L’architecture numérique des communes

L’informatique est la composante clé des villes de demain. Des communes connectées que les responsables politiques et les services publics peuvent gérer de façon optimale et sécurisée. La condition sine qua non étant bien sûr de disposer d’une infrastructure performante et d’experts capables de la piloter, à l’instar du SIGI dont nous avons rencontré le directeur, Sylvain Momin.

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement du SIGI et sa gouvernance ?

Le Syndicat Intercommunal de Gestion Informatique a été fondé en 1982, avec pour mission de soutenir les communes dans leur transformation numérique ainsi que dans la fourniture et la mise en place de solutions technologiques innovantes. Les domaines concernés sont l’administration publique au sens large, la comptabilité, l’organisation communale, ou bien l’office des citoyens entre autres.

Le SIGI est supervisé par un Comité de 55 délégués représentant l’ensemble des communes. C’est ce comité qui définit la vision et les orientations stratégiques à suivre. Il établit également un Bureau en charge de traduire ces orientations en actions et de s’assurer que ces dernières correspondent bien aux besoins exprimés par les communes.

Quelles solutions technologiques le SIGI propose-t-il pour accompagner les communes dans la mise en œuvre de projets de Smart Cities ?

Nous sommes en quelque sorte une plateforme centralisée qui permet aux communes de gérer les données issues des solutions que nous avons mises en place au niveau local. Nous recevons, stockons et organisons donc les données qui proviennent des solutions IoT mises en place par les communes, comme par exemple les compteurs d’eau intelligents. Ainsi, les communes disposent de relevés précis et exhaustifs pour prendre des décisions éclairées. C’est une infrastructure unifiée, dédiée à l’ensemble des communes et qui permet d’agréger les données techniques avec les données communales, comme le nombre d’habitants ou les données financières, et d’obtenir une vue d’ensemble cohérente et articulée. La gestion s’en trouve simplifiée, les manquements rapidement identifiés, les tendances analysées et le budget optimisé.

Par la mutualisation des services à destination des communes, le SIGI permet à chacune d’entre elles de bénéficier des meilleures technologies

Prenons un exemple : celui récent du déploiement de compteurs d’eau intelligents au sein des communes, capables de renvoyer des informations liées à la consommation sur notre plateforme. Cela permet d’opérer la facturation digitale ou bien la détection des fuites sur le réseau notamment.

Quels principaux obstacles rencontrent les communes dans leur transformation numérique ? Quelles solutions personnalisées proposez-vous pour les surmonter ?

Les contraintes sont nombreuses et débutent avec les ressources humaines limitées dédiées à l’IT dans les équipes communales. Les technologies dont on parle sont parfois complexes, dans leur installation comme dans leur maniement, et il est difficile d’embaucher des spécialistes capables de prendre en charge ces missions. Face à ces difficultés, le SIGI se pose comme un prestataire dont les différentes expertises peuvent être mises à disposition des communes. Ces dernières bénéficient d’un partenaire qualifié, qui mettra en place des solutions adaptées en collaboration avec les communes, mais aussi des programmes de formation à destination des agents communaux.

C’est aussi le manque de ressources financières qui fait obstacle. Les technologies sont chères, les projets coûteux et le budget des communes n’est pas extensible à l’infini. À nouveau, par la mutualisation des services à destination des communes, le SIGI permet à chacune d’entre elles de bénéficier des meilleures technologies. De la même façon, le volume de gestion que cela engendre nous permet d’obtenir les meilleurs prix auprès des fournisseurs.

Pour terminer, les enjeux liés à la cybersécurité, à la gestion des données notamment, impliquent de se conformer à de nombreuses règlementations (RGPD, NIS2…) et complexifient les processus.

L’informatique est en effet en perpétuelle évolution, comment faites-vous pour « rester à jour » d’un point de vue technologique comme règlementaire ?

L’actualisation des compétences est en effet un enjeu majeur pour le SIGI. Nous nous assurons toujours que nos collaborateurs et interlocuteurs soient bien conscients des enjeux de sécurité et que tous soient au fait des dernières évolutions en la matière. Comme je l’évoquais, cela passe d’abord par des formations génériques, qui expliquent à nos collaborateurs quelles attitudes adopter face à des cyberattaques, comme le phishing par exemple, mais ce sont aussi des formations techniques très pointues pour nos techniciens. Ce panel de formations implique que nous disposions de différents partenaires, comme le DLH (Digital Learning Hub), l’INAP (Institut national d’administration publique) ou des acteurs du secteur privé selon les besoins rencontrés.

