Soler, poussée par des vents favorables

Soler n’a jamais produit autant d’énergie verte qu’en 2023. Et la société qui sera bientôt forte d’une équipe d’une quinzaine de personnes n’entend pas s’arrêter là. Elle se retrousse les manches pour atteindre à elle seule les objectifs nationaux fixés pour l’horizon 2030 tout en veillant à garantir un développement de l’éolien acceptable pour la population d’une part, et respectueux de la biodiversité d’autre part. Explications avec Paul Zeimet et Guy Uhres, respectivement administrateur délégué et responsable des énergies renouvelables chez Soler.

Une année à marquer d’une pierre blanche

Rétrospectivement, l’année 2023 a été véritablement unique dans l’histoire de Soler, et ce à plus d’un titre. Née d’une joint-venture entre SEO et Enovos, la société bénéficiait jusqu’alors de contrats de services avec les deux entreprises partenaires. Depuis le 1er avril dernier, elle embauche directement son propre personnel ; une nécessité au regard des objectifs ambitieux du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) et un plus pour son image de marque. « Nous serons une quinzaine de collaborateurs dans le courant de cette année, autant de personnes très engagées qui s’identifient fortement aux valeurs et à la mission de l’entreprise. Cette équipe travaille sur nos projets de A à Z : de leur développement à leur exploitation en passant par leur construction et, éventuellement, le repowering », déclare Paul Zeimet.

En doublant son nombre d’éoliennes entre 2012 et début 2024, l’entreprise a plus que quadruplé sa capacité installée et même sextuplé sa production d’énergie

L’année a été remarquable du point de vue de la production également. Avec ses 332 millions de kWh injectés dans le réseau – à savoir l’équivalent de la consommation annuelle de près de la moitié de la population luxembourgeoise – la société enregistre dans son secteur éolien un résultat record de bon augure pour l’atteinte de ses objectifs. « Nous nous réjouissons que le gouvernement ait augmenté les ambitions du PNEC. L’objectif fixé pour 2030, rien que pour l’énergie éolienne, est passé de 674 à 1.043 GWh. Soler compte bien s’aligner sur ce chiffre et estime même pouvoir le dépasser ! D’ici l’année prochaine, la production nationale avoisinera probablement les 470 GWh. Il faudra donc la doubler, sans néanmoins multiplier le nombre d’éoliennes par deux. Une trentaine d’éoliennes de nouvelle génération devrait suffire », assure Paul Zeimet.

Les progrès permis par l’évolution technologique sont impressionnants : fin 2023, le Luxembourg comptait 72 éoliennes en service, contre 74 en 2020, pour une capacité installée supérieure de 53% ! Même constat pour les infrastructures mises en place par Soler : en doublant son nombre d’éoliennes entre 2012 et début 2024, l’entreprise a plus que quadruplé sa capacité installée et même sextuplé sa production d’énergie. Ces résultats sont le fruit de nouveaux projets et d’importants travaux de repowering dans des parcs d’ancienne génération.

Un potentiel inexploité

Nul doute que l’entreprise surpassera encore son record grâce à la mise en service de nouveaux parcs. Une éolienne en construction au Wandpark Nordenergie commencera à injecter de l’électricité verte sur le réseau dès cet été. « Nous espérons obtenir prochainement les autorisations nécessaires pour commencer les travaux d’infrastructure sur de nombreux autres sites : entre autres à Schieren et Manternach pour une éolienne, au Wandpark Miersch pour deux autres et au Wandpark Kanton Réiden pour cinq éoliennes. Nous attendons également les autorisations requises pour la phase deux du projet Sudwand. Si les feux verts nous sont donnés rapidement, toutes ces infrastructures supplémentaires pourraient être opérationnelles à la fin de l’année prochaine », détaille le dirigeant de Soler.

