Redonner vie au passé pour construire l’avenir

Rout Lëns s’impose comme un chantier emblématique de la transition urbaine au Grand-Duché. Pensé et piloté par IKO Real Estate, ce projet d’envergure redonne vie à un site désaffecté depuis plusieurs décennies pour en faire un quartier écologique et innovant. Dans celui-ci, rien n’est laissé au hasard : chaque brique, chaque morceau de terre, chaque végétation, chaque mètre carré est pensé dans une logique de durabilité et de bien-être pour les futurs habitants et visiteurs.

Un pont entre le passé et le présent

Implanté sur une surface de 10 ha, le quartier Rout Lëns s’inscrit dans une logique de reconversion urbaine ambitieuse. Au lieu de faire table rase du passé, IKO a choisi de préserver et valoriser les bâtiments emblématiques de l’histoire industrielle de l’ancien site d’ArcelorMittal. « Ce sont au total cinq bâtiments qui seront conservés, réhabilités et surtout intégrés pour former l’épine dorsale du futur quartier. Cinq d’entre eux sont classés par l’INPA. L’idée, c’est de les relier par l’allée de la culture industrielle, une grande artère piétonne qui structurera le quartier », explique Aline Picard.

Ce choix est à la fois symbolique et environnemental. Symbolique, car il permet de maintenir un lien fort avec le passé sidérurgique du site et de la région en racontant son histoire dans l’architecture même des bâtiments. Ces derniers, comme le Halle des turbines, changeront de fonction. En l’occurrence, il deviendra un centre d’expositions et de congrès. « Autre exemple : le Halle des soufflantes qui mesure 32 m
de hauteur. Il sera vraisemblablement aménagé en un espace de sport urbain pour y pratiquer l’escalade, par exemple », complète-t-elle.

Environnemental aussi, parce qu’il se calque sur une logique d’économie circulaire. Pourquoi démolir et reconstruire alors que ces structures sont encore viables ? « Ce faisant, nous parvenons à limiter l’empreinte carbone du projet. Les principes de réemploi et de durabilité guident véritablement l’esprit du projet », indique Charlotte Hancart.

Deux certifications qui définissent l’essence du quartier

Que dire du souci de durabilité, qui ne se limite pas qu’à la conception architecturale. Les concepteurs d’IKO ont imaginé Rout Lëns dans une démarche rigoureuse et respectueuse de l’humain, de l’environnement et du climat grâce à deux certifications exigeantes mais tangibles tant elles apportent une réelle plus-value : Carbon Footprint Neutral et WELL Community. « La première se concentre sur un indicateur global à savoir l’empreinte carbone générée sur trois volets : la construction, l’exploitation et la compensation pour atteindre un niveau neutre. Sont également pris en compte les matériaux utilisés, le système d’énergie, la mobilité et même la démolition lorsqu’un bâtiment sera en fin de vie », rappelle Charlotte Hancart.

Quant à la certification WELL Community, elle promeut le confort de vie à l’échelle du quartier : bien-être des usagers, qualité de l’eau et de l’air, gestion des espaces verts, ilots de fraicheur avec des fontaines, biodiversité, gestion des déchets, mobilité douce, accès aux services de proximité, etc. « Chaque composante du projet est, de fait, analysée afin de garantir un cadre de vie durable. Ces deux certifications apportent de la transparence et de la cohérence à chaque phase du projet et rendent ce quartier unique en son genre », explique Aline Picard.

Un quartier sans voiture, ou presque

Rout Lëns a également été pensé pour réduire la place de la voiture individuelle au profit de l’usage de la mobilité douce et des transports en commun. « Le quartier sera aisément traversable à pied ou à vélo et sera directement relié avec le centre d’Esch-sur-Alzette et Belval notamment. Cela dit, les voitures ne sont pas bannies pour autant car des places de stationnement sont présentes dans le quartier puisqu’elles sont localisées en sous-sol », déclare Charlotte Hancart. Cette stratégie permet de diminuer la pollution et le bruit, mais aussi de libérer l’espace public au profit des piétons, du déploiement de terrasses, du développement de la biodiversité et des espaces naturels.

Promouvoir la mixité sociale

Le projet vise également à favoriser la mixité sociale au sein du quartier. Cette ambition est en partie portée par la loi du 7 août 2023 relative au logement abordable. Celle-ci impose qu’au moins 30% des logements de certains projets immobiliers soient réservés à des habitations à loyer modéré. « Nous ne souhaitions pas que ces 30% se traduisent uniquement par du logement abordable classique. C’est pourquoi nous avons opté pour la construction de résidences étudiantes et seniors sur le même site, afin de promouvoir une véritable diversité sociale et une mixité intergénérationnelle », explique Aline Picard.

Finies, aussi, les idées reçues sur ces logements à prix modéré parfois jugés peu esthétiques ou simplistes. « Ceux-ci ne seront pas isolés, mais intégrés dans le quartier afin de créer une certaine harmonie architecturale », poursuit Charlotte Hancart. Rout Lëns vise à diversifier les usages et la population : familles, jeunes, seniors, personnes à mobilité réduite… grâce à des logements variés, des équipements collectifs, une école, des commerces, des lieux culturels et un lien fort avec le tissu urbain existant aux alentours. « Nous sommes en quelques sortes partis du principe que l’on peut vivre toute une vie, de la naissance à la résidence senior, au sein du quartier », déclare-t-elle.

Une démarche progressive

Étant donné sa complexité et la superficie qu’il occupe, le projet Rout Lëns a été imaginé par phase. Chacune d’entre elles est pensée pour ne pas entraver le développement du quartier dans son ensemble. « La première sera achevée en 2027. Plutôt que de tout construire d’un bloc, le quartier sortira de terre par morceaux », indique Aline Picard. Cette méthode progressive limite les nuisances pour les futurs habitants et atténue les effets de ville en travaux. « Chaque phase inclura des logements, des espaces publics et différents services afin d’assurer une vie de quartier dès la conception de chacune d’elles », poursuit Charlotte Hancart.

Il reste la question des infrastructures souterraines qui seront interconnectées entre les différents quartiers. « À terme, notre objectif est de créer un réseau unique permettant des échanges de chaleur et de fraîcheur. Les panneaux photovoltaïques installés sur les toitures contribueront également à l’autoconsommation et à un fonctionnement opérationnel sans émissions de carbone », explique-t-elle
Un projet commun pour un même but

Rout Lëns, ce n’est pas seulement l’histoire d’un promoteur, c’est aussi celle d’un projet porté collectivement avec les communes et les ministères notamment. « Nous avons travaillé main dans la main avec les services de l’État et surtout Esch-sur-Alzette dès les premières réflexions », souligne Aline Picard. Cette collaboration a permis de concilier le respect du PAG, les besoins urbains ainsi que les ambitions sociales et environnementales, particulièrement en matière de logements à prix abordable. « Ce partage d’expérience et de compétences donne au projet une vraie cohérence avec l’existant et les projections de la commune pour développer l’urbanisme », conclut Charlotte Hancart.

Par P.Birck