Promouvoir, fédérer et faciliter la transition durable des entreprises

Comment établir une stratégie ESG? Quels sont les financements qui facilitent la transition durable? Comment se conformer à la CSRD? Par où commencer un processus de labellisation? Ce sont autant de questions que se posent des firmes de toutes tailles et de tous secteurs. C’est pour répondre à ces interrogations que la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers ont lancé, en avril, la House of Sustainability, une plateforme de coordination, fédératrice et facilitatrice qui a pour vocation d’accélérer la transition durable des entreprises. Présentation avec Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability & Business Development à la Chambre de Commerce, et Gilles Reding, Directeur Conseils & Services, Affaires environnementales & Technologies à la Chambre des Métiers.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de la House of Sustainability?

AML: L’idée de la House of Sustainability est née au sein d’un groupe de travail de la Chambre de Commerce dédié au développement durable et composé d’entreprises des secteurs de l’industrie, de la finance et des transports. Nous nous sommes appuyés sur ses travaux menés de 2020 à 2022 pour installer une nouvelle gouvernance devant permettre d’engager l’ensemble des entreprises sur la voie de la transition. Dans une première phase, nous avons développé les dix Luxembourg Sustainable Business Principles (LSBP) puis, lors d’une seconde, un mapping des outils et solutions qui existent aujourd’hui pour accompagner les entreprises en la matière. Ces travaux nous ont permis d’identifier leurs besoins pour aller plus loin dans la démarche, mais aussi de repérer les initiatives existantes qui manquaient de visibilité. De là, nous avons voulu mettre en place une plateforme de coordination qui réconcilierait les besoins avec les solutions proposées par l’écosystème en place. Nous avons naturellement associé la Chambre des Métiers à l’initiative pour obtenir une couverture complète du milieu économique.

GR: La Chambre des Métiers contribue au projet en y apportant le point de vue des artisans et a l’ambition de développer une offre qui cible les sociétés de toutes les tailles. Cela me paraît d’autant plus important que les petites et moyennes entreprises sont confrontées à des obligations grandissantes en raison de la législation européenne en matière de développement durable et notamment de l’entrée en vigueur de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). Il est de notre devoir de faciliter la transition de ces entreprises en les sensibilisant et les informant à ce sujet.

L’artisanat étant l’un des piliers de la transition énergétique, il nous paraît indispensable de le promouvoir au sein de la House of Sustainability. Les entreprises auront besoin de son savoir-faire pour se décarboner. C’est en cela que je trouve la synergie intéressante.

Quelles sont les missions de la House of Sustainability?

AML: Elle a pour vocation d’accélérer et de faciliter la transition durable des entreprises, notamment par la mise en œuvre des LSBP – qui visent justement une intégration plus systémique des enjeux et des opportunités du développement durable au cœur de leurs stratégies – via des mesures d’information, de sensibilisation, d’orientation, de formation, de valorisation et de labellisation. En s’associant pour lancer cette nouvelle initiative, les deux Chambres avaient la volonté de fédérer les acteurs de l’écosystème du développement durable et d’instaurer une gouvernance basée sur les besoins des entreprises.

Quels services et outils propose-t-elle?

AML: Tout d’abord, nous avons créé une plateforme web: sustainability.lu. Il s’agit d’un portail de référence qui offre un aperçu de l’écosystème des acteurs du développement durable, des services adressés aux entreprises en la matière, des labels auxquels celles-ci peuvent prétendre et des événements de nos partenaires. Nous avons également mis en place les «Sustainability Cycles», des mois thématiques autour des dix principes du développement durable. Le mois de juin était consacré à la stratégie ESG et juillet sera celui de la décarbonation. Chaque mois est rythmé par quelques temps forts comme des événements ou des ateliers pratiques.

GR: En parallèle, nous avons mis en place un service d’orientation personnalisé et des programmes d’accompagnement plus spécifiques permettant d’anticiper l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations telles que la Corporate Sustainable Due Diligence Directive mais aussi de prétendre à l’obtention d’aides existantes comme le SME Package – Sustainability ou le Starter Kit RSE, deux initiatives de la Direction générale des Classes moyennes du ministère de l’Économie. Des équipes des deux Chambres informent, sensibilisent et aident les entreprises intéressées à monter leur dossier en vue de leur obtention.

La House of Sustainability est également active en matière de formation. Dans ce domaine, nous travaillons avec nos propres organismes, en l’occurrence la House of Training et CdM Formation pour développer de nouveaux formats autour du développement durable. De son côté, la Chambre des Métiers offre notamment une formation «conseiller en économie circulaire et bas carbone» en collaboration avec l’IFSB ou propose encore des cycles de formation dédiés à la construction durable qui débouchent sur la labellisation «Nohalteg an d’Zukunft+».

AML: Quant à la House of Training, elle a développé, entre autres, les Luxembourg Sustainability Management Series: un cycle additionnel de dix modules (un pour chacun des LSBP) qui s’inscrit dans le cadre d’un MBA Highlights Programme délivré en collaboration avec Solvay. Chaque module traite de méthodologie, de concepts clés et intègre un témoignage d’entreprise.

Enfin, la House of Sustainability entend promouvoir la labellisation, notamment ESR. Ce label est attribué par l’INDR, qui est également une initiative conjointe de nos deux Chambres et qui certifie quelque 280 entreprises actuellement.

Pour les entreprises, quels sont les risques et opportunités associés à la durabilité et quel est leur rôle dans la transition vers une société plus durable?

AML: D’un côté, les entreprises font face à des exigences croissantes que cela soit via la réglementation ou parce qu’elles sont soumises, d’une manière générale, à des attentes  grandissantes pour délivrer un impact positif et réduire les externalités négatives. De l’autre, en s’y conformant, elles réduisent leur exposition à divers risques et s’assurent un certain avantage concurrentiel. Mais le développement durable leur offre de nombreuses autres opportunités économiques: elles peuvent améliorer leur productivité en utilisant les ressources de manière plus efficace, développant et employant de nouvelles technologies et des modèles circulaires, mais aussi retenir les talents à plus long terme.

GR: Les entreprises jouent un rôle crucial dans la transition durable. Elles sont tout simplement indispensables pour apporter des réponses et des solutions opérationnelles aux défis sociétaux et environnementaux. C’est particulièrement vrai pour l’artisanat en matière de transition énergétique.

Quels sont les prochains rendez-vous à ne pas manquer?

GR: Le mois de juillet sera marqué par trois temps forts: le 5, nous organiserons un atelier sur la réalisation d’un bilan carbone, le 13, un webinaire sur le Protocole des gaz à effet de serre et, le 18, un événement sur la taxonomie européenne, ses opportunités et ses défis pour les PME. D’autres thématiques seront abordées en fin d’année: la due diligence dans la chaîne de valeur en octobre, l’économie circulaire en novembre et le reporting ESG en décembre. Nous fêterons également 15 ans de RSE au Luxembourg le 21 septembre, lors de l’anniversaire de l’INDR.

Par A. Jacob