INDR, quinze années au service de la RSE

L’Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises (INDR) a vu le jour en 2007, à l’initiative de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et de ses membres. Ce 21 septembre 2023, le moment était donc venu de célébrer son 15e anniversaire et de faire le point sur ses réalisations passées et ses ambitions futures. L’Institut de référence en matière de RSE au Luxembourg a soufflé ses bougies en présence du ministre de l’Économie Franz Fayot, devant 200 professionnels de la RSE… Retour sur quelques temps forts de la soirée.

Un tableau en demi-teinte

À ce jour, l’INDR a décerné son label ESR – Entreprise responsable à pas moins de 300 organisations (deux fois plus qu’il y a cinq ans) et a formé plus de 600 personnes à travers son cycle de formation intégralement dédié à la RSE et coconçu avec la House of Training. C’est pour célébrer ces accomplissements – entre autres – que l’INDR a rassemblé ce 21 septembre les entreprises labellisées, les membres de ProRSE et les représentants de l’écosystème de la RSE au Luxembourg.

Marc Lauer, président de l’INDR, a ouvert les festivités en saluant l’engagement continu des entreprises luxembourgeoises en matière de RSE et la qualité des services offerts par l’équipe de l’INDR. Si l’heure était bien à l’applaudissement des avancées réalisées au cours des quinze dernières années, pas question néanmoins d’enjoliver le tableau pour le ministre de l’Économie. L’allocution de Franz Fayot s’est révélée plus pessimiste. «On est à 15% de la réalisation des objectifs du développement durable (ODD), donc très loin du compte. On a même régressé sur certains de ces ODD, je pense notamment à l’éducation (…), comme sur beaucoup d’autres: sur le changement climatique, on n’a pas des résultats formidables à faire valoir», a-t-il déclaré.

En dressant ce «tableau assez noir», il a souligné l’importance de la RSE, qu’il a qualifiée d’«instrument primordial» pour accélérer la cadence. Le ministre a rappelé qu’établir une stratégie RSE est non seulement «la bonne chose à faire pour avancer dans l’achèvement des ODD», mais est aussi dans l’intérêt de l’entrepreneuriat. «On est aujourd’hui dans un monde  où les consommateurs regardent ce que font les entreprises, ne vont plus acheter les produits et les services d’entreprises qui ne prennent pas au sérieux les ODD. On est aussi dans un monde où une entreprise qui fonctionne selon les anciens préceptes a du mal à recruter de nouveaux talents, à retenir les talents existants et à trouver des financements».

Morgane Haessler, coordinatrice de l’INDR, du programme ESR et présidente de l’association ProRSE, qui a succédé à Franz Fayot derrière le micro, ne l’a pas contredit, évoquant l’accroissement des exigences des consommateurs et la montée en puissance de la réglementation européenne, raison pour laquelle, d’ailleurs, l’Institut a mis à jour deux de ses principaux outils.

Deux pas en avant

C’est Lidia Rahal, Senior Advisor à l’INDR, qui a eu le plaisir de présenter les deux nouveautés qui permettront aux entreprises à la fois d’approfondir leur engagement, mais aussi de se conformer aux nouvelles exigences réglementaires. Elle a ainsi annoncé à l’assemblée que la prochaine version du Guide ESR permettrait aux entreprises d’évaluer leur impact sur la biodiversité et les écosystèmes naturels sur toute leur chaîne de valeur et d’approvisionnement, leur dépendance vis-à-vis de la biodiversité et des écosystèmes ainsi que leur proximité avec des zones de haut intérêt en matière de biodiversité et de préservation des écosystèmes naturels. «Il s’agit de mettre la nature au cœur des stratégies ESR en favorisant les projets «nature positifs» conformément aux exigences du règlement de l’UE sur la restauration de la nature et à sa stratégie en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030», a-t-elle expliqué avant de dévoiler une version améliorée de la plateforme esr.lu. Plus ergonomique, moderne et facile d’utilisation, celle-ci est dotée d’un dashboard permettant aux entreprises de visualiser leurs résultats en matière de performance ESR en fonction des cinq niveaux de maturité usuels, mais aussi de réaliser leur analyse de matérialité d’impact lors de l’auto-évaluation de leur démarche RSE. Il s’agit «d’un premier pas vers la double matérialité (intégrant matérialité financière et matérialité d’impact) dans une même matrice et vers une meilleure adaptation aux exigences de la CSRD [Corporate Sustainability Reporting Directive]», a indiqué Lidia Rahal.

Et c’est justement cette nouveauté réglementaire qui a servi de point de départ aux discussions de la table ronde qui a suivi, consacrée aux perspectives de la RSE à l’horizon 2030 et au-delà. Les panelistes, Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability à la House of Sustainability, Francesca Messini, Sustainability Leader chez Deloitte Luxembourg, Béatrice Belorgey, CEO de BGL BNP Paribas Luxembourg, Alain Jounot, responsable RSE du Groupe AFNOR et Roland Bastian, vice-président d’ArcelorMittal Luxembourg, ont exprimé leur vision et partagé l’expérience de leur organisation respective dans la mise en place de leur plan d’action.

Deux initiatives saluées

Avant de participer au cocktail qui clôturait les festivités, les convives ont pu assister à la remise des Prix du progrès économique durable 2023. Le bureau d’études Schroeder & Associés s’est vu décerner le Prix de la Fondation Alphonse Weicker, doté de 10.000 euros, pour «sa stratégie RSE très complète et ambitieuse, impliquant l’ensemble de ses parties prenantes». Le projet de transformation de déchets alimentaires en ressources porté par Dussmann Catering a quant à lui été récompensé du Prix de BGL BNP Paribas s’élevant à 2.500 euros.

C’est Jean-Paul Olinger, directeur de l’INDR, qui aura eu le mot de la fin, rappelant que les entreprises qui intègrent la RSE dans leur stratégie font partie d’un réseau grandissant d’acteurs clés pour le progrès et l’innovation.

Par A. Jacob