La DEA, claire comme de l’eau de roche
Dans la partie nord-ouest du Grand-Duché, les communes sont principalement approvisionnées en eau potable par la DEA. Plus qu’un prestataire technique spécialisé, ce syndicat est un véritable partenaire. Nous avons rencontré Marc Schroeder son directeur, mais aussi ingénieur de formation, pour lui poser quelques questions.
Pouvez-vous nous présenter la DEA, son activité, sa mission ?
La Distribution d’Eau des Ardennes est un syndicat intercommunal situé au nord-ouest du Luxembourg. Sa création remonte au début du 20e siècle, à la suite d’une pénurie d’eau dont souffrait la ville de Wiltz après son essor industriel.
Comme son nom l’indique, la première mission de la DEA consiste à approvisionner en eau potable nos 28 communes membres. Nous produisons nous même 50% de cette eau et nous nous approvisionnons auprès du SEBES pour la moitié restante. Enfin, le syndicat opère également la gestion et l’entretien du réseau, des sources et des forages, ainsi que le soutien technique pour les communes.
En matière de gouvernance, comment fonctionne la DEA ?
35 délégués issus des communes membres forment le Comité, qui procède par un vote aux décisions relatives au budget ou au règlement des fournitures par exemple. L’exécutif est pour sa part assuré par le Bureau, lui-même représenté le Président (Charles PAULY), les deux vice-Présidents et deux membres. En ce qui me concerne, j’assume la fonction d’ingénieur-
directeur, mon mandat ayant commencé en 2019.
La qualité de notre eau est très bonne, nous réalisons près de 2.100 analyses chaque année
Nos infrastructures (bureaux, ateliers, dépôts et station de pompage principale) se trouvent aujourd’hui à Useldange et une petite annexe à Oberwampach et rassemble 67 personnes qui sont ingénieurs, fonctionnaires administratifs, informaticiens etc. Tous ces collaborateurs bénéficient d’une formation initiale et continue, tout au long de leur carrière. C’est une caractéristique décisive pour la sécurité de l’entreprise, mais qui garantit également la qualité de l’eau. Au-delà de la formation en interne, nous proposons également de former le personnel de nos communes membres et collaborons avec des prestataires externes comme l’ISFB.
Combien de sources sont disponibles et dans quel état sont-elles ?
Nous disposons de six sources qui sont d’excellente qualité. Elles sont situées dans un environnement forestier, ce qui est un grand avantage à cet égard. Les 120 m de profondeur où nous exploitons nos trois forages offrent également une protection géologique, qui contribue à la bonne qualité de l’eau.
Cette année, l’hiver a été assez pluvieux et les niveaux sont bons. Mais nous restons vigilants, notamment depuis que le changement climatique nous amène à des étés très chauds et une certaine aridité des sols.
À quels défis fait face la DEA aujourd’hui ?
Le plus grand d’entre eux est relatif à l’essor démographique, c’est-à-dire à l’augmentation constante du nombre d’habitants. Celle-ci correspond une augmentation des besoins en eau à laquelle nous devons être en mesure de répondre. L’industrie et l’agriculture sont aussi de plus en plus demandeurs d’eau. Les exploitants agricoles disposent de leur propre forage, mais l’été, lorsque l’eau se fait rare, ils s’approvisionnent alors sur le réseau « public », lui-même très sollicité. Des pics de consommation se créent et nous devons faire en sorte d’ajuster nos circuits d’acheminement pour que chacun puisse disposer de cette ressource. Pour le moment, tout est sous contrôle. Mais là aussi, nous restons attentifs.
Quels engagements écologiques ont été pris par la DEA ?
Notre premier engagement se situe principalement au niveau énergétique. Notre activité peut-être assez gourmande en électricité, pour le pompage de l’eau notamment. Nous avons donc procédé à un audit, afin de disposer de données précises et d’analyser comment optimiser notre consommation. Cela commence par du pompage nocturne, aux heures où le prix de l’électricité est le moins élevé, mais aussi par l’utilisation d’une supervision intelligente. De plus on installe des panneaux photovoltaïques afin d’être autonome d’un point de vue énergétique. Nous avons également un projet en collaboration avec les parcs naturels au nord du pays. L’idée est de mettre à leur disposition des surfaces à proximité de nos réservoirs pour des projets de biodiversité.
Enfin, une nouvelle station de pompage à Roullingen est en projet. Elle sera équipée d’infrastructures plus économes en énergie, des pompes de nouvelle génération. Sa construction devrait prendre une vingtaine de mois.
Quelles sont les requêtes des communes et comment y répondez-vous ?
Nous avons établi une collaboration très étroite avec les communes, sur la base d’un programme de contrôle de la qualité de l’eau pour chacune d’entre elles. Nous mettons à la disposition de leur techniciens toutes les données. Dès qu’une anomalie se présente (dépassement anormal de la consommation, variation de la qualité de l’eau…) nous les accompagnons en mettant en œuvre une analyse précise, puis des solutions pour y répondre, si nécessaire.
La DEA approvisionne 28 communes en eau potable, gère et entretien le réseau, les sources et les forages
Les besoins et préoccupations des communes varient beaucoup. La plupart du temps, cela concerne la construction, la rénovation ou le maintient des infrastructures de distribuition de l’eau dans leur commune ou bien du réservoir local.
Demain, quels sont les projets qui occuperont la DEA ?
Parmi les grands projets en cours, il y a la prise en charge des réservoirs locaux de certaines communes membres qui souhaitent nous les céder. Nous en deviendrons propriétaires, ce qui créera des synergies d’infrastructures, mais aussi de personnels avec les communes. Une des conséquences sera bien évidemment une baisse du prix de l’eau ainsi qu’une meilleure maintenance du réseau.
De nouvelles conduites d’eau sont aussi en construction, les premiers huit km du tracé ont déjà été réalisés, il en reste encore 16 avant de clôturer ce chantier. L’idée générale derrière ces initiatives est de renouveler 2% du réseau chaque année (9.000 m), ainsi qu’un nouveau réservoir tous les deux ans. La création d’un nouveau réservoir à Eschdorf est également à l’étude et les travaux de construction d’un nouveau réservoir près de Munshausen ont commencé.
Quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs sur la qualité de l’eau ?
La qualité de l’eau qui sort de nos robinets est très bonne et peut être bue sans aucune inquiétude de la part de nos concitoyens. Nous réalisons près de 2.100 analyses de l’eau chaque année, soit en moyenne 6 fois par jour ! Nos infrastructures sont modernes, connectées et nous sommes très attentifs. Notre eau est très douce, il n’est pas nécessaire d’adjoindre de système de filtration supplémentaire au circuit d’eau domestique. Le taux de nitrates est enfin très modéré 15 à 19 mg/L (Valeur limite 50mg/L).
En cette période estivale, comment optimiser sa gestion de l’eau ?
Au retour des vacances cet été, après deux ou trois semaines hors de votre domicile, laissez couler l’eau qui a stagné dans votre tuyauterie pendant quelques minutes avant de la boire ou de l’utiliser. Ce n’est pas une obligation, mais sa qualité n’en sera que meilleure.
De plus, si un pic de sécheresse s’installe, je ne peux que leur adresser les recommandations d’usage : ne pas arroser la pelouse et s’abstenir de laver sa voiture avec de l’eau potable. Stocker l’eau de pluie est recommandé à ces fins.
Enfin, si l’on doit changer ses équipements électroménager (machine à laver, lave-vaisselle), choisir des modèles économes en énergie et en eau.
Distribution d’Eau des Ardennes
18, rue de Schandel
L-8707 Useldange
www.dea.lu