SAM TANSON : UN SOUFFLE NOUVEAU SUR LA CULTURE ET LE LOGEMENT

Depuis le 5 novembre 2018, le ministère de la Culture et du Logement a un nouveau visage. Membre du parti Déi Gréng depuis 2005, Sam Tanson représente la deuxième génération de politiques écologiques, celle qui n’a pas peur du pouvoir et qui est capable de conjuguer conviction et pragmatisme. Ses nombreux projets en témoignent. Tous veulent apporter un nouvel élan tout en restant réalistes.

Quelles pistes envisagez-vous pour améliorer les conditions de travail des artistes et faire en sorte qu’ils puissent vivre de leur profession ?

Nous explorons plusieurs voies. Nous avons transféré un million d’euros vers les conventions allouées aux centres culturels régionaux, aux petits théâtres et aux salles accueillant les créations de musique contemporaine, afin que ceux-ci puissent mieux rémunérer les artistes, ainsi que vers les subsides directement accordés aux artistes. Mon souhait est d’élaborer un cadre déontologique qui devra être suivi par les institutions culturelles que nous soutenons financièrement. J’estime en effet que les artistes doivent être bien traités et conventionnés. Le congé culturel sera réintroduit. Ce congé permettait aux artistes travaillant au Luxembourg de préparer ou participer à des manifestations culturelles et artistiques, parallèlement à une activité professionnelle. Des discussions sont prévues avec le ministère des Finances pour déterminer dans quelle mesure la TVA de 17% sur les prestations culturelles pourrait être rabaissée à 3%. La loi sur les intermittents du spectacle doit être revue et adaptée aux nouvelles réalités du métier.

Il est important de souligner que tous ces chantiers seront menés en concertation avec les artistes et les acteurs du secteur. Des ateliers d’échange sont prévus pour mener à bien tous ces projets.

La situation des artistes luxembourgeois doit être améliorée si nous voulons éviter leur éventuelle ghettoïsation

Vous comptez déposer avant l’été un avant-projet de loi sur le patrimoine culturel. En quoi consiste-t-il ?

Cet avant-projet aura trois volets. Le premier a trait à la protection du patrimoine culturel luxembourgeois. Un inventaire sera dressé sur une période de dix ans. Le deuxième concerne l’archéologie préventive. L’objectif est d’instaurer des règles et des procédures qui doivent être appliquées avant d’entamer des travaux d’une certaine envergure sur des terrains susceptibles de contenir des trésors archéologiques. Le troisième a pour objet de sauvegarder le patrimoine mobilier et immatériel, à savoir toutes les pratiques, représentations et expressions propres à la culture de notre pays comme, par exemple, la Schueberfouer.

La culture est encore trop confinée dans les institutions. Ne pensez-vous pas qu’elle doit être davantage présente dans les écoles ?

Il existe, depuis juin 2018, la plateforme kulturama.lu qui contient notamment une base de données composée d’artistes prêts à intervenir dans les écoles et les maisons-relais. Cela dit, je pense qu’il est également important de faire venir les enfants et les jeunes dans les institutions culturelles. Nous avons ainsi créé au sein du ministère un poste dont l’objectif principal sera d’ouvrir davantage les institutions culturelles aux enfants et à la jeunesse.

Dans une récente étude, l’Observatoire de l’Habitat a révélé que les 2 846 hectares de terrain disponibles en zone d’habitation ou en zone mixte pourraient permettre la construction de 50 000 à 80 000 logements. Quelles mesures comptez-vous prendre pour mobiliser ce potentiel foncier ?

La réserve foncière est en effet suffisante. Notre priorité n’est donc pas d’étendre les PAG pour accéder à des terrains supplémentaires, mais bien au contraire d’impliquer les propriétaires privés qui concentrent la grande majorité du potentiel pour l’habitat. Seulement 11% des terrains disponibles appartiennent à l’État et aux communes.

La première piste serait de réformer l’impôt foncier et de mettre en place des mesures fiscales qui encourageraient la libération de terrains. Un deuxième axe serait que l’État se constitue une réserve foncière nécessaire à la création de logements à coût modéré. Enfin, nous réfléchissons à d’autres modèles qui permettraient de louer des terrains aux propriétaires privés. Je pense notamment au projet de constructions modulaires développé par l’Agence Immobilière Sociale (AIS). C’est une manière pour le propriétaire privé de rentabiliser son terrain tout en en conservant la propriété.

Continuer à croître sans épuiser nos ressources naturelles ne peut se faire qu’en conciliant technologie et écologie

Avec une démographie en constante augmentation et une offre immobilière insuffisante, une frange de plus en plus importante de la population éprouve des difficultés à se loger. Comment y faire face ?

Il faut élaborer une véritable stratégie de logement. Dans un avenir proche, nous devons développer des recherches pour mieux cerner les besoins en logement par région géographique et par type de logement, afin d’orienter la politique menée par le gouvernement. L’arsenal législatif en matière de logement doit être réformé, en particulier tout ce qui concerne les aides individuelles pour les personnes et les aides aux promoteurs privés et publics, aux associations, qui veulent bien construire selon des critères sociaux. Il faut également revoir le Pacte logement et mettre au point une version 2.0 qui incitera davantage les communes à construire des logements sociaux ou à prix abordable. A partir de ces éléments, nous pourrons construire l’édifice qui nous permettra de combattre la crise du logement et éviter que celui-ci ne devienne un élément d’inégalité entre les différentes composantes de la population luxembourgeoise.

Et d’un point de vue écologique ?

C’est un autre grand défi qui attend le pays. Comment croître et en même temps préserver nos ressources ? Cela passera entre autres par une densité accrue des terrains en construction tout en garantissant une qualité de vie. Plus que jamais, les bâtiments de demain devront être construits avec des matériaux durables et être entièrement autonomes d’un point de vue énergétique. Ce n’est qu’en conjuguant technologie et écologie que nous parviendrons à maintenir notre croissance sans épuiser nos ressources naturelles.

Par S. Etienne