Schifflange, le défi budgétaire
Suite aux dernières élections communales, Paul Weimerskirch retrouve temporairement ses fonctions de bourgmestre de Schifflange. Il sera à la barre pour les deux prochaines années. Il nous présente dès lors les intentions du nouveau collège échevinal et revient sur les contraintes budgétaires qui pourraient entraver le déploiement de certains projets.
Le nouvel accord de coalition 2023-2029 contient une particularité puisqu’il prévoit la division du mandat de bourgmestre. D’ici deux ans, Carlo Feiereisen prendra votre succession. Pourquoi ce choix?
J’aurais dû céder ma place au vu des résultats des élections, mais nos partenaires du LSAP m’ont proposé de conserver le poste de bourgmestre pour deux ans; j’en ai bien sûr été honoré. Le collège échevinal précédent a entrepris de nombreux projets lors du dernier mandat et j’aurai donc la chance d’aider à la finalisation des travaux qui ont été commencés. Rizo Agovic et Carlo Feiereisen, les deux membres du LSAP qui font désormais partie de la nouvelle équipe, ont chacun des qualités et compétences qui nous seront très utiles dans la réalisation des projets à venir. Nous bénéficierons également encore de l’expérience de député de mon collègue de parti Marc Spautz.
Que pouvez-vous nous dire à propos de la préparation du nouveau budget?
Notre grand défi, comme pour bon nombre de communes, sera de maintenir des finances stables et résistantes aux crises. Nous procédons à des modifications budgétaires en vue de la préparation de la nouvelle enveloppe communale. Nous devons engager quasiment 1,3 million d’euros de plus pour l’énergie et l’électricité. Le tout sans compter la hausse des prix des matériaux: nous nous devrons d’établir des priorités. C’est ce que nous affirmons dans notre programme de coalition et dans la déclaration du collège échevinal. Nos priorités devraient être la transformation du Moulin de Bestgen et de la maison A Kassen, la construction d’une école supplémentaire, d’un parking souterrain (qui ne coûte pas les 11 millions d’euros prévus mais 15 millions), d’une nouvelle maison pour notre office social (dont le budget est passé de 2,3 millions à 4) et d’un immeuble mixte logements/commerces (la commune devra débourser plus de 15,6 millions quand le devis initial était de 11 millions). Tout cela avait été projeté par l’ancien collège échevinal.
Parmi les autres projets que nous souhaitons finaliser se trouve le commissariat de police, rue de Drusenheim. Celui-ci est effectif pour les localités de Schifflange, Mondercange et Reckange. Enfin, nous avons acquis le bâtiment de la Spuerkess qui déménagera l’année prochaine dans les locaux de la BIL. Celui-ci se situe en face de l’administration communale. Nous y installerons un Bierger Center qui regroupera tous les services de la ville au même endroit. C’est un lieu facile d’accès en raison des nombreuses places de stationnement qui se trouvent en face de la bâtisse. Il est aussi accessible aux personnes à mobilité réduite.
Les contraintes budgétaires affectent-elles le déploiement de certains autres projets?
Malheureusement oui. Nous devrons être attentifs à ce que l’on doit faire et à ce que l’on peut faire… Nous finaliserons les projets que nous avons démarrés, ce qui prendra déjà beaucoup de temps. Nous avons aussi élaboré un masterplan pour les nouvelles infrastructures sportives, culturelles et de loisirs que nous envisageons d’installer à Schifflange. Si nous souhaitons vivement les voir sortir de terre, nous devons néanmoins nous adapter à la conjoncture et peut-être attendre un meilleur moment pour les déployer.
Nous avons également prévu d’agrandir les ateliers communaux en début d’année prochaine. Ce projet d’environ 15 millions d’euros sera sans doute reporté. Nous nous devons d’être prudents dans chacune des décisions que nous prenons. Sur choix du collège échevinal, la réalisation des nouveaux projets sera autorisée seulement si le financement est assuré.
Cette conjoncture implique-t-elle une augmentation des taxes?
C’est aussi l’un des grands défis de notre commune: revoir les taxes au niveau de l’eau potable, des eaux usées et des ordures. Dans la balance budgétaire, nous avons perdu 1,5 million d’euros par rapport à l’eau potable et les eaux usées. La situation est semblable pour les ordures. Nous sommes obligés de trouver un équilibre et cela impliquera probablement une augmentation des taxes. Personne n’est heureux de payer plus, mais c’est un passage obligatoire. C’est pourquoi, nous devons préparer nos citoyens à faire face à cette situation.
Comment remédier aux problématiques du logement que vous rencontrez?
Notre marge de manœuvre est plutôt limitée au niveau du logement. Notre commune ne possède presque pas de terrains puisque 90% de ceux-ci sont dans les mains de propriétaires privés. C’est pourquoi confier une telle responsabilité aux communes me semble compliqué. Heureusement, le Pacte Logement 2.0 nous donne la possibilité de nous adjoindre à tout promoteur privé qui projetterait de construire des logements. Nous avons tout de même un grand projet en cours de réalisation: celui du quartier Metzeschmelz. Ce ne sont pas moins de 3.000 habitations qui seront construites sur un terrain qui s’étend sur les communes d’Esch-sur-Alzette et de Schifflange et qui permettront d’accueillir quelque 10.000 personnes. Les 10% du terrain nichés sur notre territoire accueilleront une cinquantaine de logements dont 30% seront à coût abordable. Nous disposons également de cinq autres parcelles où réaliser des habitations à coût modéré. La commune a bien quelque 100 autres logements sociaux, mais la demande est nettement plus importante. Enfin, nous entendons rénover et louer les trois maisons du Fonds du Logement depuis trop longtemps inhabitées. Les discussions sont en cours.
L’éducation et la culture font partie de vos attributions. Que prévoyez-vous à cet égard?
Je serais très heureux si nous pouvions finaliser les travaux de réorganisation des infrastructures scolaires et périscolaires. Commencé en 2018, ce projet de longue haleine devrait s’étendre sur dix ans. À l’époque, la commune comptait trois écoles et une maison relais. Sur les 1.100 élèves qui fréquentaient les établissements scolaires, seuls 250 à 300 enfants pouvaient bénéficier des services de cette dernière. Nous avons bien ouvert une centaine de places supplémentaires en érigeant un bâtiment modulaire, mais notre objectif, à terme, sera de décentraliser les services de la maison relais dans de nouveaux locaux rattachés aux écoles existantes. L’analyse de chacune des infrastructures a également révélé qu’une 4e école devrait voir le jour pour accueillir les 300 ou 400 enfants supplémentaires qui devraient habiter la commune dans les prochaines années. Ce nouvel établissement sera construit à côté de la maison relais actuelle. Dans le même temps, tous les bâtiments seront rénovés et réaménagés. Pour l’instant, l’école Lydie Schmit est en chantier et inaccessible aux élèves qui suivent momentanément leurs cours dans une infrastructure temporaire près de l’école Albert Wingert. Au terme de ce projet d’envergure, 90% des enfants devraient avoir la chance de bénéficier des services de la maison relais.
En ce qui concerne la culture, je dois dire que notre participation à Esch2022 nous a donné l’occasion de repenser complètement ce que nous faisions en la matière. Nous avions une galerie d’art dont la fréquentation était satisfaisante, mais nous l’avons déménagée et dotée d’une nouvelle philosophie en décidant d’y inviter uniquement des artistes vivant de leur travail. Bien qu’encore jeune, cette nouvelle galerie, dite «Schëfflenger Konschthaus», commence à se faire une place dans le milieu au Luxembourg.
Administration communale de Schifflange
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