UN AVENIR AMBITIEUX POUR LA MOBILITÉ
Juste avant les fêtes de fin d’année, François Bausch, Vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité et des Travaux publics, a offert un présent qui devrait ravir les résidents luxembourgeois et les travailleurs frontaliers : l’inauguration du tronçon de tramway qui relie la Gare centrale à la Place de l’Étoile. Ce projet n’est en réalité qu’un maillon d’une chaîne de plusieurs mesures destinées à repenser la mobilité au Luxembourg à travers des initiatives plus durables et surtout beaucoup plus « smart ».
La réorganisation du réseau de bus RGTR
Le Régime général des transports routiers(RGTR) assure les services des autobus nationaux depuis 1978. En plus de 40 ans, il s’est affirmé comme le plus important fournisseur de services de transport public au Grand-Duché de Luxembourg. Les modes de vie et les besoins en matière de mobilité ont toutefois évolué depuis sa création, incitant le régime à se réorganiser progressivement depuis 2016 avec la ferme intention d’optimiser les flux et les différentes lignes : express, régionales primaires, régionales secondaires, transversales et locales. L’objectif affiché n’est autre qu’un recouvrement équilibré du territoire par un réseau efficace, organisé, lisible et facilement utilisable pour les usagers.
Les lignes locales seront par exemple en cohérence avec les lignes express, qui elles, permettront de relier un nombre important de localités. « De cette réorganisation résulteront un meilleur service le week-end et dans les soirées et une accélération générale du bus dans le but de le rendre plus compétitif par rapport à la voiture individuelle. De plus, des lignes de bus relieront les grandes localités en direct, sans passer par la ville de Luxembourg », résume François Bausch.
Le tram rapide pour relier la capitale et le Sud
Au Grand-Duché, la région Sud et le Sud- Ouest de la Ville de Luxembourg sont en plein essor et se développent à grande vitesse. Si l’on considère la croissance des échanges humains entre la capitale et le sud du territoire, ces deux pôles économiques bien distincts mais complémentaires ont besoin d’une offre de mobilité attractive et performante. C’est pourquoi le ministère a décidé de les rapprocher par un tram rapide qui relie, toutes les 7 minutes en heure de pointe, la Cloche d’Or et le quartier de l’Alzette à Esch-sur-Alzette en 14 minutes. Plus en détail, le projet comprend, entre autres, 13 nouvelles stations de tram, 17,5 km de tracé, 5 nouveaux pôles d’échange ainsi qu’une vingtaine de projets routiers destinés à l’optimisation des autoroutes ou à l’apaisement de rues dans les localités avoisinantes.
S’il est une solution pour répondre à la congestion chronique de l’A4, le tram rapide, couplé au nouveau corridor multimodal, permettra également aux communes de la région Sud de réorganiser la mobilité au sein de leur territoire. Il constituera aussi un trait d’union entre les points forts des deux pôles, notamment en matière de culture, d’enseignement ou de recherche. Un avant-projet de loi de financement devrait être déposé avant la fin de l’année 2022 pour une finalisation en 2028.
Un tram rapide qui relie, toutes les 7 minutes en heure de pointe, la Cloche d’Or et le quartier de l’Alzette en 14 minutes
François Bausch envisage également de prolonger le tramway au nord vers le Findel pour 2024. L’extension jusqu’à la Cloche d’Or – qui passerait notamment par le lycée Bonnevoie, le lycée Vauban et le Ban de Gasperich – est quant à elle prévue pour 2023.
« Je travaille pour que nous ayons un réseau complet de mobilité en 2028. Nous avons démontré que nous savions le faire. Tout ce qui a été fait jusqu’à présent a été mené en cinq ans finalement. La mobilité du futur, je l’ai toujours dit, repose sur le tram, qui en est un élément important, mais pas le seul : il faut des pôles d’échange, des parkings, etc. C’est la multimodalité qui est la bonne réponse globale », indique le ministre.
Une voie cyclable express : la « Vëloexpresswee »
Relier Esch-sur-Alzette à la capitale autrement que par la voiture, le train et le futur tram ? A l’avenir ce sera envisageable via la « Vëloexpresswee », la première voie cyclable express du pays. D’une longueur de 27,8 km, cette piste cyclable XXL d’une pente maximale de 6% et d’une largeur de 3,5 à 4,5 m devrait longer l’A4 et la N4. Dans la capitale, elle sera connectée à la gare, à la Cloche d’Or et Helfenterbruck, alors qu’à Esch-sur- Alzette, elle sera divisée en deux tronçons : l’une en direction de Belval et l’autre vers la gare.
