Le vivre-ensemble, une priorité à Strassen

Située aux portes de la capitale, Strassen est idéalement placée et fait de la diversité culturelle une force. Nico Pundel, bourgmestre, revient notamment sur les principales initiatives mises en place dans la commune pour intégrer et accueillir les nouveaux citoyens originaires des quatre coins du monde.

Pouvez-vous présenter brièvement la commune de Strassen ?

Géographiquement bien située au centre du pays, Strassen compte aujourd’hui près de 10.600 habitants. Parmi eux, 61% sont des résidents étrangers. Nous comptons 111 nationalités différentes. Notre commune s’est fortement développée ces dernières décennies, si bien qu’elle se classe en 12e position parmi les plus peuplées alors qu’elle est l’une des plus petites du Luxembourg en superficie. La diversité de notre commune est une force. Il fait bon vivre à Strassen et nous œuvrons au quotidien pour faciliter l’intégration des nouveaux résidents sur notre territoire.

Qu’avez-vous mis en place pour favoriser le vivre-ensemble ?

Nous étions l’une des premières communes à proposer un service entièrement dédié à l’intégration grâce au travail remarquable de notre collaboratrice en charge de ce projet : Luiza Noculak. Cela fait quinze ans que nous avons mis en place le service de l’intégration et de l’égalité des chances dans le but d’aider les nouveaux arrivants et les non-Luxembourgeois à participer à la vie de la commune. Nous allons au plus proche de leurs préoccupations pour organiser des événements ou des activités favorisant leur intégration.

Parmi ces initiatives, citons le Café de Babel qui existe depuis plus d’une décennie. Malgré le temps qui passe, le nombre de participants n’a jamais diminué. Nous avons dû nous adapter aux demandes en renouvelant les langues qui y sont proposées afin de garantir ce succès.

Nous allons au plus proche des préoccupations des nouveaux arrivants pour organiser des événements ou des activités favorisant leur intégration

Strassen a aussi été précurseur dans l’introduction de l’application Hoplr au Grand-Duché. Ce réseau social fermé et limité aux habitants d’une même commune a pour objectif de renforcer les liens dans la « vraie vie », contrairement à la plupart des réseaux sociaux. Nous avons instauré l’application en collaboration avec la Commission de l’intégration pour échanger des informations locales, proposer des services sans démarche commerciale ou encore permettre à nos citoyens de se rencontrer plus facilement. Tout y est centré sur la vie locale ! Si l’un de nos concitoyens a besoin d’un outil, d’une aide pour réparer un objet, d’un baby-sitter ou remarque des agissements suspects dans la rue, il peut en faire part sur Hoplr. L’inscription est totalement gratuite. Nous prenons en charge l’entièreté des coûts dans le cadre de notre politique de renforcement du tissu social. De notre côté, nous ne souhaitons pas y laisser de messages politiques, mais avertissons tout de même nos citoyens lorsque des événements ou des manifestations ont lieu. Aujourd’hui, 46% des ménages sont inscrits sur l’application et ce chiffre ne cesse de croître de jour en jour.

Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi relative au vivre-ensemble interculturel au 1er janvier de cette année, nous avons décidé de renommer notre service « de l’intégration et de l’égalité des chances » en « service du vivre-ensemble interculturel ». Cela implique quelques changements de paradigme et des nouveautés, dont une qui peut impacter la commune de façon directe : il est désormais possible, pour une personne qui travaille sur le territoire de Strassen, qu’elle soit luxembourgeoise ou non, de prendre part aux initiatives en devenant membre de la commission consultative du vivre-ensemble interculturel.

Enfin, toutes nos réunions publiques sont traduites simultanément en anglais et en français. Nos citoyens étrangers qui ne sont pas à l’aise avec le luxembourgeois ont ainsi la possibilité de mieux suivre la politique locale et cela se ressent de façon concrète. Les habitants s’intéressent davantage à la vie communale et apportent leur contribution aux différents workshops, ce qui renforce la participation citoyenne.

Les nouveaux arrivants sont-ils motivés à l’idée de s’investir dans la vie culturelle à Strassen ?

