RECETTES POUR L’ÉGALITÉ

Cela n’aura pas échappé aux plus attentifs à l’actualité gouvernementale: la question de l’égalité des sexes a ressurgi avec force au cours des dernières semaines. Et pour cause, Taina Bofferding, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a successivement présenté le nouveau plan d’action national pour une égalité entre les femmes et les hommes (PEGA) et le programme Actions Positives axé sur l’égalité au travail. Détails.

Etat des lieux

Est-il nécessaire de rappeler que l’égalité des sexes, droit fondamental à la personne, est encore loin d’être une réalité? Certes, nous pouvons nous réjouir des progrès réalisés au cours des dernières décennies. «Davantage de filles sont scolarisées, moins de filles sont contraintes de se marier précocement, davantage de femmes siègent dans les parlements et occupent des postes de direction, et les lois sont réformées afin de faire progresser l’égalité des sexes », affirme l’ONU. Mais des défis de taille demeurent, « les lois et les normes sociales discriminatoires restent omniprésentes et les femmes restent sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir politique»1 , reconnaît également l’institution.

Se positionnant sur la 10e marche du classement, le Luxembourg est globalement au-dessus de la moyenne européenne dans l’indice d’égalité de genre élaboré chaque année par l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Toutefois, sa progression depuis 2005 est moins soutenue et inquiète. Selon le ministère, «en supposant une croissance de 0,1 par an, il faudrait 308 ans pour atteindre une égalité de fait entre femmes et hommes »2 . Raison de plus pour agir.

Vivons l’égalité

Le 17 juillet dernier, Taina Bofferding présentait «Vivons l’égalité», son nouveau plan d’action national pour l’égalité entre les sexes dans les tous les domaines du quotidien (le travail, l’éducation, la vie privée et le vivre ensemble dans l’espace public). L’ambition de la ministre: « transformer l’égalité de droit entre femmes et hommes en une égalité de fait ». Pour ce faire, le PEGA propose 48 mesures et 99 actions regroupées en 7 priorités thématiques.

La première relève de l’incitation et du soutien à l’engagement citoyen et politique. En d’autres termes, il s’agit d’offrir un appui politique et financier aux initiatives visant à promouvoir ou atteindre une égalité de fait entre les hommes et les femmes ou encore d’informer et sensibiliser la société civile à la problématique lors de journées-clés. Le second paquet de mesures entend lutter contre les stéréotypes et le sexisme, aussi bien dans les mentalités, le marketing ou les médias que dans le langage ou l’usage du nom des femmes selon leur statut matrimonial. La troisième priorité du plan réside dans la promotion de l’égalité dans l’éducation, que ce soit via les programmes de cours, la formation du personnel enseignant ou encore l’orientation des élèves. Après l’enseignement, l’emploi. La quatrième thématique du PEGA concerne l’égalité professionnelle. Il s’agit notamment de renforcer l’égalité salariale, d’améliorer l’équilibre vie privée – vie professionnelle et de promouvoir une meilleure parité hommes/ femmes dans tous les secteurs d’activité ainsi que dans les conseils d’administration. Cinquième axe du programme: favoriser l’égalité au niveau local. A cet égard, le ministère endossera un rôle actif de partenaire-conseil des communes dans la mise en œuvre d’une politique promouvant l’égalité des genres. Il entend également prendre des mesures visant à accroître le pourcentage de femmes engagées dans la politique communale. Sixième priorité du plan, et pas des moindres : lutter contre les violences domestiques. Pour ce faire, il faudra analyser et améliorer, si nécessaire, la législation sur la violence domestique et sa mise en œuvre, investir dans la prévention et améliorer la prise en charge des victimes. Enfin, le plan recense des mesures et actions devant encourager le développement d’une société plus égalitaire. Une fin en soi qui doit passer par la création d’un Observatoire de l’Égalité entre femmes et hommes, l’information des citoyens sur leurs droits et obligations ou encore la recherche de la parité en politique nationale.

Transformer l’égalité de droit entre femmes et hommes en une égalité de fait

Elaboré à partir d’avis recueillis auprès d’institutions publiques, d’associations, de gestionnaires du secteur social, de chambres professionnelles et de quelque 1 800 citoyens, le plan a été conçu comme une feuille de route dynamique et évolutive qui sera évaluée tous les trois ans et pourra faire l’objet d’adaptations. Comme l’a rappelé Taina Bofferding, c’est l’ensemble de la société qui doit l’embrasser: « l’égalité est une priorité politique transversale et fait appel à une responsabilité commune et partagée par l’ensemble de la société, donc par les femmes et les hommes ».

Plan d’actions positives dans la sphère professionnelle

Si le PEGA entend prendre des mesures dans tous les domaines du quotidien, la sphère professionnelle requiert une attention particulière. Ainsi, quelques semaines après la présentation du PEGA, le ministère a révélé son nouveau programme «Actions Positives » répondant aux évolutions du monde du travail. Cet instrument-clé accompagne les entreprises privées, les communes, les départements ministériels et les administrations publiques dans l’élaboration de leur plan d’action et la certification des bonnes pratiques en matière d’égalité entre les sexes.

Concrètement, l’organisation volontaire se prête à une analyse de ses pratiques, financée par le ministère. Une société de conseil, mandatée par ce dernier, recueille données qualitatives et quantitatives auprès de la direction et des salariés. À partir des résultats, l’entreprise passe à la phase suivante: l’élaboration d’un plan en sept actions devant assurer aux hommes et aux femmes un salaire égal à travail égal, une participation équivalente à la prise de décision et un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée. L’entreprise dispose ensuite d’une année pour mettre son plan en œuvre. Le label « Actions Positives » certifie ensuite les actions réalisées.

Une démarche qui prend tout son sens lorsqu’on sait qu’un bon équilibre hommes-femmes au travail augmente, d’une part, le bien-être des salariés et, d’autre part, les performances économiques. Participer au programme est donc un bon moyen d’accroître son attractivité en tant qu’employeur et, par conséquent, d’attirer les talents et de les retenir.

Par A. Jacob