The Wave House, l’immeuble qui réhausse les standards de la construction 3D en Europe

Avec un béton high-tech pour encre et un site en reconversion pour feuille blanche, le promoteur immobilier KRAUSGRUPPE a participé à la rédaction d’un nouveau chapitre de l’histoire de la construction. Avec The Wave House, il a érigé à Heidelberg, en Allemagne, le plus grand immeuble d’Europe imprimé en 3D. Ce projet pionnier dans le domaine de la construction industrielle, dont les clés ont été remises en janvier dernier, confirme à quel point cette manière de bâtir est tournée vers l’avenir.

Un projet pionnier

Tout droit sorti d’une imprimante 3D, le bâtiment Wave House, développé par le promoteur immobilier KRAUSGRUPPE et utilisé comme data centre par Heidelberg iT dans la ville allemande éponyme, impressionne par son architecture. Ses dimensions – environ 54 m de long pour 11 m de large et 9 m de haut – en font le plus grand édifice imprimé d’Europe. Tout en courbes généreuses – rendues possibles par la conception paramétrique, le projet, supervisé par Mense-Korte ingenieure+architekten et SSV Architekten, donne un aperçu de l’immense liberté de conception que permet la technique de construction utilisée.

C’est l’imprimante BOD2, un modèle à portique de la société danoise COBOD et opéré par le groupe PERI 3D Construction, qui a, couche après couche, donné vie à ce projet. Pouvant atteindre une vitesse d’impression de 1.000 mm/s (avec barrière de sécurité), cet outil est le plus rapide du marché. Il lui aura seulement fallu quelque 140 heures, soit environ six jours, et deux opérateurs sur site pour faire sortir de terre les 600 m2 de la Wave House. Une prouesse qui rend cette technologie bien plus compétitive que les techniques de construction traditionnelles.

À l’intérieur aussi les humains ont pu laisser place à la machine : c’est le nouveau robot de peinture de Caparol et Okibo, baptisé « Paint Buddy® », qui a teint les murs du centre de données aux couleurs d’Heidelberg iT.

Une technique de construction adaptée aux défis du secteur

En réduisant les besoins en personnel, les imprimantes 3D et autres robots intelligents apportent une solution au manque de main-d’œuvre qualifiée qui touche le secteur de la construction. Mais ce n’est pas le seul avantage conféré par ce nouveau moyen d’élever des murs. Si l’impression 3D intéresse autant, c’est aussi parce qu’elle permet de relever deux autres défis rencontrés dans le bâtiment : la stagnation de la productivité et la durabilité.

Selon les parties prenantes au chantier, la 3D a cela de durable qu’elle permet de réduire l’usage des matériaux (jusqu’à 70% selon la conception) mais aussi les déchets généralement associés à la construction traditionnelle en béton (puisqu’un immeuble imprimé ne nécessite aucun coffrage et bénéficie d’une application précise de la matière) et, par conséquent, l’empreinte carbone d’un projet.

Cette méthode de construction répond à la double transition qui s’opère dans le secteur du bâtiment

Le matériau de construction en lui-même se veut très vert. Fournies par la firme allemande Heidelberg Materials, les 450 tonnes de béton spécial « i.tech® 3D » qui ont été nécessaires à la réalisation du projet sont 100% recyclables. Cette « encre » de construction développée spécialement pour l’impression 3D est entièrement minérale et contient un liant dont l’empreinte carbone est inférieure à celle du ciment classique d’environ 55%. Sa formulation contient des matériaux recyclés et des sous-
produits, réduisant ainsi l’utilisation de matières premières vierges.

En outre, cette technique permet d’accroître l’efficacité et la sécurité du processus de construction en ce sens qu’elle requiert moins d’outils sur site et réduit les nuisances sonores ainsi que les émissions de poussière.

Cette manière de bâtir répond donc à la double transition qui s’opère dans le secteur du bâtiment. « Nous sommes heureux de participer à ce projet innovant et de poursuivre le développement de l’impression 3D béton en tant que méthode de construction particulièrement économe en ressources avec nos partenaires. Ensemble, nous montrons que la durabilité et la numérisation vont de pair. Chez Heidelberg Materials, les produits innovants et durables comme i.tech® 3D et le développement de modèles commerciaux numériques sont des éléments essentiels de notre stratégie de développement durable », a déclaré Nicola Kimm, membre du conseil d’administration et Chief Sustainability Officer d’Heidelberg Materials, dans un communiqué.

Par A. Jacob