DÉVELOPPER DES « SMART COMMUNES » LUXEMBOURGEOISES

Accorder un meilleur service aux citoyens, réaliser des économies, améliorer l’écoresponsabilité,… tels sont les potentiels offerts par l’exploitation des données, l’intelligence artificielle ou encore l’internet des objets. Yves Wengler, président du Syndicat Intercommunal de Gestion informatique (SIGI) depuis 2001, présente le rôle du syndicat dans le déploiement de solutions intelligentes pour développer les communes.

Comment le SIGI participe-t-il à l’innovation et l’instauration de solutions digitales dans les communes ?

Depuis le début de l’informatique et de Microsoft, l’ensemble des développements informatiques que nous réalisons sont dédiés aux communes qui choisissent ensuite librement de les utiliser ou non. Elles travaillent donc toutes avec les mêmes outils, à l’exception de la Ville de Luxembourg qui n’est pas affiliée au SIGI. Cette standardisation permet par exemple aux fonctionnaires d’être directement opérationnels s’ils changent de commune.

Centraliser l’ensemble de nos solutions est l’une de nos forces. Nous parvenons ainsi à les déployer rapidement dans les communes, ce qui n’est pas courant à l’étranger. Nos logiciels fonctionnent sur une seule infrastructure ; en plus de réaliser des économies d’échelle, cela contribue à l’efficience.

Quelles sont les idées et solutions « smart » sur lesquelles vous travaillez actuellement ?

Dès sa création, le SIGI a su se positionner derrière les attentes des communes en se calquant et en répondant à leurs demandes. Aujourd’hui, la donne a changé, notre objectif est d’anticiper leurs besoins. Les veilles technologiques et la participation à des conférences et des foires à l’étranger nous permettent notamment de connaître les tendances et les dernières innovations.

Nous avons par exemple participé au Smart City Expo World Congress en novembre dernier pour la troisième fois. L’IoT (Internet of Things) fait partie des technologies les plus en vogue actuellement. Comme l’intelligence artificielle, l’internet des objets fonctionne et n’a de la valeur qu’à l’aide du Big Data. Enormément de données circulent dans les communes et le potentiel pour améliorer leur travail au quotidien est immense si nous parvenons à extraire et interpréter les bonnes données. Les décideurs politiques pourront ainsi prendre les bonnes décisions sur base de faits concrets.

Justement, quelles en sont les applications concrètes ?

Les solutions intelligentes impactent de nombreux domaines tels que la comptabilité, le suivi du budget, les factures, l’énergie avec « Enercoach » pour le Pacte Climat,… Nous pouvons par exemple réaliser une approche analytique du budget, avec les données sur la consommation de fuel pour les bâtiments et ainsi réaliser des économies tout en améliorant l’écoresponsabilité. D’autres applications existent, comme celles qui concernent la gestion des déchets, la circulation et les emplacements de parking, les compteurs d’eau qui livrent des données précises pour la facturation et qui permettent de déceler des fuites,…

Tous les projets qui naissent se greffent à notre backoffice et alimentent notre base de données.

Permettre aux décideurs politiques de prendre les bonnes décisions

Le citoyen joue-t-il un rôle dans l’élaboration des solutions « smart » ?

La raison d’être de ces applications est l’amélioration du service au citoyen en passant notamment par une réactivité accrue des communes dans leur prise de décisions.

D’autres services nécessitent la participation des habitants, comme le produit « Signalez-le » que nous avons lancé il y a quelques années. Grâce à son smartphone, le citoyen peut faire part des problèmes qu’il rencontre dans la commune, en envoyant une photographie qui permet de géolocaliser directement l’incident concerné.

Par ailleurs, avec «Sms2Citizen», le citoyen s’inscrit librement dans différentes catégories telles que la culture, les travaux, la circulation,… pour être averti de toutes les actualités communales qui l’intéressent en un coup d’oeil. De notre côté, nous ressentons un réel changement de mentalité au niveau communal. Les administrations ont la volonté d’augmenter les services aux citoyens, d’accroître leur qualité de vie et de favoriser leur participation dans la vie politique ou sociale.

Le Building Intelligence Modelling (BIM) se développe dans les bureaux d’architectes et d’ingénieurs au Luxembourg. Cette technologie peut-elle intéresser le SIGI à plus long terme pour les volets « Smart City », économie circulaire ou passeport de matériaux dans une commune ?

Actuellement le BIM est utilisé seulement par quelques grands cabinets. Nous n’avons pas cette compétence au niveau communal, nous ne l’utiliserons pas pour construire ou développer des plans. Or, si ces mêmes bureaux offraient à la commune les fichiers BIM finaux, nous pourrions réaliser une connexion API du BIM vers notre gestion communale, et nous pourrions effectivement l’utiliser pour la maintenance, la révision de pompes à chaleurs,…

Quels sont les défis du SIGI à l’avenir ?

Nous sommes en train de réécrire le progiciel de gestion communale GESCOM autour d’une nouvelle technologie que nous annoncerons très prochainement. Actuellement, celui-ci fonctionne via une base de données Oracle et avec des licences. Transformé en Open Source, le logiciel sera beaucoup plus rapide et révolutionnera le développement informatique.

Cette nouvelle technologie amènera inévitablement de nouveaux challenges en interne. Il sera en effet nécessaire d’informer nos clients et les communes, d’offrir des formations, ou encore de rechercher les nouveaux talents sur le marché pour nous aider à développer cette solution.

Syndicat Intercommunal de Gestion Informatique
6 Rue de l’Étang
L-5326 Contern
www.sigi.lu

Photo: © Eric Devillet