Schifflange mise sur l’intégration et le vivre-ensemble

Pays multiculturel, le Luxembourg compte de nombreux résidents étrangers. La question de l’intégration revêt une attention particulière pour améliorer le vivre-ensemble à l’échelle communale, et par conséquent, à l’échelle nationale. «La diversité en tant que force», c’est de cette façon que le collège des bourgmestre et échevins de Schifflange perçoit l’intégration. En 2019, la commune du Sud a lancé un Plan Communal d’Intégration (PCI) pour œuvrer dans ce sens. Celui-ci a suivi un processus classique, où les enjeux et les défis ont été rassemblés à la suite d’un sondage réalisé auprès des résidents luxembourgeois et étrangers de Schifflange. Sur base de ces données, les élus envisagent plusieurs actions et projets pour favoriser l’inclusion. Marc Spautz, échevin chargé de l’intégration, des affaires sociales et du développement économique à Schifflange, présente les grands axes du Plan Communal d’Intégration.

Pourquoi avoir décidé d’élaborer un Plan Communal d’Intégration à Schifflange?

La création du Plan Communal d’Intégration fait suite à une décision prise par le collège échevinal dans la déclaration de la nouvelle majorité. À Schifflange, l’adoption d’un PCI était primordiale puisque nous comptons 93 nationalités différentes. De plus, 70% de nos élèves scolarisés sont des enfants dont la première langue n’est pas le luxembourgeois. Il était donc nécessaire de mettre en place une vision stratégique concernant l’intégration.

Nous avons ainsi démarré en 2019, avec le lancement d’un sondage réalisé de juin à décembre auprès des habitants luxembourgeois et étrangers… avant d’être momentanément bloqués par la crise du Covid-19. Au total, 428 personnes ont répondu, dont 63% de Luxembourgeois. Dans ce cadre, nous avons collaboré avec le ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région ainsi qu’avec le Centre d’Étude et de Formation Interculturelles et Sociales (CEFIS). À partir des résultats obtenus, nous avons établi une analyse détaillée pour réagir et proposer des solutions en matière d’intégration, pour améliorer la situation des non-Luxembourgeois à Schifflange et tout simplement pour parfaire le vivre-ensemble dans notre commune. Cela s’accompagne  d’un travail en continu et d’ateliers précis.

Quels sont les principaux axes de travail qui sont ressortis du sondage?

La question centrale était de savoir dans quels domaines la commune pouvait favoriser l’intégration et le vivre ensemble. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment l’apprentissage des langues, les loisirs, les activités périscolaires, l’enseignement fondamental, la participation politique ou la culture et le logement. Les langues sont d’ailleurs considérées comme prioritaires et leur apprentissage est cité par près de deux tiers des personnes. Depuis plusieurs années, notre commune propose des cours de luxembourgeois et d’anglais. L’offre doit toutefois être améliorée grâce à des horaires flexibles et à un panel de langues enseignées plus diversifié. Le café des langues représente, par exemple, une des bonnes pratiques ayant été instaurées dans beaucoup de communes pour favoriser l’intégration.

L’autre point important concerne la participation politique. Au regard des déclarations du gouvernement, le droit de vote pour les prochaines élections communales et européennes sera accordé aux étrangers. Nous tenons à sensibiliser nos résidents non-luxembourgeois à s’inscrire sur les listes électorales et à les informer sur les conditions et les démarches d’inscription. Dans ce contexte, nous remarquons quelques différences en fonction des nationalités. Les Français, Italiens et Allemands sont plus à même d’effectuer cette démarche contrairement aux Portugais qui sont un peu moins impliqués selon l’étude. Nous devons donc faire appel aux plus jeunes générations, qui ont la double nationalité, pour motiver et sensibiliser leurs aînés.

Améliorer la situation des non-luxembourgeois et parfaire le vivre-ensemble dans notre commune

Ce précédent point s’accompagne d’un autre qui est tout aussi indispensable: celui de l’accueil et de l’accès aux services locaux. Cela passe par la distribution d’un guide des citoyens, par un renforcement de la sensibilité interculturelle et d’accueil ou par la réalisation de vidéos de courte durée pour transmettre des messages d’information utiles concernant le fonctionnement des services ou des présentations des différentes associations.

Il s’agira aussi d’améliorer l’offre de loisirs et d’activités culturelles en rapport avec les pratiques des habitants. Si un sport comme le football ne connaît aucun problème d’adhésion, les autres activités, telles que la musique ou le théâtre, n’attirent pas forcément les non-Luxembourgeois, notamment au niveau des jeunes de moins de 30 ans. Nous souhaitons donc les attirer en organisant plus d’événements interculturels en favorisant la mixité plutôt que la communautarisation. Il y a trois ans, nous avons par exemple renommé la «Fête des étrangers» en «Fête des cultures». Depuis, nous remarquons une meilleure participation et cela permet à nos nombreux citoyens de découvrir toutes les cultures qui composent notre commune et donc de favoriser l’intégration.

Enfin, un autre besoin est revenu assez fréquemment dans les réponses à ce sondage. Les citoyens interrogés désirent un espace de rencontre «outdoor» ou «indoor» où les habitants pourraient se réunir et se mélanger, indépendamment de leur nationalité, de leurs revenus ou de leurs langues.

Quel est le rôle des Luxembourgeois, mais aussi des communes, dans l’intégration?

Les Luxembourgeois sont conscients des enjeux qui y sont liés. Sans les résidents étrangers et les frontaliers, nous ne pourrions tout simplement pas vivre et notre économie éprouverait des difficultés. Il faut souligner qu’une bonne intégration permet à l’État, aux communes et aux entreprises de bien fonctionner. Certains secteurs sont d’ailleurs complètement aux mains des résidents étrangers ou des frontaliers comme l’artisanat, la construction ou l’hôtellerie. Ces derniers contribuent à notre bonne santé économique au niveau national. Faciliter l’intégration n’est donc qu’un juste retour des choses.

Les communes jouent un rôle primordial dans l’intégration car ce sont elles qui sont au plus proche des citoyens

D’un point de vue politique, les communes jouent également un rôle primordial dans l’intégration car ce sont elles qui sont au plus proche des citoyens et de leurs aspirations. Notre PCI n’a pas de fin, il est toujours en mouvement. Celui-ci sera actualisé en fonction des nouveautés ou des éventuelles problématiques que l’on rencontrera ces prochains mois ou prochaines années.

Qu’en est-il de la situation des réfugiés à Schifflange?

Notre commune accueille des réfugiés dans un centre dédié à ces fins depuis 30 ans. Certains des habitants qui travaillent au sein de nos commissions y ont un jour vécu. Auparavant, nos réfugiés étaient francophones. Aujourd’hui, ils sont majoritairement anglophones et cela bouleverse aussi nos processus habituels d’intégration.

Néanmoins, il ne suffit pas de loger et nourrir les réfugiés, il faut les intégrer. Si, de notre côté, nous fournissons des efforts envers eux, les réfugiés le feront envers le pays. L’État doit s’occuper de ce volet en collaboration avec les communes. En ce sens, nous souhaiterions faire participer les résidents étrangers à la vie politique et communale.

Administration communale de Schifflange
Avenue de la Libération
L-3850 Schifflange
www.schifflange.lu

Photo : Nader Ghavami / Info Photopro