LA DOMOTIQUE, NOUVELLE ÈRE POUR LE LOGEMENT SOCIAL

Les Baulücken, les logements vides, le modulaire,… l’Agence Immobilière Sociale se bat sur tous les fronts pour favoriser l’accès aux logements à tous. En se lançant dans le développement immobilier, elle souhaite inclure la domotique dans ses futurs bâtiments. Gilles Hempel, directeur de l’AIS, revient en détail sur ce projet qui allie confort, sécurité et respect de l’environnement.

Pouvez-vous résumer en quelques mots les activités de l’AIS ?

L’Agence Immobilière Sociale a été créée en 2009 avec l’objectif de louer des logements inoccupés. Ici, au Luxembourg, nous comptons entre 10 000 et 20 000 logements vides. Cela concerne par exemple les personnes âgées en maison de retraite ou des héritiers qui ont connu une succession mais n’ayant finalement pas besoin de cet héritage. Notre objectif est simple : mettre ces biens à disposition des habitants aux revenus modestes sous forme de location. Le propriétaire n’a rien à craindre car nous lui donnons certaines garanties, notamment en termes de loyer ou encore d’entretien.

Tout est géré par notre agence sans aucune contrainte pour le propriétaire. En bref, nous luttons contre l’exclusion sociale par le logement, surtout au Luxembourg, où il devient de plus en plus difficile de se loger… et pour l’instant, ce système fonctionne plutôt bien, puisque nous avons un parc de 525 logements. Nous nous intéressons aussi aux Baulücken en installant des habitations modulaires. Aujourd’hui nous souhaitons étendre nos activités en construisant nous-mêmes des logements sociaux.

Ce qui implique nécessairement de nouvelles perspectives de développement…

Effectivement, nous avons prévu d’intégrer la domotique dans ces futurs logements. Nous partons du principe que tout le monde a droit à un certain confort de vie. Même si ces technologies sont des produits et services de luxe et de confort, l’utilisation de la domotique a un côté beaucoup plus fonctionnel puisqu’elle se mue aussi en un outil de gestion pour le logement social.

C’est-à-dire ?

Nous nous occupons de beaucoup de personnes originaires d’autres pays dans le monde. Certains n’ont par exemple pas l’habitude de manipuler le chauffage ou d’aérer les pièces, les occupants peuvent ainsi rencontrer des problèmes d’humidité, des décomptes de charge très onéreux,… En tant que gestionnaire de logements sociaux, l’AIS peut s’aider de la domotique pour améliorer son offre et la qualité de vie en général.

Cette technologie permet de contrôler les consommations d’énergie, de fixer une température ambiante idéale et si, par exemple, quelqu’un ouvre la fenêtre, le chauffage se coupe automatiquement. Grâce à différents capteurs, nous pouvons récupérer les données et les traiter en temps réel. Les informations sont directement transmises chez l’AIS en cas de forte consommation d’énergie, de dysfonctionnement ou d’événements inhabituels, bref quand la consommation dépasse un seuil normal. Une fois l’alerte envoyée, un travailleur social ou l’un de nos conseillers, se déplacera chez l’habitant pour voir d’où vient l’origine du problème afin de l’accompagner et le conseiller en cas de comportements inadéquats ou bien d’effectuer des travaux en cas de détérioration.

N’y a-t-il pas un risque de surveillance exacerbée ?

Absolument pas, nous jouons sur une transparence totale. Certes il y a des contrôles, mais ils ne sont pas du tout punitifs. Cette surveillance permet en réalité d’établir une relation « gagnant-gagnant » entre nous et les habitants. De nôtre côté, elle représente un gage de qualité car elle nous sert d’outil de maintenance. Nous pouvons savoir s’il y a une fuite, si un matériel est défectueux,… le problème peut ainsi très vite être résolu. L’habitant pourra de son côté adopter un comportement plus optimal vis-à-vis de sa consommation d’énergie, en plus de faire un geste pour l’environnement, il pourra économiser de l’argent. Nous sommes là pour le conseiller et l’accompagner. L’installation d’une telle solution a d’abord été pensée dans l’intérêt du bénéficiaire.

Bien sûr notre domotique sera avant tout fonctionnelle et non pas « gadget ». Elle couvrira les besoins les plus utiles tels que l’énergie, l’humidité, la prévention des moisissures, le gaspillage,… Il ne s’agit pas d’intégrer des services superflus, mais d’avoir une gestion plus efficiente du logement afin de protéger le locataire et le bâtiment de possibles dégâts.

La domotique se mue en un outil de gestion pour le logement social

Qu’en est-il de l’impact d’une telle technologie au niveau des prix ?

Il n’y aura pas d’impacts particuliers pour le locataire. D’abord, nous l’intégrerons uniquement dans les nouvelles constructions, car la domotique est quelque chose qu’il faut prévoir dès le départ. Elle augmente le coût dans la vente, mais nous conservons les logements en patrimoine. De notre côté c’est rentable car le bâtiment est davantage contrôlé et donc plus sûr, durable et moins énergivore.