Belval : un plan qui imagine la mobilité de demain

Fruit d’une réflexion engagée par AGORA au cours des deux dernières années, le nouveau concept de mobilité du site de Belval, présenté en septembre dernier, brise les codes. En misant sur l’intermodalité, les décideurs espèrent améliorer le trafic en misant sur la mobilité douce et la végétalisation des espaces. Explications avec Alexandre Londot, directeur des opérations pour le concepteur luxembourgeois.

L’intermodalité pour une mobilité durable et intelligente

Le quartier de Belval est sorti de terre au début du siècle, en lieu et place de l’ancienne usine sidérurgique. «En 20 années, le site s’est développé. D’ici quelques années, il sera complètement opérationnel et nous profitons aujourd’hui du Plan National de Mobilité 2035 (PNM 2035) pour améliorer la qualité de vie dans le quartier en proposant un concept de mobilité innovant qui se base sur l’intermodalité», explique Alexandre Londot, directeur des opérations pour la société de développement AGORA. Les objectifs sont ambitieux, mais nécessaires. «Nous souhaitons doubler le nombre de trajets en transports en commun (160.000 en 2035 contre 73.000 en 2017) et à pied (128.000 en 2035 contre 70.000 en 2017) ainsi que multiplier par quatorze les trajets à vélo (80.000 en 2035 contre 5.000 en 2017)», précise-t-il.  

Les décideurs sont convaincus qu’en disposant d’un réseau attractif de train, de tram, de bus, d’un couloir à haut niveau de services (CHNS), de pistes cyclables, de parkings mutualisés et de zones piétonnes sécurisées. Le recours à la voiture sera moins nécessaire. «Miser sur l’intermodalité et combiner tous ces moyens de transport est un changement de paradigme pour Belval. L’idée n’est pas de supprimer la voiture individuelle, mais de redéfinir sa place dans le quartier afin de permettre un large déploiement de solutions plus écoresponsables telles que les transports en commun ou la mobilité douce», explique Alexandre Londot.

Une réorganisation de l’espace public et des circuits de circulation

La refonte du quartier se fonde sur une révision de l’organisation des voiries pour que ces dernières intègrent des infrastructures techniques dédiées (tram rapide desservi par de nombreux arrêts, CHNS, pistes cyclables, zones piétonnes). «Nous travaillons plus particulièrement sur les boulevards Porte de France, de la Recherche, du Jazz et des Lumières. D’autres projets sont également planifiés sur la terrasse des Hauts-Fourneaux ou de l’Avenue du Rock’n’Roll et de l’Avenue de la Fonte qui seront transformées en «shared spaces». Ces deux places pourront se muer en espace évènementiel lors de manifestations culturelles par exemple», détaille le directeur des opérations. Par ailleurs, un «hub de mobilité», au sein duquel se concentreront plusieurs zones dédiées à l’autopartage de véhicules électriques et au covoiturage, sera aussi établi sur le Boulevard Porte de France. Ces travaux seront réalisés par phases jusqu’en 2035.

L’idée n’est pas de supprimer la voiture individuelle, mais de redéfinir sa place dans le quartier

Afin d’imaginer un concept qui soit viable et optimal, les équipes d’AGORA ont travaillé main dans la main avec les communes concernées, le Fonds Belval et les différents ministères associés au projet. «Nous ne sommes pas partis de nulle part pour imaginer le renouveau de la mobilité à Belval puisque nous nous sommes basés sur de nombreuses micro-simulations et projections pour déterminer les axes qu’il fallait changer et modifier», révèle Alexandre Londot.

D’un Belval «minéral» à un Belval «vert»

Le projet déployé par AGORA s’inscrit également dans le cadre du Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT), l’instrument stratégique qui guide les décideurs politiques et renforce la résilience territoriale du Luxembourg. «Si Belval dispose bien d’un vaste parc, nous pouvons encore fournir davantage d’efforts pour verdir le quartier. Nous profitons de cet aménagement futur pour apporter plus de végétalisation au sein du site: de la pelouse tapissera certains tronçons du tram, des arbres seront plantés en masse aux abords des voiries, des îlots de verdure seront créés, etc. Le site est parfois encore jugé trop minéral. Agir de la sorte nous permettra de corriger le tir et d’apporter davantage de nature et d’espaces végétaux au sein du quartier», poursuit-il.

Un laboratoire pour la mobilité de demain

Reste désormais à changer les mentalités et le rapport à la voiture, c’est dans ce sujet central que l’intermodalité prend tout son sens. Avec des services de transports en commun de haute qualité qui concurrencent la mobilité individuelle, les habitants changeront leurs habitudes et se rendront certainement compte que la voiture n’est pas l’unique solution pour se déplacer. À l’heure actuelle, et même si les transports en commun sont gratuits, les temps de trajets effectués avec les alternatives à l’automobile sont encore trop longs.

Nous avons également remarqué que les personnes qui habitent à Belval effectuent très souvent de petits déplacements, de deux voire trois kilomètres. En créant des pistes cyclables sécurisées, avec des itinéraires plats, comme c’est le cas dans notre projet, alors le recours au vélo ou à la marche à pied se développera. Nul doute qu’un tel dispositif est un laboratoire pour la mobilité de demain», conclut Alexandre Londot.

Par P. Birck