Il faut toujours trouver l’équilibre entre ce qui est faisable et ce qui est acceptable pour la population

Pour accroître davantage le potentiel éolien du Grand-Duché, un assouplissement de certaines règles serait bienvenu. « Nous espérons que le nouveau gouvernement fixera des limites moins strictes que par le passé en ce qui concerne l’implantation de parcs éoliens aux abords des autoroutes et chemins repris. Les avancées technologiques le permettent désormais puisque les nouvelles éoliennes disposent d’un système de chauffage des pales qui dissipe tout risque de projection de glace », affirme Paul Zeimet.

Les mêmes progrès permettent aussi d’envisager l’équipement de nouveaux sites plus proches des zones industrielles. Citant l’exemple de l’Arlon Retail Park, situé juste à la frontière, le dirigeant de Soler en appelle à une révision de la règlementation qui permettrait d’exploiter le plein potentiel de zones luxembourgeoises similaires et affirme que son entreprise se verrait bien partenaire des communes et aussi de l’industrie dans le cas où ses vœux seraient exaucés. « La hausse des prix de l’énergie pousse l’industrie à repenser son approvisionnement. La plupart des entreprises pensent à produire leur énergie elles-mêmes, démarche plutôt complexe à laquelle nous pourrions apporter des solutions », estime Guy Uhres.

Une question d’équilibre

« Malgré la faible superficie du territoire luxembourgeois, il est donc toujours possible d’en faire plus, moyennant bien entendu les études de risque nécessaires et en respectant néanmoins une règlementation stricte en ce qui concerne les nuisances sonores. Il faut toujours trouver l’équilibre entre ce qui est faisable et ce qui est acceptable pour la population », considère Paul Zeimet.

C’est la raison pour laquelle Soler veille à maintenir un contact régulier avec les habitants des communes concernées par ses projets, les invitant à des séances d’information, à des visites de chantier ou encore à des événements comme les Journées Portes Ouvertes. Là, elle répond à leurs interrogations et apaise leurs craintes éventuelles, favorisant l’acceptation de cette forme d’énergie verte.

Parallèlement, Soler veille à maintenir un délicat équilibre entre production d’énergie et préservation de la biodiversité. D’ailleurs, les études environnementales préalables à tout développement coupent court à un tiers voire à la moitié des projets envisagés. Il n’est jamais question de faire des concessions : si l’avis des experts est catégorique, le projet est abandonné. Par contre, d’autres avancées technologiques permettent désormais de jouer en faveur de l’entreprise lorsque les résultats des études sont moins tranchés. « Sur le site Wandpark Aerenzdall, mis en tension à la fin de l’année dernière, nous avons installé des caméras qui, grâce à une intelligence artificielle, distinguent les différentes espèces d’oiseaux et déclenchent l’arrêt des rotors à l’approche d’une espèce protégée. Ainsi, au lieu d’abandonner un site prometteur ou d’interrompre la production en période de nidation par mesure de précaution, nous ne mettons les éoliennes à l’arrêt qu’en cas de danger pour l’animal. Globalement, nous sommes très satisfaits des mesures d’atténuation que nous avons mises en place au fil du temps. Depuis 2017, nous avons équipé une douzaine de milans royaux et de milans noirs de balises GPS grâce auxquelles nous avons pu constater qu’ils ne sont pas gênés par les éoliennes : non seulement ils évitent le périmètre du rotor lorsqu’ils chassent, mais ils regagnent les mêmes nids d’année en année », indique Guy Uhres.

Grâce à ces résultats et son expérience, Soler entend mener ses projets un peu plus loin : « Nous avons le vent dans le dos pour élargir notre portfolio. Si nous misons beaucoup sur le repowering au Luxembourg, nous envisageons aussi la création de nouveaux parcs, que ce soit au sein des frontières nationales ou au-delà, côté allemand dans un premier temps », conclut Paul Zeimet.

Soler S.A.
2, rue Pierre d’Aspelt
L-1142 Luxembourg
www.soler.lu