Oui, ils sont intéressés, mais cela nécessite un vrai travail à tous les niveaux pour maintenir cet intérêt et inciter les nouveaux citoyens à participer à la vie de la commune. Bon nombre d’entre eux recherchent le contact, notamment avec d’autres qui parlent la même langue. Nous avons aussi remarqué que l’intégration passe par les enfants. Nous soutenons les jeunes parents d’origine étrangère du début de la grossesse jusqu’au premier anniversaire de l’enfant. En effet, ces jeunes couples sont souvent éloignés de leur famille et ont, de fait, besoin d’informations et de conseils sur la parentalité. À ce sujet, nous avons également lancé un service lié à la maison relais baptisé LOFT. Celui-ci est consacré aux familles désireuses de converser avec les éducateurs, d’obtenir des renseignements concernant la famille ou, tout simplement, de se rencontrer entre jeunes parents. Le LOFT offre des activités régulières et gratuites adaptées aux intérêts des (futures) familles.

Dans le même registre, nous avons créé KufiKa (Kultur fir Kanner), une initiative gratuite de la commune visant à faire découvrir aux enfants les diverses formes d’expressions culturelles et à favoriser le vivre ensemble, la cohésion sociale et le bien-être partagé. Ce projet unique à Strassen et réalisé quatre à cinq fois par an favorise les rencontres entre les artistes et les citoyens dans le but de promouvoir et de faire connaître les arts comme la musique, le chant, la danse, le théâtre, la magie, etc. KufiKa est aussi une plateforme de dialogue entre les familles ayant des enfants entre trois et douze ans qui promeut les rencontres, les échanges et les interactions dans un cadre convivial et en dehors de l’école.

Nos clubs sportifs et associations locales représentent aussi un bon vecteur d’intégration. Le football, le volleyball, la gymnastique ou encore la musique sont autant de disciplines qui comptent de nombreux étrangers parmi leurs licenciés. De plus, la maison ukrainienne que nous avons ouverte il y a deux ans est toujours fréquentée et très active, mais sera transformée en maison interculturelle pour s’ouvrir à toute la population. Elle conservera son rôle solidaire et humanitaire, mais se complètera par d’autres activités pour les associations qui composent notre commune.

Pour faire face à la pénurie de bénévoles, vous avez décidé de lancer une plateforme locale…

Nous n’échappons pas au manque de bénévoles auquel sont confrontées beaucoup d’autres communes. Nous réalisons actuellement un projet qui prend la forme d’une plateforme de bénévolat locale. D’un côté, les clubs et associations s’inscrivent pour répertorier leurs besoins (tenir une buvette, laver des tricots, aider pour la fête de l’école, etc.). De l’autre, les citoyens intéressés peuvent consulter les annonces et soutenir régulièrement ou ponctuellement les acteurs du vivre-ensemble dans notre village. Cette plateforme, une première au Luxembourg, sera créée cette année et sera disponible sur notre site internet.

Et pour les seniors ?

Les personnes âgées de Strassen ne sont pas oubliées et sont invitées à participer à la vie locale. Toutes les deux semaines, nous convions nos citoyens de plus de 60 ans au Mëttesdësch au centre culturel Paul Barblé. Là, de nouveau, énormément de nationalités se côtoient !

Notre club senior Aktiv Plus est également très dynamique. Il propose régulièrement de nombreuses activités sportives et culturelles telles que la marche, des voyages, des sorties au cinéma, théâtre, exposition, etc.

Enfin, nous développerons un Centre intégré pour personnes âgées (CIPA). Celui-ci sera établi à côté de l’actuel Centre Résidentiel et d’Accueil pour Personnes Âgées et accueillera les seniors qui ont besoin d’une structure de soins plus poussés pour leur permettre de rester dans notre commune. Cette infrastructure modulaire qui comptera environ 60 lits est en cours de planification avec un bureau d’architectes. Nous espérons finaliser le projet durant cette mandature.

Un dernier mot sur la 12e Biennale d’Art Contemporain ?

Créé en 2001, cet événement fait partie des manifestations phares de notre commune, tout comme le Stroossefestival. La Biennale d’art contemporain est devenue un événement incontournable de la scène artistique locale et de la Grande Région. Cette année, pour la première fois, la Biennale est placée sous un thème spécifique, à savoir celui de la durabilité. Un jury d’experts et de spécialistes sélectionnent actuellement les œuvres d’artistes de renommée du Luxembourg et de la Grande Région. Celles-ci seront à découvrir du 10 au 26 mai prochains au centre culturel Paul Barblé.

Administration communale de Strassen
1, Place Grande-Duchesse Charlotte
L-8001 Strassen
www.strassen.lu