L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE : SE DONNER LES MOYENS DE SES AMBITIONS

Il semblerait que le biologique prenne de plus en plus d’ampleur dans le paysage agricole luxembourgeois ainsi que dans nos assiettes. Mieux se nourrir, tout en préservant la nature et la biodiversité sont, sans doute, des facteurs déclencheurs de ce changement de perception. Le ministère de tutelle a rencontré dernièrement une délégation de l’association Bio-Lëtzebuerg. D’ici 2025, le Grand-Duché vise à accroître la part de la surface vouée à l’agriculture biologique de 4,6% à 20%. Un objectif ambitieux qui demande l’élaboration d’une feuille de route en étroite coopération avec tous les interlocuteurs du secteur.

D’après la plateforme « Meng Landwirtschaft – Mäi Choix », qui regroupe une vingtaine d’organisations non gouvernementales luxembourgeoises œuvrant entre autres dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement, cet objectif est réaliste, dans le cadre d’un plan d’action efficace et efficient. « Un changement de paradigme urgent dans la répartition des fonds publics est absolument nécessaire », selon Raymond Aendekerk, ingénieur agronome et directeur de Greenpeace. Au lieu de subventionner des entreprises de plus en plus grandes avec une production unilatérale à vocation industrielle, des structures paysannes diversifiées, des entreprises de taille gérable et des personnes engagées doivent bénéficier d’un traitement préférentiel, comme par exemple, une subvention dégressive. Raymond Aendekerk en est convaincu : « l’agriculture biologique fournit les meilleurs arguments, prouvés et testés, en faveur d’une réorientation de l’agriculture et devrait donc bénéficier de beaucoup plus de fonds publics. La promotion de la profession d’agriculteur doit se faire par une meilleure éducation globale et un accès à des terres appropriées. Il serait donc possible d’exploiter au moins 20% de la superficie agricole de manière biologique d’ici 2025, dans le cadre d’un plan d’action efficace et rentable. »

Pour une agriculture respectueuse de l’environnement et socialement responsable

Pour une agriculture responsable et régionale

Meng Agriculture appelle à une agriculture respectueuse des ressources avec une réduction du nombre d’animaux, une expansion et une diversification de la production agricole. L’agriculture doit être orientée vers un concept global qui vise une production adaptée au site, respectueuse des ressources naturelles, des animaux et socialement responsable. Réduire d’un tiers la production de lait et de viande réduirait considérablement les importations d’aliments protéinés d’ici à 2025 et profiterait ainsi à la protection du climat en particulier. Laure Cales, responsable du travail politique chez natur & ëmwelt, est convaincue que « les aliments, ainsi que la nourriture pour animaux consommés au Luxembourg et aux alentours, devraient également être produits, transformés et échangés principalement entre nous ou dans la Grande Région. »

En outre, Meng Agriculture aimerait voir plus de place consacrée au développement durable dans l’agriculture. La relation directe entre le consommateur, le producteur et le détaillant local accroît la solidarité et donne plus de résilience dans les zones rurales. Une chaîne de valeur transparente permet aux critères environnementaux et socio-économiques d’être cohérents avec des performances économiques satisfaisantes dans la région, dans l’intérêt de tous. Une plate-forme ouverte et des opportunités de financement pour les projets environnementaux et socio-économiques doivent être créées pour donner de l’ambition à des objectifs largement réalisables.

Par R. Hatira