La cybersécurité est la priorité absolue du SIGI. Notre approche « Security by Design » intègre cette dimension dès les premières phases de conception d’un projet

Enfin, le SIGI étant un fournisseur essentiel de l’écosystème digital luxembourgeois, nous sommes particulièrement attentifs à demeurer en totale conformité avec les directives européennes, comme le RGPD ou bien plus récemment NIS2.

Justement, comment assurez-vous la sécurité des données et comment anticipez-vous les futurs besoins des communes dans ce domaine ?

Le sujet de la cybersécurité est la priorité absolue du SIGI. Nous disposons d’une approche nommée « Security by Design » qui intègre cette dimension dès les premières phases de conception d’un projet et s’assure qu’elle demeure centrale tout au long de l’exécution de ce dernier et durant son utilisation future. Nous mettons également en place des mesures de sécurité fortes au niveau des infrastructures. Nos serveurs et data centers font l’objet de contrôles fréquents. Une de nos bonnes pratiques consiste également à maintenir un niveau de communication constant avec les communes. Nous leur expliquons ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, en quoi cela fait le lien avec les enjeux de cybersécurité. Nous travaillons enfin avec un partenaire privé sur une prévention proactive, qui nous permet de superviser nos systèmes 24h/24 et de prendre des mesures immédiates contre toute intrusion ou cyberattaque.

Quelles solutions le SIGI propose-t-il pour aider les communes à intégrer la durabilité environnementale dans leurs systèmes numériques ?

Les solutions logicielles que nous apportons aux communes leur permettent d’agréger une grande quantité de données et ainsi d’avoir une visibilité optimale sur leurs objectifs de durabilité et leur niveau d’avancement quant à ces derniers. Je pense notamment aux objectifs fixés par les Pactes Climat et Nature.

J’ajouterais l’élément suivant : étant nous-mêmes soumis à des impératifs de durabilité, nous veillons à réduire le plus possible notre impact carbone, ce qui profite aux communes. Nous optons par exemple pour l’utilisation des data centers les moins énergivores possible. Au sein du SIGI, nous avons intégré des pratiques écoresponsables à tous les niveaux, que ce soit en matière de gestion du matériel ou des déchets numériques par exemple.

Quels sont, selon vous, les principaux leviers d’évolution des Smart Cities dans les cinq prochaines années, et quelle sera la place du SIGI dans cette transformation ?

Nous vivons une période où les annonces relatives à de potentielles solutions technologiques pour des villes connectées, durables et plus intelligentes ne manquent pas. On remarque cependant que l’union de l’IA et du Big Data demeure à la fois la tendance la plus forte et la plus prometteuse. Elle permet notamment de mieux comprendre et de mieux prédire les comportements urbains, pour ainsi optimiser la gestion des ressources, de l’énergie, des transports et finalement permettre aux acteurs publics de prendre des décisions efficaces et pertinentes. Pour un acteur comme le SIGI, gagner en compétences sur ces sujets permet de rester pertinent et d’implémenter des solutions de ce type pour les communes.

Je vois également une forte croissance de l’Internet des objets, des capteurs, pour collecter les données si précieuses dont je parlais précédemment. Grâce à sa très bonne couverture réseau, à sa connectivité avancée, le Luxembourg est bien positionné dans ce domaine. Évidemment, cette implémentation exponentielle des technologies digitales dans nos vies, dans nos villes, nous expose à toujours plus de risques en termes de cybersécurité. Les communes vont donc devoir investir plus de temps et de ressources matérielles pour gérer leur sécurité. Dans cette perspective, le SIGI se positionne comme un partenaire expert, capable de guider et de soutenir les communes.

Après une année à la tête du SIGI, quels sont vos principaux accomplissements, et quels objectifs vous fixez-vous pour l’avenir ?

Ce fut une année préparatoire à la transformation du SIGI et de son accompagnement aux communes. Nous avons beaucoup travaillé au renforcement de la gouvernance et l’amélioration de l’organisation interne, mis en place un nouveau comité de direction, présenté un organigramme plus cohérent, en ligne avec les responsabilités et les compétences des équipes. Nous avons également déployé un Project Management Office qui optimise la gestion et garantit la livraison de nos produits dans les temps impartis et selon les besoins des communes. Beaucoup de projets ont été initiés pour améliorer la gestion de nos interlocuteurs, comme l’émission de factures digitales par exemple.

Nous souhaitons offrir davantage de services digitaux et intégrer l’intelligence artificielle pour répondre à nos besoins comme à ceux des communes. Notre engagement sur la voie de la durabilité va également se poursuivre pour garantir un écosystème informatique durable dans tout le pays.

SIGI – Syndicat Intercommunal de Gestion Informatique
11, rue Edmond Reuter
L-5326 Contern
www.sigi.lu