L’Allemagne mise sur le train à hydrogène
Après avoir inauguré au cours du mois d’août 2022 la première ligne ferroviaire au monde fonctionnant entièrement à l’hydrogène, l’Allemagne a déployé une flotte de quatorze trains utilisant cette énergie d’avenir. Elle vient ainsi remplacer des locomotives diesel sur plusieurs centaines de kilomètres de lignes régionales, reliant notamment les villes de Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehude, non loin de Hambourg, au nord-ouest du pays.
Après une expérimentation longue de près de deux ans, l’Allemagne a inauguré l’été dernier, à Bremervörde, dans le Land de Basse-Saxe, la mise en service du premier train de passagers au monde fonctionnant avec une pile à combustible à hydrogène générant l’énergie électrique nécessaire à sa propulsion. Baptisé Coradia iLint, ce train zéro émission est peu bruyant et n’émet que de la vapeur d’eau et de l’eau condensée. Il s’agit sans nul doute d’une avancée majeure pour accélérer la décarbonation des transports en commun dans un pays où plusieurs milliers de locomotives diesel circulent encore quotidiennement sur les voies de chemin de fer.
Remplacer à terme le diesel
Pour l’heure, quatorze de ces trains, conçus par le groupe industriel français Alstom, ont été mis en service en Allemagne, sur une ligne couvrant une distance d’environ une centaine de kilomètres et reliant notamment les villes de Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehude, situées à proximité de Hambourg. Ces quatorze rames sont exploitées par la société Elbe-Weser (Evb), pour le compte de LNVG (Landesnahverkehrsgesellschaft Niedersachsen), l’exploitant régional du réseau ferroviaire. Outre l’avantage d’être peu bruyants, ces trains régionaux «zéro émission» intègrent plusieurs innovations: conversion énergétique propre, stockage de l’énergie en batteries et gestion intelligente de la force motrice et de l’énergie disponible. Spécialement développés pour une utilisation sur des lignes non électrifiées, ils permettent ainsi une exploitation propre et durable tout en s’autorisant des vitesses de circulation relativement élevées, allant de 80 à 120 km/h, avec un maximum de 140 km/h. Autre avantage: ils se rechargent quotidiennement, jour et nuit, à une station de recharge en hydrogène située à environ 100 km de Hambourg. Disposant d’une autonomie de 1.000 km, les trains Coradia iLint d’Alstom peuvent ainsi fonctionner toute une journée sur le réseau Evb, avec un seul plein, ce qui permettra de suppléer progressivement quinze trains à moteur diesel. De quoi réduire considérablement l’impact sur l’environnement, «car 1 kg d’hydrogène remplace environ 4,5 litres de diesel» d’après un porte-parole d’Alstom.
Une flotte amenée à se développer
Pourtant, même si l’Allemagne a annoncé en 2020 un plan ambitieux de sept milliards d’euros pour déployer la filière industrielle de l’hydrogène à travers le pays, il n’en reste pas moins que le développement des infrastructures, et notamment des stations de stockage, nécessite sans doute encore davantage d’investissements pour envisager progressivement le remplacement complet de la flotte de trains diesel du pays. Quoi qu’il en soit, d’autres liaisons ferroviaires similaires vont suivre: Alstom a en effet signé deux contrats de trains régionaux alimentés par des piles à combustible à hydrogène, le premier pour le Land de Basse-Saxe et le deuxième pour la région métropolitaine de Francfort, avec une commande de 27 trains Coradia iLint. Du reste, l’exemple allemand semble donner des idées à ses partenaires européens puisque des commandes de ce train à hydrogène ont également été passées par l’Italie, dans la région de la Lombardie, mais aussi par la France, sachant que des essais sont en cours, en particulier en Autriche, aux Pays-Bas, en Pologne ou encore en Suède.
Par R. Thomas