l’activité humaine, constitue une menace supplémentaire. Une espèce animale sauvage sur cinq est menacée d’extinction en raison du changement climatique. Combiné à la conversion des habitats en terres arables, l’impact est encore plus important sur le déclin des populations de vertébrés et sur les services essentiels que les écosystèmes fournissent encore aujourd’hui, comme la production d’oxygène et l’absorption de CO2 ou encore la régulation du climat.
Jessica Nibelle : « Le Rapport Planète Vivante 2020 souligne que la destruction croissante de la nature par l’homme a des conséquences catastrophiques non seulement pour les populations d’animaux sauvages, mais aussi pour la santé humaine et tous les aspects de notre vie. Si nous ne faisons rien, la biodiversité continuera de décliner, d’autres espèces disparaîtront et nous subirons des pertes irréversibles. »
Inverser la tendance actuelle est possible, mais la protection seule ne suffira pas
Parallèlement à la parution du LPR 2020, un article sera publié dans la revue scientifique Nature, dans lequel les possibilités de mettre un terme au déclin de la biodiversité sont examinées. La solution avancée réside dans une combinaison de mesures de protection ambitieuses et de changements fondamentaux dans la manière dont nous produisons et consommons.
Les recherches montrent qu’en mettant en œuvre l’ensemble de ces mesures, nous pourrons protéger les habitats et restaurer la biodiversité. Mais si nous laissons la situation inchangée, d’autres espèces disparaîtront à jamais. De nombreux services écosystémiques dont les gens dépendent pourraient ainsi être mis en danger. Concrètement, cela pourrait signifier une augmentation des prix des denrées alimentaires et des risques de famine. Le Rapport Planète Vivante 2020 sera publié moins d’une semaine avant la 75ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, durant laquelle les dirigeants du monde entier auront à l’ordre du jour le « New Deal for nature and people ». Un accord qui a l’ambition de restaurer la nature pour assurer la subsistance de 9 milliards de personnes dans un avenir proche.
Communiqué par WWF Belgique