LA FORCE DU VENT
Eole maîtrisait les vents dans la mythologie grecque, SOLER, acteur incontournable des énergies vertes, aujourd’hui régit une bonne partie de l’éolien au Luxembourg. Paul Zeimet, Administrateur-Délégué SOLER, et Guy Uhres, Responsable Energies Renouvelables chez SEO, présentent les projets et l’avenir de l’énergie au Grand-Duché, résolument tournés vers la durabilité et l’efficacité.
Un mot sur la Société Luxembourgeoise des Energies Renouvelables, son histoire et ses activités ?
PZ : Nous avons créé SOLER en 2001, suite à la libéralisation du marché de l’énergie au Grand-Duché. Les parts sont réparties entre la Société électrique de l’Our (SEO) et Enovos Luxembourg. Dans une première phase, nous avons repris les centrales électriques qui appartenaient à l’État luxembourgeois. Dans la foulée, nous avons pris la décision d’utiliser SOLER pour développer le marché luxembourgeois des énergies renouvelables.
GU : Pour le moment, SOLER gère sept parcs éoliens au Luxembourg. La majorité se trouve dans le nord du pays, mais aussi à l’Est, dans la commune de Mompach. Celui-ci sera d’ailleurs très prochainement soumis à un « repowering ». En d’autres termes, ses quatre éoliennes, qui tournent depuis 1996, seront remplacées par une éolienne nouvelle génération qui sera plus performante que les quatre anciennes machines réunies. Au total nous opérons 42 éoliennes sur les 64 que compte le territoire du Luxembourg.
Garnich sera bientôt la première commune du Sud à se munir d’un parc éolien, pouvez-vous revenir sur ce projet ?
GU : Presque trois années ont été nécessaires pour développer ce projet grâce à une bonne collaboration avec la commune et ses habitants. Les nouvelles générations d’éoliennes, aux diamètres beaucoup plus grands, permettent aussi une installation dans les régions moins venteuses, où l’altitude est plus basse.
Au départ, il était prévu de construire trois éoliennes, mais l’une d’entre elles se trouvait sur une zone naturelle protégée. Pour le reste, nous n’avons rencontré aucune objection pour ce projet, dont nous attendons actuellement les dernières autorisations. Les différentes réunions d’information avec les habitants ont été très instructives. Certes, ils ont eu des interrogations et des doutes au niveau de la pollution sonore ou visuelle avec l’ombrage par exemple, mais avec une présentation transparente, claire et factuelle, nous avons su répondre à leurs inquiétudes. Suite aux analyses détaillées et aux procédures d’autorisation, les travaux d’installation pourront débuter à la mi-année et dureront un an et demi.
PZ : Une éolienne de dernière génération sera capable de fournir de l’électricité pour 1 400 ménages de quatre personnes. Deux éoliennes de ce genre seront mises en place dans le nouveau parc de Garnich, qui pourra donc couvrir les besoins en électricité de 2 800 ménages, soit environ 11 200 personnes !
D’autres projets sont-ils à l’étude dans le sud du pays ?
GU : Oui, Garnich n’est pas le seul. Sudwand SA est un projet d’envergure régionale et à ce titre très intéressant. Nous avons analysé 14 communes du Sud, dans la région de Minett. Des études de faisabilité ont relevé du potentiel pour accueillir de l’énergie éolienne dans cinq communes. Nous y verrons plus clair d’ici quelques mois.
D’autres projets sur le territoire national sont également en cours d’étude, comme ceux du canton de Rédange, à Mersch, dans la Vallée de l’Ernz et dans les communes de Tandel et Vianden où des réunions d’information sur les études de faisabilité se sont déjà tenues, ou encore dans les communes de Dalheim, de Diekirch et d’Ettelbruck, où de telles réunions sont en préparation. Ce qui unit tous nos projets, c’est l’approche régionale : c’est au niveau de la région que nous cherchons à identifier le potentiel, indépendamment des frontières communales.
PZ : Il faut garder à l’esprit que SOLER n’est pas seulement l’éolien, nous détenons aussi des centrales hydro-électriques à Esch-sur-Sûre, Rosport et Ettelbruck. En 2018, elles ont produit 36,4 GWh et les éoliennes 184,5 GWh, soit un total de 220,9 GWh, ce qui permet de fournir en énergie 49 000 ménages, donc environ 200 000 personnes.
Aujourd’hui, une nouvelle éolienne couvre les besoins en électricité de 1 400 ménages, soit environ 5 600 personnes
Comment voyez-vous l’énergie de demain ?
GU : Les gens sont de plus en plus conscients des enjeux de durabilité, des énergies vertes, des éoliennes… La jeunesse qui se lève et organise des marches,… pour le climat et qui s’investit pour un avenir plus durable, illustre ce changement de paradigme dans les mentalités.
Ils acceptent plus facilement qu’une éolienne fasse partie de leur paysage. De plus, nous nous rendons souvent dans les écoles pour expliquer nos activités et répondre à toutes les idées reçues comme l’impact sur la faune et la flore, les nuisances, les infrasons… des rencontres qui s’avèrent toujours enrichissantes, pour les jeunes comme pour nous.
PZ : Les communes sont actuellement réceptives entre autres grâce au « Pacte Climat ». Nous cherchons toujours à réaliser des projets avec une approche régionale et participative avec les communes et les habitants. Ceci afin de trouver des solutions collectives et impliquer de la sorte tous les acteurs. Bien sûr, il y a des limites naturelles, à savoir l’altitude, le vent… qui peuvent rendre impossible l’installation d’éoliennes. Or, à l’aide des avancées technologiques, les rotors s’agrandissent, les mats sont plus hauts, ce qui étend tout de même les possibilités et le potentiel éolien. Les nouvelles, mais aussi les futures générations seront beaucoup moins bruyantes et produiront encore plus d’énergie que les anciennes.
Soler S.A.
2, rue Pierre d’Aspelt
L-1142 Luxembourg
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