Covid-19 et qualité de l’air : quelle corrélation ?
Deux crises planétaires semblent voir, ces derniers jours, leurs effets s’entremêler. La pandémie de coronavirus et le changement climatique dépassent les frontières et, partout, les chercheurs examinent les liens entre l’un et l’autre. Mais pourquoi ?
Une «autoroute» pour le virus
Si l’urgence sanitaire a pris le pas sur l’urgence climatique, une nouvelle étude menée par la Société italienne de médecine environnementale (SIMA), en collaboration avec les universités italiennes de Bologne et de Bari, a démontré que la propagation du Covid-19 aurait été accélérée par la pollution de l’air. Les chercheurs ont identifié spécifiquement certaines particules fines (PM10 et PM2,5) fortement concentrées dans les centres urbains comme Wuhan, foyer de l’épidémie, mais aussi dans la vallée très industrialisée du Pô, et connues pour agir comme vecteurs de transmission pour divers contaminants. Ces particules en suspension dans l’air sur lesquelles viennent se «fixer» le virus permettraient à leur «hôte» de survivre pendant plusieurs heures voire plusieurs jours selon les conditions atmosphériques et de se propager sur de longues distances. Cette étude, qui atteste d’un lien évident entre la concentration de PM10 et le nombre d’infections par le nouveau coronavirus en Italie, semble donc appuyer la thèse selon laquelle le Covid-19 pourrait survivre en suspension dans l’air dans certaines conditions. Des résultats à ne pas négliger puisqu’ils remettraient en cause la distance actuelle de sécurité. Pour les chercheurs de la SIMA, la lutte contre l’épidémie de coronavirus devrait ainsi sérieusement tenir compte de cette étude.
L’air des confinés de meilleure qualité
Bonne nouvelle s’il en est puisque les mesures de confinement drastiques mises en place un peu partout à travers le globe engendrent, en même temps qu’un ralentissement économique, un fléchissement de la pollution atmosphérique. Les cartes et images satellites pullulent dans les médias, toutes plus bleues au fil des jours. Si travail à domicile, chômage temporaire et limitation des déplacements ont un effet bénéfique sur la qualité de l’air, celle-ci est aussi largement tributaire des conditions météorologiques. C’est pourquoi certaines villes comme Paris, touchées par un épisode de «pollution printanière» lié au beau temps, semblaient jusqu’alors déroger à la règle. Mais le vent a tourné et, avec la météo de ces derniers jours, le pic de pollution s’en est allé. Selon l’Agence européenne de l’Environnement, une grande partie de l’Europe respire aujourd’hui un air plus pur.
Le même phénomène avait été observé à Wuhan en février. Les images satellite de la Nasa démontraient une baisse drastique de la concentration en dioxyde d’azote (NO2), émis principalement par les véhicules et les centrales thermiques. Habituellement rouge-orangée, la carte avait aussi viré au bleu.
S’il est difficile d’estimer les bénéfices à long terme de cet effet collatéral du confinement, l’étude de la SIMA peut nous permettre d’espérer qu’à court terme il contribuera à réduire la propagation du nouveau coronavirus.
Par A. Jacob