La voie cyclable express permettra aux cyclistes de rouler en sécurité, sans se mêler au trafic motorisé, à quelques rares exceptions pour les véhicules agricoles. « Selon un sondage du ministère et de TNS Ilres réalisé en 2017, 55% des habitants se déplacent régulièrement à vélo et n’attendent que des pistes cyclables de qualité pour en faire davantage. Ils contribueront à réduire considérablement le split modal des automobilistes », rappelle François Bausch. A terme, la loi de 2019 prévoit 1102 km de pistes cyclables pour le réseau national.
De la Haute Vallée de l’Alzette à la gare d’Esch-sur-Alzette en BHNS
Les statistiques annoncent une forte croissance démographique dans la Haute Vallée de l’Alzette et le quartier de la « Lentille Terre-Rouge », sans compter les friches d’Esch-Schifflange qui deviendront des destinations importantes à l’avenir. Le bourgmestre de la ville d’Esch-sur-Alzette et François Bausch ont présenté en fin d’année dernière le concept d’un bus à haut niveau de service (BHNS) transfrontalier qui reliera la Haute Vallée de l’Alzette à la gare de la ville du Sud, au BHNS entre Pétange et Dudelange, au tram rapide et à un parking-relais qui sera installé au niveau de l’échangeur Lallange. De par sa cadence beaucoup plus élevée et un nombre d’arrêts beaucoup plus importants desservis du côté français et luxembourgeois, ce faisceau de lignes de bus transfrontaliers empruntant un corridor à haut niveau de service augmentera de façon substantielle l’offre en transports publics transfrontaliers par rapport à la navette ferroviaire actuelle.
Le projet mise ainsi sur une offre de mobilité multimodale cohérente et efficace, mais répond également à une condition indispensable au développement urbanistique transfrontalier. Les responsables politiques luxembourgeois et français entameront des pourparlers pour agir dans ce sens. « Je vois dans ce projet non seulement une offre de mobilité multimodale particulièrement attractive mais je le comprends aussi comme une condition à l’émergence d’une véritable agglomération transfrontalière », explique François Bausch.
La stratégie Modu2.0 et le Plan National de Mobilité 2035
Tous ces projets sont développés dans l’esprit de la stratégie pour une mobilité durable « Modu2.0 », lancée en 2018. Celle-ci reprend les principes fondamentaux de « MoDu » de 2012 en matière de multimodalité et de renforcement des transports en commun et des modes actifs.
Cette stratégie 2.0 a mis à jour et précisé les desseins de la version précédente. Elle intègre désormais les progrès technologiques récents, assure la cohérence avec les nouvelles stratégies nationales ou mondiales telles que les accords de Paris sur le Climat. Elle s’adresse également aux quatre plus grands acteurs de la mobilité au Grand-Duché : les citoyens, les communes, l’État et enfin les employeurs et les établissements scolaires. L’idée est que l’État continue à rattraper le retard en matière d’infrastructures pendant que les trois autres acteurs mettent en œuvre des mesures qui améliorent la mobilité tout en la rendant plus durable.
Une offre de mobilité multimodale cohérente et efficace, qui répond à une condition indispensable au développement urbanistique transfrontalier
L’objectif affiché pour 2025 est de réduire la congestion aux heures de pointe tout en transportant 20% de personnes de plus qu’en 2017 à travers quatre grands axes : accroitre les parts modales des déplacements domicile-travail mais également des déplacements domicile-école, augmenter le taux d’occupation des voitures et améliorer l’attractivité des transports en commun en atteignant, notamment, des temps de trajets inférieurs à ceux de la voiture pour les lignes de bus express aux heures de pointe. Avec la gratuité des transports en commun, l’ensemble de ces projets – qui vont dans le sens d’une mobilité plus durable – pourrait connaître un véritable succès auprès des usagers.
Basé sur les changements de paradigme de Modu 2.0, un Plan National de Mobilité pour l’horizon 2035 est en cours d’élaboration. Il sera présenté à la fin 2021.
Par P. Birck