Le futur s’élève sur trois pales
Le vent souffle fort sur la transition énergétique au Luxembourg. Acteur de longue date dans le secteur éolien, Soler participe activement à cette dynamique. Paul Zeimet, son administrateur délégué, nous éclaire sur les évolutions du domaine, les défis réglementaires et les innovations technologiques qui ouvrent de nouveaux horizons.
Vous êtes actif dans le secteur de l’éolien depuis plus de 25 ans au Luxembourg. Quel regard portez-vous sur le développement de cette énergie sur le territoire et comment abordez-vous concrètement chaque projet ?
Ce qu’il faut souligner avant tout, c’est que nous ne sommes pas simplement développeurs de projets éoliens : nous sommes aussi exploitants. C’est une différence essentielle. Aujourd’hui, le Luxembourg compte un peu plus de 75 éoliennes, dont 49 sont en exploitation chez Soler. Chaque projet suit un parcours rigoureux débutant par des discussions étroites avec les autorités locales et la population pour garantir une intégration harmonieuse dans l’environnement. Contrairement à d’autres pays où les projets changent plusieurs fois de mains avant d’être réalisés, nous restons impliqués du début à la fin, du développement à l’exploitation en passant par la construction, jusqu’au redéveloppement d’un site quand une éolienne arrive en fin de vie. Cette stabilité est un gage de responsabilité, en particulier lorsqu’il s’agit d’impliquer les citoyens : après un an d’exploitation nous offrons une participation financière dans le capital de la société exploitante du parc éolien à la population locale et à la commune. En ouvrant le capital à ce moment-là, une fois le projet bien lancé et l’estimation de sa rentabilité confirmée, nous offrons la possibilité d’investir sans prendre de risque.
L’éolien présente de nombreux atouts : il s’agit d’une énergie renouvelable, non polluante, produite sans émission de CO2 et qui contribue à l’indépendance énergétique du pays. En fin de cycle, les éoliennes sont entièrement recyclées : les mâts, composés de béton et d’acier, sont faciles à valoriser, tandis que les pales – plus complexes – sont découpées, incinérées dans des cimenteries, puis transformées en substituts de sable pour produire du ciment.
Le Luxembourg se doit de développer sa souveraineté énergétique, un objectif ambitieux qui commence avec des projets concrets au niveau local. Nous sommes impliqués dans les groupes de travail du « Energiedësch » et je félicite le gouvernement d’avoir pris cette initiative pour accélérer la transition vers une énergie plus propre et plus durable. Par exemple, depuis 2021, la totalité de la consommation privée d’électricité du pays est couverte par les énergies renouvelables. En développant le potentiel de l’éolien au Grand-Duché, nous avançons sur le chemin vers un Luxembourg plus autonome et résilient.
Quels défis principaux rencontrez-vous dans le développement de l’énergie éolienne au Grand-Duché ?
Tout d’abord, notre pays est petit, ce qui limite naturellement les espaces disponibles pour l’installation d’éoliennes. Historiquement, les régions les plus favorables au vent se trouvaient dans le nord, ce qui concentre les projets dans une partie restreinte du territoire. Avec les nouvelles générations d’éoliennes, plus performantes et conçues pour fonctionner efficacement à des vitesses de vent plus faibles, une exploitation économique de l’énergie éolienne est devenue possible même dans les autres régions du pays. Le défi majeur est de trouver les meilleurs emplacements en respectant des règles strictes. Un exemple : la définition sonore d’une éolienne à la limite du PAG joue un rôle clé dans la détermination de la distance minimale entre cette éolienne et une habitation. Le respect des seuils luxembourgeois rigoureux favorise une bonne acceptation par la population et nous défendons ces limites strictes, plus strictes qu’à l’étranger. Mais cela s’accompagne de différents défis : nous sommes dans l’obligation de respecter des distances vis-à-vis des aires industrielles, des routes, ou bien sûr de tenir compte des zones de protection liées à l’aviation. Tout cela complexifie les études d’implantation, mais assure l’intégration harmonieuse dans l’environnement.
Le Luxembourg se doit de développer sa souveraineté énergétique, un objectif ambitieux qui commence avec des projets concrets au niveau local
Un frein important reste la longueur du processus d’autorisation. Aujourd’hui, il faut en général entre cinq et dix années entre le lancement d’un projet et sa concrétisation. Nous devons impérativement simplifier et accélérer les démarches administratives si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques à l’horizon 2030 et au-delà. À cela s’ajoute la nécessité de concilier le développement de l’éolien avec la préservation de la biodiversité, sans oublier l’adaptation des réseaux électriques pour accueillir cette production renouvelable de manière efficace. Enfin, maintenir l’adhésion de la population est un enjeu central. L’acceptation locale des éoliennes passe par la sensibilisation, l’information et la concertation avec les citoyens. C’est un travail de fond, mais essentiel pour un développement harmonieux.
Des éoliennes sont en construction à différents endroits du pays : que pouvez-vous nous dire sur l’état d’avancement et les nouveautés techniques ?
Actuellement, nous avons plusieurs projets en phase de construction. Nous allons ériger deux éoliennes dans le cadre du Wandpark Miersch. Nous avons aussi commencé le chantier pour une éolienne à Manternach (Wandpark Manternach). En parallèle, nous démarrons les travaux pour une éolienne au Wandpark Schieren, et pour les cinq premières installations du projet Wandpark Kanton Réiden. Pour ces projets, nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires. Il y en a également d’autres à différents stades d’évolution. À travers nos projets, nous visons à aider le Luxembourg à atteindre ses objectifs du PNEC 2030 et au-delà.
De plus, nous avons deux éoliennes particulièrement innovantes. Ces dernières, équipées de l’intelligence artificielle, permettent de reconnaître des oiseaux comme le milan royal à plus de 300 m de distance grâce à des caméras spécialisées. Elles sont capables de stopper leur fonctionnement pour éviter tout risque de collision. C’est une avancée technologique significative, qui ouvre de nouvelles possibilités pour installer des éoliennes sur des sites où cela n’était pas envisageable auparavant.
Soler S.A.
155, rue Cents
L-1319 Luxembourg
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