Plasturgie et biométhanisation, quels liens dans une économie circulaire?

Depuis son arrivée à la direction de Naturgas Kielen, Xavier Maka soutient l’idée que les installations de biométhanisation ont un rôle à jouer dans le recyclage des emballages qui entourent certains biodéchets. Aujourd’hui, il revient sur l’industrie du plastique, dans laquelle il a exercé pendant trente ans, et démontre comment les deux secteurs pourraient travailler de pair dans une économie qui tend vers davantage de circularité.

Des intrants indésirables

La centrale de biométhanisation Naturgas Kielen est alimentée par des effluents agricoles – le fumier et le lisier, des cultures énergétiques et des biodéchets provenant de la grande distribution, des collectivités, des particuliers ou encore de l’industrie agroalimentaire. Ces derniers sont bien souvent conditionnés dans des contenants en verre, en carton ou des emballages en plastique et doivent être déballés et hygiénisés avant de pouvoir faire leur entrée dans le digesteur. Quant aux indésirables qui les entourent, ils sont triés pour gagner leur filière de recyclage. «Ainsi, une installation de biométhanisation produit, certes, du méthane vert, mais elle génère aussi des déchets, des substances interdites d’entrée dans le fermenteur et dont il faut se séparer. Les plastiques, eux, partent pour l’incinération. C’est un processus intéressant dans la mesure où il permet de produire de la chaleur et de l’électricité par cogénération, mais qui n’est pas rentable puisqu’il nous coûte entre 180 et 200 euros la tonne. Au-delà de la dimension économique, rappelons que des directives européennes vont imposer progressivement des taux de recyclage: 50% des emballages plastiques devront être recyclés d’ici à 2025, puis 55% à l’horizon 2030. Il faudra donc mettre en place les structures nécessaires au recyclage d’un tel volume, et nul doute que les installations de biométhanisation pourraient avoir leur rôle à jouer», explique le directeur de Naturgas Kielen.

De la biométhanisation à la pétrochimie: remonter la chaîne

Pour bien comprendre la place des plastiques dans l’économie (linéaire puis circulaire), il convient de remonter la chaîne de valeur. Les plastiques sont issus de la pétrochimie, l’une des industries les plus complexes à ce jour. Les matières premières, comme le pétrole ou le gaz naturel, sont transformées, après raffinage, craquage et polymérisation, en produits et sous-produits dont seront issus les polymères qui, par extrusion, injection ou par moulage, constitueront nos produits d’emballage. «Si les plastiques sont diabolisés aujourd’hui, c’est d’une part pour les monticules de déchets qu’ils génèrent et d’autre part pour les millions de tonnes de CO2 émises lors de leur production. Mais n’oublions pas que le plastique est un très jeune produit historiquement parlant. Le verre, le papier et l’acier sont connus depuis des siècles alors que la première bouteille en plastique, elle, date de 1969. Nous décrions donc aujourd’hui une industrie qui est toujours dans sa phase de croissance, voire de positionnement, tout en lui demandant de continuer ses développements sans polluer. Car oui, le plastique a évolué et permet de garder les produits frais comme aucune autre matière. Serions-nous prêts à l’abandonner et à accepter les inconvénients d’une consommation immédiate? Le plastique n’est pas une aberration, le scandale réside dans la manière dont nous le traitons. Tout est question d’éducation et de politique», précise Xavier Maka.

De nombreux développements ont été réalisés pour permettre un recyclage plus efficace des matières plastiques

Sans compter que de nombreux développements ont été réalisés pour permettre un recyclage plus efficace de ces matières plastiques. À côté du recyclage mécanique – qui, en conservant la matière en l’état, permet de produire de nouvelles particules pouvant être réutilisées directement par le transformateur de matières plastiques – se développe aujourd’hui le recyclage chimique. Celui-ci, parce qu’il modifie la structure chimique des déchets, permet d’extraire d’un mélange de plastiques une huile qui, plutôt que de retourner chez le transformateur, regagnera le début de la chaîne, à savoir l’industrie pétrochimique.

Pour une stratégie commune à la filière des déchets

Un réel souci demeure pourtant dans la collecte des déchets qui ont été générés à chaque étape de la chaîne. «Les premiers sont engendrés dès la production des emballages, mais ont l’avantage d’être d’origine connue et propres, ce qui en facilite le recyclage. Quand les plastiques sont utilisés par les emballeurs, il y a forcément des rebuts, relativement facilement recyclables pour les mêmes raisons. Une fois que les palettes arrivent dans les entrepôts des distributeurs, puis des supermarchés, elles sont installées dans des racks et débarrassées de leur emballage. À nouveau, le plastique est plus ou moins propre à cette étape. Mais arrive ensuite le consommateur final qui se procure ces produits emballés. Chez lui, y a-t-il un tri? La matière est-elle salie? C’est là que les installations de biométhanisation deviennent intéressantes puisqu’elles peuvent récupérer ce genre de produits contaminés qui ne peuvent intégrer directement la filière de recyclage. Mais un schéma de recyclage doit forcément se mettre en place pour traiter ces déchets en fonction de leur qualité. Pour ce faire, il nous faut une politique commune qui intègre l’ensemble de la filière des déchets, fraction organique comprise. Malheureusement nous manquons d’une plateforme qui permettrait de rassembler aussi bien les collecteurs que les valorisateurs de déchets et les ministères de l’Énergie, de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Économie», conclut Xavier Maka.

Naturgas Kielen
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