L’enjeu économique majeur de la transmission d’entreprise

La bonne santé financière et économique d’un pays passe par les entreprises qui créent de la valeur. Celles-ci suivent un cycle de vie classique: elles naissent, grandissent, prospèrent et, avec le temps, doivent être transmises. Sensibles et parfois méconnues ou retardées, les transmissions d’entreprise soulèvent plusieurs enjeux économiques, juridiques ou financiers qui se mêlent au sentimentalisme. Dominique Quinaux, Manager Business Banking chez ING Luxembourg, nous en dit plus.

Pouvez-vous présenter ING Luxembourg?

ING est un groupe bancaire de rang mondial avec une prédominance dans le Benelux. Au Luxembourg, ING est une banque universelle. En effet, plusieurs piliers bancaires y sont donc attachés. Le «Retail Banking», pour les personnes physiques et morales (professions libérales, indépendants, petites et moyennes entreprises…), en fait partie. Au sein de la banque, on retrouve le «Business Banking». La transmission d’entreprise se traite notamment dans ce département.

Quel est le rôle de la banque en matière de transmission d’entreprise?

La transmission d’entreprise nécessite des interventions de différents corps de métier: avocats, services fiscaux, experts en immobilier, etc. En tant que banquier, notre rôle est d’alerter notre client par rapport à ce sujet. Nous le conseillons également sur le volet financier. Une transmission se prépare en effet en amont et peut durer six mois comme plusieurs années. Les approches varient selon la complexité et la structure de l’entreprise. Nous accompagnons le client avec l’objectif d’assurer la pérennité de la société, en écoutant et en comprenant l’acquéreur et le vendeur. Il est avant tout primordial de se concentrer sur les intérêts de l’entreprise. Leur qualité forge en effet la solidité économique et financière d’un pays.

Nous manquons de statistiques en la matière mais il semblerait que, durant cette décennie, 200 entreprises soient concernées chaque année par une transmission au Grand-Duché, ce qui impacte des milliers de salariés.

Quelles sont les spécificités insoupçonnées inhérentes à une bonne transmission d’entreprise?

Pour une transmission d’entreprise réussie, il faut prendre en compte plusieurs étapes. D’abord, il est nécessaire de se poser les bonnes questions: pourquoi vendre? À qui et quand? Ensuite, il s’agit de préparer l’entreprise en amont de la vente, puis de la valoriser. S’en suit une analyse complète de la société avec un audit financier et environnemental ainsi qu’une étude de risques puisque ses actifs et passifs sont intégrés dans la transmission. À noter que les aspects environnementaux sont de plus en plus intégrés. Cette analyse se nomme «Due Dilligence». Par après interviennent les aspects fiscaux, légaux et transactionnels, puis le financement de la transaction et, enfin, le choix futur dans les modèles de gouvernance et de management. Lors d’une transmission d’entreprise, il ne faut pas négliger le contexte humain qui est très important.

Est-ce un sujet «tabou»?

Il n’est pas tabou mais très sensible. Pourtant, la transmission d’entreprise fait partie du cycle de la vie d’un entrepreneur et de sa société. Il existe plusieurs raisons pour lesquelles un entrepreneur choisit de céder sa place: la retraite, la perte d’envie, les problèmes de santé, la fatigue mentale, la conformité aux exigences ou aux modes actuelles, etc.

La transmission d’entreprise fait partie du cycle de la vie d’un entrepreneur et de sa société

Il est difficile pour un entrepreneur qui a créé son entreprise, l’a vue grandir et prospérer, de se dessaisir de son «bébé». C’est d’autant plus vrai pour les entreprises familiales. Malheureusement, les chefs d’entreprise ne sont pas suffisamment préparés à transmettre leur bien un jour pour des raisons essentiellement culturelles. Même si cela reste rare, certains d’entre eux y pensent et commencent à intégrer leurs enfants ou à placer des collaborateurs de confiance au sein du conseil d’administration.

Certaines caractéristiques, notamment environnementales, digitales ou éthiques (RSE, fairtrade, etc.), prennent une part de plus en plus importante pour juger de la qualité d’une société. Quelle est leur place dans la transmission d’entreprise?

Ce sont des caractéristiques qui sont mises en lumière dans la «Due Dilligence» et dans l’étude de risques. Il est nécessaire de vérifier si le parc informatique est à refaire, s’il faut se mettre en conformité pour répondre aux exigences environnementales, etc. Un expert analyse ces risques en toute objectivité afin d’assurer la pérennité et la durabilité de l’entreprise.

Prenons le cas d’une station-service qui, à première vue, peut paraître comme un bon investissement. Or, à l’heure actuelle, une station possède son lot de points négatifs. L’expert vérifiera les réglementations en place et à venir, les agrémentations ou les contraintes énergétiques et environnementales qui corsent l’addition suite à une étude plus poussée et objective.

La transmission d’entreprise n’engendre-t-elle pas un conflit entre objectivité, subjectivité et sentimentalisme?

Bien sûr. C’est pourquoi il faut s’entourer d’experts et de conseillers qui dévoilent les points forts et faibles en toute objectivité et en se basant sur du factuel et des chiffres. Quant à l’acquéreur et au vendeur, ils sont forcément subjectifs et ce dernier l’est d’autant plus car il est attaché à son entreprise.

ING Luxembourg S.A.
Business Banking
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