Les Tiny Houses, une solution à la crise?

Le concept de micromaison, apparu dans les années 1990 aux États-Unis, gagne en popularité et d’aucuns commencent à y voir une réponse potentielle à la crise immobilière. Si ce type d’habitation présente de nombreux avantages, dont son coût et son écoresponsabilité, il ne dispose pas encore de lois lui permettant de se répandre. En réaction à cette problématique, le ministère de l’Intérieur a élaboré un Guide de mise œuvre «Tiny Houses» fournissant des réglementations-types aux communes qui pourront ainsi mieux accueillir cette alternative sur leur territoire.

Un mouvement de plus de 20 ans

Entre 1978 et 2007, la taille moyenne des maisons aux États-Unis est passée de 165 à 230 m², alors que les familles n’ont cessé d’être plus petites durant cette période. Même constat en France où les habitations s’agrandissent de 11% entre 1984 (82 m²) et 2006 (91 m²).

Afin de contrer cette tendance et de revenir à un mode de vie prônant le minimalisme, le Tiny House Movement – ou mouvement des micromaisons – a progressivement fait son apparition durant les années 1990. Une Tiny House est définie par le ministère de l’Intérieur luxembourgeois comme «une construction amovible ou démontable, réalisée ni en maçonnerie ni en béton, constituant une seule unité de logement et présentant une surface construite brute inférieure à 50 m²».

Outre-Atlantique, ces nouvelles habitations connaissent un essor lors de la crise financière de 2008. Au Grand-Duché, elles mettent plus de temps à faire leur place mais, depuis plusieurs années, elles apparaissent comme une réponse intéressante aux problématiques du logement toujours plus importantes.

Des avantages, mais pas que…

L’aspect le plus attrayant des Tiny Houses est certainement financier. Ces petites habitations ont en effet l’avantage non négligeable d’être beaucoup moins coûteuses qu’une maison classique. Et cet élément pèse d’autant plus dans la balance que les prix de l’immobilier ont explosé ces dernières années au Luxembourg: selon les chiffres publiés par l’Observatoire de l’habitat, le prix moyen pour l’achat d’une maison atteint les 7.000 euros du m² au niveau national en 2022 (9.876 euros/m² dans la capitale), contre 5.492 euros/m² en 2020.

Le ministère de l’Intérieur ouvre la voie à l’installation durable des Tiny Houses au Luxembourg

La taille réduite de ces micromaisons permet également de diminuer drastiquement les besoins en énergie, et donc l’impact environnemental. Bien souvent, les constructeurs les conçoivent de sorte qu’elles soient les plus autonomes possibles, en les dotant de panneaux solaires et/ou photovoltaïques par exemple. Évidement, il est aussi beaucoup plus simple de les chauffer.

Pour ne rien gâcher, les Tiny Houses sont modulables: les habitants les adaptent totalement à leurs besoins spécifiques, que ce soit en passant par une entreprise spécialisée qui panifie la construction avec le client et fournit le logement clé en main, ou en optant pour la version en kit. Elles peuvent également être équipées de roues, comme c’est majoritairement le cas aux États-Unis, et offrent donc un mode de vie moins sédentaire.

Toutefois, il est également important de prendre en compte leurs inconvénients avant de tenter l’aventure, et celui qui complexifie le plus grandement un projet de Tiny House est le manque de réglementation communale.

Et au Luxembourg?

Pour répondre aux besoins en législation des communes, Taina Bofferding, ministre de l’Intérieur, a présenté le 3 mai dernier le Guide de mise en œuvre «Tiny Houses». Ce dernier met à la disposition des administrations communales des réglementations-types afin de proposer un cadre légal qu’elles peuvent ensuite intégrer à leurs PAG, PAP «nouveau quartier», PAP «quartier existant» et à leurs règlements sur les bâtisses, les voies publiques et les sites (RBVS). Ainsi, le ministère ouvre la voie à l’installation durable de cette nouvelle forme d’habitation au Luxembourg.

Si celle-ci ne constitue pas la réponse définitive à la crise immobilière – puisqu’elle ne peut atteindre des densités de construction élevées, elle a toutefois le potentiel pour contribuer partiellement à son amélioration en exploitant des terrains qui demeureraient autrement en friche. Elle apporte également une diversité dans l’offre de logement, ce qui permet d’augmenter la mixité sociale et, partant, la qualité de vie des résidents luxembourgeois.

Par P. Paquet