PLEIN SOLEIL SUR LE PHOTOVOLTAÏQUE

Plus de doute possible : la cellule photovoltaïque doit entrer dans l’ADN de nos sociétés pour répondre au défi du changement climatique. Anouk Hilger, Head of Renewable Energies chez Enovos Luxembourg, fait la lumière sur les différentes technologies photovoltaïques déployées par le groupe et nous éclaire sur les conditions techniques, économiques et environnementales inhérentes à leur installation.

Le 15 octobre, vous avez inauguré, en partenariat avec Arthur Welter Logistics, la plus puissante installation photovoltaïque sur toit mise en place par Enovos, démontrant au passage l’importance de ce type de collaborations. Quels sont leurs avantages ?

Au Luxembourg, trouver des surfaces appropriées à l’installation de centrales photovoltaïques est l’un des principaux défis. Nous cherchons en effet les toitures les plus larges qui soient afin de tirer profit d’un certain effet d’échelle. Plus les dimensions sont importantes, meilleur sera le rendement et plus simples seront le pilotage et l’opération des centrales. Ces surfaces, nous les trouvons généralement auprès de partenaires industriels. À titre d’exemple, le nouveau hall de stockage d’Arthur Welter à Dudelange nous a fourni une surface permettant d’aménager une installation d’une puissance de 2,68 MWc. Dès l’an prochain, nous prévoyons d’équiper les toitures de deux halls logistiques de Kuehne + Nagel, à Contern, pour une puissance de 3,6 MWc et 2,7 MWc.

Outre les installations en toitures, nous développons actuellement trois autres types de technologies : les centrales au sol et, grandes premières luxembourgeoises pour 2021, des ombrières de parking et des installations flottantes. Des projets pour lesquels nous comptons également sur nos partenaires industriels et qui nous permettent d’optimiser d’autres types de surfaces.

Dans les pays limitrophes, les puissantes installations au sol ne sont pas rares. Au Grand-Duché, la donne est un peu différente en raison du manque de terres et des controverses quant à leur usage. Il convient bien sûr de chercher le bon équilibre entre l’agriculture, l’environnement et la production d’énergie. Nous avons trouvé un compromis à Junglinster et Beidweiler, sur les sites de transmission de RTL Group. Parcourus d’un dense réseau de câblage dans le sol, ces terrains industriels ne peuvent être ni exploités pour le développement urbain ni transformés en terres agricoles. Nous sommes toutefois parvenus à les valoriser davantage en y aménageant quelques 23 000 panneaux produisant près de 7 000 MWh par an. Par ailleurs, en collaboration avec l’Administration de la nature et des forêts et un berger des environs, nous avons opté pour l’éco-pâturage et nous accueillons des moutons sur le site de Junglinster pour entretenir le terrain. C’est un bel exemple d’optimisation.

Le principe est le même pour nos projets de carports et d’installations flottantes : il s’agit de donner un double usage à des surfaces déjà utilisées à d’autres fins. Nos premières ombrières photovoltaïques pour parking seront aménagées sur le site de Goodyear, à Colmar-Berg. Quant à nos panneaux flottants, ils seront installés sur le bassin industriel d’ArcelorMittal à Differdange. Utilisé comme bassin de refroidissement de l’eau d’un côté, il sera exploité pour produire de l’énergie de l’autre.

Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a affirmé que « toute nouvelle construction devrait être « PV ready » dès sa planification ». Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est ainsi que nous qualifions les nouvelles constructions directement conçues pour recevoir une installation photovoltaïque. En toiture, c’est la statique qui doit faire l’objet d’une attention particulière. Les structures et les panneaux pèsent leur poids ; une charge supplémentaire que le toit du bâtiment doit pouvoir supporter. Cela demande également de revoir l’emplacement d’autres équipements techniques comme le chauffage ou la ventilation. Qu’ils soient posés sur la toiture ou suspendus au plafond, les calculs sont différents. Il serait important d’intercéder auprès du Cluster for Logistics dont est doté le Luxembourg et des promoteurs de grands bâtiments pour sensibiliser les industriels et promouvoir de nouvelles constructions qui soient directement aptes à accueillir une installation photovoltaïque.

