LE TOURISME, VECTEUR DE DÉVELOPPEMENT NATIONAL

La Moselle Luxembourgeoise, le patrimoine industriel du Sud, les parcs naturels du Nord, la capitale, les randonnées cyclistes et pédestres, le Mullerthal,… le Luxembourg regorge de richesses plus ou moins connues qui attirent les touristes. Lex Delles, ministre des Classes moyennes et du Tourisme, présente les différentes initiatives de son ministère pour développer le tourisme au Grand-Duché.

Quels sont les axes et les grandes orientations pour développer le tourisme au Luxembourg ?

Nos priorités se situent d’abord au niveau du tourisme actif. Il s’agit des randonnées et du cyclisme notamment. Au Luxembourg, les pistes cyclables sont de très bonne qualité et concentrent à la fois les touristes et les résidents qui désirent faire une balade à vélo. Au total, nous comptons près de 600 kilomètres de pistes et nous souhaitons atteindre les 800 kilomètres ces prochaines années. Le label bed+bike, qui certifie si les structures d’hébergement remplissent certains critères, permet de promouvoir le tourisme et les randonnées à vélo au Luxembourg.

Notre pays est également doté d’un patrimoine culturel formidable qui doit être mis en valeur. Nous collaborons ainsi étroitement avec différents ministères pour développer des synergies, ce travail n’est autre que le fil conducteur de toutes les décisions.

De plus, nous concentrons nos efforts sur la professionnalisation de l’ensemble des acteurs. D’un côté, nous avons les professionnels du secteur, comme l’Horesca (hôtels, restaurants, cafés), les campings,… et de l’autre, les asbl qui travaillent au niveau local, régional et national. Je pense par exemple à la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ qui œuvre dans le domaine du vélo au Luxembourg. Dans le cadre de la professionnalisation, beaucoup de travail a été effectué au niveau des ORT (Office Régional de Tourisme), dont la création du nouvel ORT Guttland pour le Centre/Ouest. Leurs compétences étaient autrefois décentralisées. Aujourd’hui, nous les centralisons au sein du ministère qui concentrera les expertises. Nous engagerons, par exemple, un « Monsieur Vélo », qui conseillera tous les ORT.

Investir dans le tourisme revient à investir dans le bien-être de nos citoyens

La professionnalisation passe aussi par la formation. Très récemment, nous avons instauré des conventions avec ces mêmes ORT et cette mission est devenue obligatoire. Le tourisme sans barrière fait aussi partie de nos objectifs car l’accessibilité est un enjeu énorme puisqu’elle profite à tous. Investir dans le tourisme revient à investir dans le bien-être de nos citoyens. Nous n’oublions pas non plus tous les bénévoles qui travaillent beaucoup et qui aident au développement du tourisme au Grand-Duché.

Son développement passe aussi par l’inévitable thématique de la digitalisation. Quelles sont les initiatives et les projets en la matière ?

Notre projet phare concerne la mise en place d’une application pour le tourisme en général ces prochaines années. Il s’agira, entre autre, d’intégrer les randonnées avec un système de géolocalisation, de télécharger des cartes,… Si un touriste étranger souhaite effectuer une randonnée pédestre, il pourra regarder le parcours, les infrastructures, les hôtels, les manifestations, les activités indoor et, pourquoi pas, prendre son ticket directement via l’application. Celle-ci permettra également de faciliter la communication et la visibilité de certaines activités.

D’autres initiatives sont mises en place, comme la visite en réalité virtuelle du château de Vianden ou encore de Luxembourg-Ville avec le projet « VR Time Travel » qui permet d’explorer la capitale en réalité virtuelle pour y vivre un voyage dans le temps unique et original. Combiner une visite guidée avec l’utilisation des technologies apporte une grande plus-value.

Comment le Luxembourg se positionne-t-il par rapport au tourisme d’affaires ?

Le tourisme permet d’accroître la visibilité d’un pays. En plus des particuliers, nous nous intéressons au secteur MICE (meetings, incentives, conferences, exhibitions) pour le développement du tourisme d’affaires et de congrès. En juin dernier, nous avons présenté le « Luxembourg Convention Bureau » avec François Lafont, son nouveau CEO. Son objectif est d’attirer les congrès qui touchent aux sujets prioritaires de notre gouvernement comme la biomédecine, les TIC, l’écotechnologie, l’espace ou la logistique. En dépassant la simple logique économique, nous avons l’ambition d’être une référence en Europe en devenant l’une des 50 meilleures destinations pour l’organisation de congrès internationaux.

Avec le MICE, nous comptons également développer le tourisme en décentralisant les congrès sur l’ensemble du territoire. Nous sommes en mesure d’y parvenir car nous avons les infrastructures et les moyens de mobilité nécessaires. Le décentralisation du secteur MICE est ainsi un outil de développement pour les zones rurales.

Qu’en est-il des coopérations au niveau de la Grande Région ?

En plus du nôtre, le touriste qui arrive au Luxembourg a la possibilité de visiter trois pays en quelques jours seulement : l’Allemagne, la France et la Belgique. Il ne s’arrête pas aux frontières, il est donc nécessaire de collaborer avec les autres pays sur plusieurs projets comme la Vennbahn, cette immense piste cyclable construite sur une ancienne voie ferrée qui traverse l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Celle-ci s’arrête à Troisvierges mais nous souhaitons aujourd’hui la prolonger pour la connecter au réseau national. Cette mesure drainera d’autres touristes à travers le pays, qui pourront ainsi découvrir le patrimoine industriel du Sud ou encore la Moselle. Nous collaborons aussi au sujet de l’œnotourisme et du tourisme de mémoire avec nos voisins.

Comment voyez-vous le tourisme dans la ville de demain ?

Que recherche le touriste de demain ? Beaucoup d’études ont été réalisées à ce sujet. A l’heure des technologies et du monde ultra connecté, certains optent pour le «digital detox» et visent des vacances calmes, loin du stress. Au Luxembourg, des lieux comme le Mullerthal ne sont pas couverts par le réseau et s’adaptent à ce type de demandes.

Malgré tout, la digitalisation jouera un rôle primordial dans le développement des infrastructures touristiques, la communication et l’interconnexion entre les différents acteurs de ce secteur.

Par P. Birck
Photo: ©Eric Devillet