Le Parlement européen donne son feu vert au déploiement d’IRIS², un nouveau réseau de satellites de télécommunication
Son nom se réfère à la déesse grecque messagère des dieux, et ce n’est pas un hasard puisqu’IRIS2, le premier réseau de satellites multi-orbitaux européen, devrait très prochainement fournir une infrastructure de communication pour la Terre depuis le ciel. Le Parlement a en effet approuvé le déploiement de cette nouvelle constellation de satellites ce 14 février.
Big Bang (ou genèse) d’un projet
Alors que la guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine menace la cybersécurité, le besoin d’autonomie de l’Union européenne dans le domaine des communications gouvernementales sécurisées se fait de plus en plus ressentir. C’est dans ce contexte que le Parlement européen s’est prononcé avec 603 voix favorables, 6 contre et 39 abstentions, pour le déploiement d’un nouveau réseau de satellites de télécommunication européen. Baptisé IRIS2 (pour infrastructure de résilience, d’interconnectivité et de sécurité par satellite), il rejoindra dans le ciel Galileo (le système de navigation de l’Union européenne) et Copernicus (son programme d’observation de la Terre) pour «fournir une infrastructure de communication sécurisée aux organismes et agences gouvernementales de l’UE, aux services d’urgence et aux délégations européennes dans le monde entier», indique le Parlement. Estimé à 6 milliards d’euros, le projet bénéficiera d’un budget de 2,4 milliards d’euros alloué par l’UE, d’un complément de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de financements du secteur privé.
«Le vote d’aujourd’hui marque un tournant historique pour l’autonomie stratégique, la souveraineté numérique, l’indépendance technologique et la compétitivité de l’UE. La guerre à nos portes a démontré le besoin impératif de services de communication souverains et sécurisés basés dans l’espace pour la gestion des crises, la protection des infrastructures critiques et la surveillance. En outre, IRIS² sera au service des citoyens européens grâce au développement du haut débit rapide, qui participera à l’élimination des zones blanches et au développement économique et social de l’UE», a déclaré le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.
Une constellation qui se veut plus verte
Alors que la quantité de débris spatiaux est en continuelle augmentation – plus de 30.000 fragments en orbite ont été enregistrés selon l’ESA’s Space Environment Report 2022, la pollution de l’espace a interpellé les députés européens. Lors des négociations avec les ministres de l’UE, ceux-ci ont veillé «à renforcer les dispositions environnementales et la durabilité du système, en empêchant la prolifération des débris spatiaux et la pollution lumineuse, et en prévoyant une compensation de l’empreinte carbone pour pondérer les émissions liées à son fonctionnement», a communiqué le Parlement européen.
Prochains jalons
Si le texte doit encore être formellement adopté par le Conseil, les premiers satellites devraient orbiter pas plus tard que l’an prochain. L’industrie spatiale européenne sera alors invitée à contribuer au projet. Il est d’ailleurs déjà prévu de confier aux startups du secteur quelque 30% de la conception de l’infrastructure.
Par A. Jacob