Quels sont les spécificités techniques et les prérequis nécessaires à l’aménagement des trois autres types d’installations ?

Avant de présenter un projet de tout type, il faut premièrement veiller à ce que son design soit optimisé de façon à bien capter le soleil et éviter les ombrages. Deuxièmement, il faut prévoir l’équipement nécessaire pour sa connexion au réseau (onduleurs, transformateurs, câblage, etc.). Tous ces éléments sont pris en compte dans le business plan pour estimer les dépenses d’investissement et calculer le seuil de rentabilité de l’installation.

En ce qui concerne les installations au sol, la statique des terrains qui supporteront le poids des équipements doit être minutieusement étudiée. Conformément au cahier des charges du ministère de l’Énergie, ces interventions s’effectuent sur des sites industriels ou d’anciennes décharges. Il s’agit donc de s’assurer qu’il ne puisse y avoir d’effondrement de terrain. En outre, ce type d’installation nécessite la réalisation d’études environnementales – un relevé de la flore en particulier – et l’obtention d’une autorisation du ministère de l’Environnement. Certaines mesures compensatoires sont parfois à prévoir.

Promouvoir de nouvelles constructions qui soient directement aptes à accueillir une installation photovoltaïque

Pour les carports, l’enjeu concerne davantage l’orientation. À défaut d’une exposition plein sud, une solution est-ouest peut être envisagée. Dans ce cas de figure, les panneaux sont placés dos à dos et orientés de manière à capter la lumière sur un plus long laps de temps, du lever au coucher du soleil. À surface égale, ils permettent de produire autant d’énergie que des panneaux orientés sud.

Enfin, les installations flottantes nécessitent une bonne planification des points d’ancrage en berge de même qu’une autorisation environnementale ainsi qu’une autorisation de l’administration de la gestion de l’eau. Par contre, la question de l’ombrage ne se pose normalement pas puisque les panneaux sont installés au milieu du bassin. Autre avantage : l’étendue d’eau a un effet refroidissant sur ceux-ci, ce qui améliore leur rendement !

Le Luxembourg s’est fixé l’objectif d’atteindre une part de 23 à 25% de consommation d’énergies renouvelables d’ici 2030. Quel est l’impact de la politique climatique du gouvernement sur votre entreprise ?

L’aspiration du groupe est d’être un des leaders de la transition énergétique et un acteur majeur de l’énergie durable, aussi bien dans la fourniture que la production. De ce point de vue, nous accueillons avec plaisir les visées du gouvernement. L’objectif est ambitieux mais absolument nécessaire. Chaque kWh généré compte, qu’il provienne de la petite installation photovoltaïque d’un particulier ou des grandes centrales qu’installe Enovos Renewables. Notre département met tout en œuvre pour contribuer à la transition énergétique en misant essentiellement sur le photovoltaïque et l’éolien, via la société Soler (joint-venture entre Enovos et SEO). Notre pipeline de projets dans ce domaine est très important. Actuellement, nous totalisons 91 MW de puissance installée, auxquels viendront bientôt s’ajouter environ 200 MW supplémentaires.

Dans le solaire, un total de 15,67 MW de puissance photovoltaïque est réparti sur tout le pays à l’heure actuelle et 19,45 MW de plus sont prévus pour 2021. Nous nous préparons aussi à répondre au troisième appel d’offres du gouvernement. Cette fois, un plan pluriannuel sur trois ans a été communiqué. Nous nous réjouissons de cette initiative qui nous permet d’organiser le travail de nos équipes et les discussions avec nos partenaires sur le plus long terme.

Enovos Luxembourg S.A.
L-2089 Luxembourg
8006-6000 (numéro gratuit)
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