LES ENJEUX FUTURS DU SECTEUR AUTOMOBILE
De plus en plus décriée, l’automobile tient pourtant une place importante dans la mobilité au Grand-Duché. Entre digitalisation et nouvelles habitudes de déplacement, Philippe Mersch, président de la Fédération des distributeurs automobiles et de la mobilité (FEDAMO) présente l’institution, ses activités et les enjeux futurs d’un secteur automobile en pleine mutation.
Pouvez-vous présenter la FEDAMO ?
Elle existe depuis le début de l’année 2019 et résulte de la fusion de deux entités : la Fegarlux (Fédération des garagistes) et l’Adal (Association des distributeurs automobiles luxembourgeois). Cette fusion nous permet d’être plus représentatifs vis-à-vis de nos partenaires au Luxembourg, à savoir les institutions publiques nationales ou encore le gouvernement. Nous représentons aujourd’hui plus de 180 entreprises membres, soit 5 000 employés. Bien que liés à la Confédération luxembourgeoise de commerce (CLC), nous faisons également partie du monde de l’artisanat par le biais de la mécanique. La FEDAMO est donc affiliée à la Fédération des artisans, comme l’était la Fegarlux auparavant.
Quelles sont ses activités principales ?
Notre première mission est de représenter les intérêts de nos membres et du secteur automobile en général. Ces intérêts sont assez condensés, entre ce qui concerne les collectivités, les contrats collectifs, etc. D’autres sont plus visibles de l’extérieur car nous organisons l’Autofestival mais aussi le festival de la voiture d’occasion chaque année.
Nous sommes également en contacts réguliers avec les ministères de tutelle (le ministère de la Mobilité et des Travaux publics, de l’Energie et de l’Aménagement du territoire et de l’Economie). Nous défendons aussi les intérêts patronaux dans notre secteur via la Fédération des artisans.
Définissez-vous des stratégies pour l’avenir de la mobilité et du secteur automobile ?
Nous ne sommes pas proactifs dans ce domaine mais nous menons évidemment des réflexions à ce sujet. Quel sera l’avenir et le rôle de l’automobile ces prochaines années ? Cette question se réfère à notre coeur business et, en ce sens, nous assistons par exemple à des séminaires autour de thématiques liées aux observations de Jeremy Rifkin, aux accords du gouvernement, etc. Nous organisons aussi des plans d’actions et des groupes de travail afin de mieux connaître les tendances futures qui touchent à la mobilité. Nous ne définissons pas la mobilité, mais nous essayons de faire en sorte que l’automobile y occupe toujours une place centrale. Une concession automobile vend et distribue ce que les constructeurs lui mettent à disposition. C’est notre métier principal en plus de la réparation. Nous essayons de former les vendeurs pour qu’ils analysent les besoins des clients. Une motorisation électrique sera par exemple conseillée pour une personne qui effectue de petits trajets. Nous sommes neutres et pas seulement focalisés sur une solution unique.
Qu’en est-il, justement, de l’avenir de la mobilité, de l’électromobilité et des différentes technologies telles que les véhicules autonomes ? Cela impactera-t-il les activités de la FEDAMO ?
Oui, clairement. Les grands constructeurs et groupes automobiles travaillent sur ces nouvelles formes de mobilité et cela impactera forcément le secteur. Plus il y aura de véhicules électriques, moins il y aura de service après-vente. Nos entreprises devront nécessairement se réinventer.
Les technologies et les moyens de communiquer avec le client sont déjà en pleine mutation. D’un point de vue individuel, les entreprises réfléchissent déjà à des projets de digitalisation qui permettraient de réduire les quantités de papier utilisées, à la digitalisation des processus de communication avec les clients avant ou après la vente, au développement de systèmes de CRM (Customer Relationship Management) plus sophistiqués, à la solution « Mobility as a Service », etc. Le secteur automobile est préparé et ouvert à ces aspects liés de près ou de loin à la digitalisation.
Faire en sorte que l’automobile reste au centre de la mobilité
Les métiers du secteur se retrouvent eux aussi impactés…
Comme beaucoup de secteurs au Luxembourg, nous manquons de main d’oeuvre, tant au niveau de la mécanique que des personnes qualifiées pour d’autres services. Actuellement, leur formation initiale est axée sur la mécanique telle qu’elle existe aujourd’hui. Sinon, il existe les formations des constructeurs dédiées aux techniques spécifiques des marques. Des réflexions sont aujourd’hui en cours pour mettre en place un centre de compétences pour la mécanique.
La façon d’acheter un véhicule change aussi car de nouvelles tendances se développent comme le leasing ou l’autopartage. De mon point de vue, une grande partie des Luxembourgeois n’est pas encore prête à partager son véhicule, le sentiment d’appartenance et de liberté individuelle est encore très fort. Notre activité doit pourtant s’adapter à ces nouvelles formes de mobilité. A l’avenir, une concession ne proposera plus seulement un véhicule, mais tout un ensemble de solutions de mobilité.
Par P. Birck
Photo: © Agence Kapture