PARC NATUREL MËLLERDALL: LA QUÊTE DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL DURABLE

Le Parc naturel Mëllerdall qui a reçu ce label en 2016 représente le plus jeune des trois parcs naturels luxembourgeois et englobe onze communes dans l’est du pays. Structure qui avance le développement régional durable, le parc est un acteur à visages multiples. Claude Petit, directeur du parc, présente un tour d’horizon de la nature multidimensionnelle du Parc naturel Mëllerdall.

« Bien que l’idée d’un parc naturel dans la région du Mëllerdall ait circulé depuis plus de quinze ans, cette conception doit se développer au sein de la région. Ce sont notamment les communes elles-mêmes qui doivent s’emparer d’une telle vision et avancer dans ce processus par un effort collaboratif », raconte Claude Petit qui a rejoint le projet en 2012.

Projet dirigé par le « Syndicat Mullerthal » à partir de 2009, les études, l’une préparatoire et l’autre détaillée, prévues par la loi relative aux parcs naturels de 1993, ont fixé les cadres thématiques et financiers du parc. Le directeur explique : « ces études ont bénéficié d’une approche très participative réunissant des parties prenantes diversifiées. Dans le cadre de l’étude détaillée, réalisée au bout d’un an et demi, nous avons tenu une soixantaine de réunions, tables rondes,… sans compter les meetings internes. Ce fut une période très intense et excitante ».

Tout au long de ce processus, le projet a pu compter sur l’expérience et le savoir des homologues des autres parcs : « leur conseil primordial était de réaliser des projets dès le début afin d’acquérir la visibilité nécessaire et de rendre le concept abstrait de parc naturel plus tangible au public ».

Une quête à visages multiples

En effet, la vocation d’un parc naturel s’avère assez vague pour un néophyte. Claude Petit éclaircit : « l’objectif primaire d’un parc naturel est le développement régional durable. Contrairement à son nom, les aspects économiques et sociaux sont mis sur un pied d’égalité avec l’environnement et la protection naturelle, soulignant l’approche holistique adoptée pour concrétiser le développement durable. A travers ces trois volets, l’homme et la population régionale sont mis au cœur des efforts ».

Alors que la vision globale et la gestion des trois parcs naturels sont presque identiques, les priorités thématiques divergent selon le contexte spécifique des différentes régions. « L’étude détaillée a relevé six fils thématiques qui sont censés guider le travail du parc suivant les trois volets, ainsi qu’un sujet spécial. Chaque thème et ses projets concomitants, comme l’agriculture et l’exploitation forestière, tentent de concilier les divers volets du développement durable et portent le message qu’un parc naturel œuvre bien au-delà de la protection naturelle ». Quant au sujet spécial, l’accent est actuellement mis sur la géologie, qui est d’ailleurs une partie intégrante de la marque du Mëllerdall et incarne une valeur touristique.

Le succès de la candidature déposée auprès de l’UNESCO en novembre 2017 pour obtenir le label de géoparc mondial amplifierait la renommée internationale et l’attrait touristique de la région. Le directeur précise : « tout comme le parc naturel, l’objectif d’un géoparc consiste dans le développement régional, avec une emphase sur la géologie. Au vu des objectifs similaires des deux labels, il importe d’en assurer la complémentarité et de communiquer cette constellation parallèle de façon claire ».

La communication revêt une importance majeure pour présenter la vocation du parc aux divers publics et pour rapprocher des perspectives différentes : « outre les voies de communication traditionnelles et en ligne, notre projet phare est l’offre d’un large éventail d’activités. Il s’agit de transmettre l’idée du développement durable par le biais d’une activité attrayante à un public très diversifié et d’ainsi transporter les messages de la vocation du parc de manière interactive ».

Une quête collaborative

Plateforme pour élaborer des projets régionaux, le parc naturel permet également aux communes de participer à des projets européens, comme le projet « LIFE-IP Zero Emission Protection Areas » qui est réalisé conjointement avec onze partenaires allemands : « il met en relief la protection climatique dans toutes ses dimensions, cherchant avant tout un usage d’énergie efficace et identifiant les opportunités pour la population régionale d’entrer dans la production d’énergies renouvelables ». Ce projet révèle d’ailleurs la volonté des communes de coopérer dans la mise en œuvre du Pacte Climat, bien que celui-ci n’ait pas été abordé au niveau régional comme le font les Parcs naturels de l’Our et de Haute-Sûre. La protection climatique, tout comme les efforts en faveur du développement durable, s’inscrivent dans le cadre socio-économique avancé par l’étude stratégique de 2016 réalisée par le ministère de l’Economie ».

Les aspects économiques et sociaux sont mis sur un pied d’égalité avec l’environnement

Sa genèse, son mode de gestion par le biais d’un syndicat mixte composé de représentants communaux et étatiques, ainsi que ses projets qui sont souvent coordonnés avec d’autres acteurs régionaux comme LEADER ou l’Office Régional du Tourisme Région Mullerthal – Petite Suisse Luxembourgeoise, témoignent d’une approche axée fortement sur la coopération et la collaboration. Selon Claude Petit : « vu l’incorporation du parc dans un réseau d’acteurs multiples, l’ouverture d’esprit et la volonté de coopérer sont incontournables et constituent l’un des facteurs contribuant au succès d’un tel projet ».

Regardant vers l’avant, Claude Petit espère renforcer et mener à bien les projets entamés et réaliser des résultats tangibles sur le terrain en faveur de la population régionale, tout en consolidant davantage la coopération à tous les niveaux. Et, dans ce cadre, il souhaite que le parc serve d’exemple de ce qui peut être atteint par le biais d’une collaboration efficace sur le plan régional.

Par Eric Harsch