LA DONNÉE, UNE FONDATION POUR LA VILLE DE DEMAIN

Une fondation, c’est ce qui ancre un bâtiment dans le sol comme l’IoT, les données, la technologie qui conceptualisent et permettent la création des villes et des sociétés de demain. Tour d’horizon avec Cliff Konsbruck, directeur de POST Telecom, qui présente les différentes initiatives et projets de cet acteur incontournable du Grand-Duché.

Quelles sont les activités de POST en matière de digital ?

En plus d’être une compagnie publique luxembourgeoise de distribution de courrier, POST Luxembourg est historiquement un opérateur télécom, aussi bien fixe que mobile. Ces dernières années, nous avons évolué dans les domaines de l’ICT et du Cloud. La digitalisation débute nécessairement par la connectivité et désormais beaucoup de données sont collectées, récoltées et agrégées. Généralement, cette activité est réalisée au sein d’environnements Cloud dans lesquels les clients peuvent agréger ces données, et à partir de là, effectuer des croisements avec d’autres sources de données, ce qui nous amène vers le Big Data, l’intelligence artificielle et l’utilisation de l’internet des objets (IoT).

POST était surtout un fournisseur d’infrastructures télécom, aujourd’hui, il l’est aussi avec l’ICT. Avec la thématique de la transformation digitale, nous progressons dans les verticaux de nos clients. Nous sommes régulièrement confrontés à leurs problématiques métier, alors qu’avant, nous étions seulement confrontés à des problématiques IT ou d’infrastructures. En nous impliquant de la sorte, nous pouvons supporter les clients dans la transformation digitale de leurs métiers et notamment dans la digitalisation de leurs processus.

Qu’en est-il de la 5G, l’un des plus grands projets de POST ?

La 5G figure clairement parmi les projets stratégiques de POST. Par contre, nous ne voyons pas la 5G comme une révolution pour les clients résidentiels et le secteur B to C en général. Certes, ils auront le sigle 5G sur leurs Smartphones, mais cela ne bouleversera pas leurs habitudes… même si les gains en capacité de transmission, en bande passante seront énormes car nous irons au-delà du gigabyte par seconde.

Quels sont donc ses autres avantages ?

Nous attendons des retombées plus conséquentes sur le marché B to B car l’arrivée de la 5G amènera de nouveaux business models qui toucheront aux objets connectés, à la conduite autonome ou assistée,… les champs d’application peuvent être multiples. Cette nouvelle génération pourra connecter un à deux millions d’objets par kilomètre carré. Elle fournira un écosystème qui fera émerger des idées novatrices, de nouvelles fonctionnalités, services et produits. Elle permettra par exemple de réduire la puissance de calcul local sur un appareil par l’utilisation de centres de calcul proche du consommateur, appelé edge-computing.

Il existe aussi d’autres avantages comme la réduction du besoin énergétique des « devices » et des capteurs, donc de l’IoT. Aujourd’hui, une carte SIM placée dans un objet connecté reste gourmande en énergie. Celui-ci peut être alimenté par une alimentation externe mais dans beaucoup d’autres cas, ce n’est pas possible car l’objet en question doit être mobile, petit,… Actuellement l’autonomie s’élève à un an maximum. Avec des capteurs 5G, nous misons sur une durée de vie de dix ans, ce qui ouvre de nouvelles perspectives.

La 5G amènera de nouveaux business models

Quelles sont les applications concrètes de POST autour de l’IoT ?

Nous sommes relativement actifs dans le contexte de la mobilité, encore une fois dans le contexte B to B, notamment dans la gestion de parkings, dans la géolocalisation des véhicules,… Certains clients souhaitent également avoir une visibilité sur le taux de passage dans une zone, une ville ou même près d’une agence. Nous pouvons capter, traiter et mettre à disposition ces types d’informations.

J’ai tendance à dire que ce sont nos clients qui sont confrontés aux cas d’usages concrets, nous ne les inventons pas, ce sont eux qui définissent les usages. POST n’est autre qu’un facilitateur qui apporte les technologies pour les réaliser. Il est clair que beaucoup de sociétés sur le marché n’ont pas connaissance des possibilités, et c’est aussi notre rôle d’expliquer, de former, d’évangéliser les capacités de l’IoT et d’accompagner les clients, s’ils le souhaitent, dans leurs projets de transformation digitale.

L’IoT, les données, la 5G,… n’y a-t-il pas un risque d’être trop « technocentré » ?

Au contraire. Bien sûr, nous parlons de technologie, mais nous n’oublions jamais que toutes ces réflexions partent de l’humain. Ces innovations peuvent améliorer sa vie au quotidien. Ce postulat de dire que la digitalisation détruira des emplois est faux car l’automatisation ou la robotisation permettent justement la disparition des professions pénibles et ingrates au profit d’autres suivant le principe de destruction créatrice.

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) régule l’utilisation des données, comment POST s’est-t-elle adaptée à celui-ci ?

Notre société traite les données sensibles de nos clients et dans ce contexte nous prenons le RGPD très au sérieux. Nous sommes audités, et à côté de ces aspects plutôt formels du RGPD, nous avons instauré plusieurs mécanismes de sécurisation au niveau de nos infrastructures qui sont à la pointe de la technologie. En interne comme en externe, un Security Operation Center monitore, par exemple, en permanence l’activité sur nos réseaux pour détecter la moindre anomalie.

Le RGPD peut-il freiner les bonnes intentions liées à l’utilisation des données? Pourrais-t-on s’imaginer un RGPD plus flexible à l’avenir ?

Quand il s’agit de protéger les données personnelles, aucun compromis n’est possible. Il est hors de question que les données que nous gérons pour nos clients finissent par se retrouver entre de mauvaises mains. Pour autant, j’espère que le RGPD évoluera et sera plus flexible, car il nous différencie par rapport à d’autres marchés, comme ceux de l’Amérique du Nord ou de la Chine. Il est important pour l’Europe de ne pas se retrouver dans une situation de désavantage compétitif à cause d’une surrèglementation.

Par P. Birck