lux-Airport voit la vie en vert
Dans un monde où l’aviation représente l’un des plus gros émetteurs de CO2, chaque petite diminution constitue une grande victoire. De ce fait, l’aéroport de Luxembourg s’est engagé sur le chemin du zéro carbone, devenu inévitable. En 2020, il avait atteint le niveau 2 «Réduction» du Airport Carbon Accreditation, le seul programme mondial de certification de gestion du carbone pour les aéroports. Deux ans plus tard, il progresse encore et obtient le niveau 3+ «Neutralité Carbone». Cette avancée est le résultat d’un combat environnemental mené sur tous les fronts.
Un carburant vert
En mars dernier, lux-Airport annonçait l’acquisition d’une partie de la société Norsk e-Fuel qui produit des fuels synthétiques. Ce type de carburants est créé grâce à la technologie «Power-to-Liquid» (PtL) et à un processus en trois étapes. Tout d’abord, de l’hydrogène est extrait de l’eau à l’aide d’un électrolyseur alimenté par de l’énergie renouvelable (éolienne, photovoltaïque, etc.). En parallèle, du CO2 capturé sur des sites industriels ou présent dans l’air environnant est converti en matière première carbonée. Celle-ci est finalement synthétisée avec l’hydrogène et, ensemble, ils génèrent un hydrocarbure qui sera traité pour servir d’équivalent synthétique au kérosène.
Cette innovation, dont l’aéroport luxembourgeois profitera d’ici quelques années (la production débutant en 2024), permet de respecter les directives «Fit for 55» de la Commission européenne visant une diminution de 55% des émissions de CO2 d’ici 2030. À plus long terme, la Commission souhaite remplacer les carburants fossiles par les e-fuels, avec pour objectif une présence de 63% de ces derniers dans l’aviation en 2050.
Toutefois, ce n’est pas grâce à cette nouvelle acquisition que l’aéroport du Findel a obtenu le niveau 3+ du Airport Carbon Accreditation. Cette actualisation est le résultat de l’intensification d’un mouvement initié depuis plusieurs années.
Le courant passe durablement
lux-Airport a opté pour une électricité renouvelable et neutre en carbone pour alimenter tous ses consommateurs, que ce soit les véhicules, les bâtiments ou l’alimentation au sol des avions. De plus, lors de la rénovation de la piste, les éclairages existants ont tous été remplacés par des LED. C’est également ce type d’équipement qui a été installé dans le parking souterrain, où s’ajoute un programme d’allumage automatique en fonction de la fréquentation.
Une biodiversité préservée
Pour qu’un établissement soit durable, il doit veiller à sa consommation d’énergie, mais également à son impact sur l’environnement qui l’entoure. Dans ce sens, l’aéroport de Luxembourg, en collaboration avec l’Administration de la Navigation Aérienne (ANA), a accueilli 100.000 nouvelles recrues… des abeilles mellifères!
Leur venue présente de nombreux avantages: non seulement elles permettent de repeupler les environs où, depuis plusieurs années, la possibilité de leur extinction se fait de plus en plus probable, mais elles font également vivre l’agriculture car 84% des espèces végétales cultivées en Europe dépendent directement d’insectes pollinisateurs tels que les abeilles mellifères.
La cerise sur le gâteau: le miel qu’elles produisent est le reflet de leur environnement. L’analyser offre donc la possibilité de poser un diagnostic sur la qualité de l’air dans leur lieu de vie et, partant, dans le nôtre.
Repenser la gestion des déchets
L’aéroport de Luxembourg est le premier à considérer le problème des mégots de cigarette envahissant les espaces publics et représentant un véritable désastre écologique. Pour trouver des solutions, il collabore avec le Shime et MéGO!. Le premier est une société qui se charge d’installer des cendriers, de collecter leur contenu et de le transporter vers un centre de recyclage, ce dernier pouvant être le MéGO! puisqu’il s’agit d’un établissement de ce type. Celui-ci a la particularité d’avoir créé un processus d’assainissement et de réutilisation des matières premières des restes de cigarettes.
lux-Airport a opté pour une électricité neutre en carbone pour alimenter tous ses consommateurs
En revanche, ce partenariat permet uniquement de limiter la pollution de l’espace commun et de traiter les mégots. La quantité de déchets, quels qu’ils soient, demeure identique. En réaction, lux-Airport a remplacé ses gobelets en plastique par des gourdes réutilisables. Si l’utilisation de ceux en carton aurait elle aussi permis de réduire la présence du plastique, l’impact écologique n’aurait pas été suffisant voire intéressant, la production de verres en carton consommant et salissant une grande quantité d’eau.
Grâce à ces actions, l’unique aéroport international du Grand-Duché laisse entrevoir une lueur d’espoir pour la diminution de l’impact écologique du transport aérien. Cependant, le chemin reste long. Encore aujourd’hui, l’aviation civile émet 3% des émissions de CO2 mondiales, ce qui représente près de 660 millions de tonnes par an et 20.000 kilos par seconde1!
1 www.planetoscope.com/transport/Avion
Par P. Paquet