Ecotrel et Ecobatterien : 20 et 15 ans de recyclage

Les deux associations luxembourgeoises dédiées à la gestion des déchets électroniques et des batteries, Ecotrel et Ecobatterien, ont récemment célébré leurs 20 et 15 années d’existence respectives. Andy Maxant, directeur des deux asbl, revient sur leur création et présente leurs activités et le rôle essentiel qu’elles jouent sur le marché luxembourgeois du recyclage et de l’économie circulaire.

Aux origines

En 2004, 43 sociétés du Luxembourg se sont unies pour créer Ecotrel, une association destinée à gérer la collecte et le traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). « Cette initiative répondait à la nouvelle directive européenne de l’époque, exigeant des importateurs de prendre en charge les déchets issus des appareils qu’ils mettaient sur le marché. La directive européenne, transposée en droit national en 2005, a poussé ces entreprises à chercher une solution collective qui a abouti à la création d’Ecotrel », explique Andy Maxant, directeur. Les activités de collecte ont réellement commencé en 2006, financées par une cotisation de recyclage incluse dans le prix de vente des appareils.

L’histoire d’Ecobatterien est similaire. Elle a vu le jour en 2009, trois ans après l’adoption d’une directive européenne spécifique aux piles et accumulateurs. « Lancée en collaboration avec la Luxembourg Confederation, la Fédération des Artisans et Ecotrel, l’asbl a également suivi le principe de la responsabilité élargie des producteurs, imposant aux importateurs de gérer les déchets des piles et accumulateurs », indique-t-il.

Des évolutions réglementaires et technologiques

Les deux dernières décennies ont été marquées par des changements majeurs dans le cadre réglementaire des DEEE et des batteries. Lors de sa création, Ecotrel devait gérer principalement des écrans de télévision à tube cathodique, mais l’apparition des écrans plats et des lampes LED a nécessité des adaptations. « À leurs débuts, ces nouveaux types de déchets n’avaient pas de filières de traitement adéquates. Nous étions obligés de stocker ces articles jusqu’à ce que des solutions soient trouvées », précise Andy Maxant.

En parallèle, le cadre réglementaire s’est renforcé, avec un accent placé sur l’économie circulaire et la réutilisation des ressources. « Depuis 2015, les concepts de réemploi et de seconde vie pour les appareils ont pris une place centrale. Par exemple, les cotisations de recyclage ont évolué pour s’ajuster à ces nouvelles priorités sans générer de profit, conformément au statut des asbl », indique le directeur d’Ecotrel et d’Ecobatterien.

Projets phares et initiatives récentes

En 2015, Ecobatterien a lancé des collectes sécurisées pour les batteries au lithium afin de prévenir les risques d’incendie dans les centres de tri. Plus récemment, en 2019, le projet Social ReUse a vu le jour, permettant aux citoyens de déposer des appareils encore fonctionnels dans des centres de ressources pour leur donner une seconde vie et ainsi éviter qu’ils ne soient démantelés alors qu’ils peuvent encore être utiles. « Environ 7.000 d’entre eux sont remis en circulation chaque année. Dans le même esprit, nous incitons les entreprises, lorsqu’elles décident de changer leur parc informatique, à ne pas négliger la seconde vie de leurs produits. Nous collaborons avec l’INDR et IMS sur ces sujets liés à la RSE afin de trouver des solutions sur le territoire national. Par exemple, l’association Digital Inclusion vise à remettre du matériel informatique encore fonctionnel à des citoyens qui désirent se familiariser avec le monde numérique », explique Andy Maxant.

Pour répondre aux réglementations et aux différentes attentes de la société, Ecotrel a mis en place en 2018 le principe de démantèlement manuel et de dépollution des appareils électroniques et électriques à Bettembourg, chez son prestataire PreZero Lamesch. « Le Luxembourg a été l’un des précurseurs européens sur ce sujet. L’idée est de retirer les batteries, mais aussi les condensateurs, afin de séparer les différentes fractions des produits et d’ainsi maximiser la pureté des matériaux recyclés ». Ce processus permet également de densifier la matière, ce qui optimise le nombre de trajets vers les usines de traitement… et réduit logiquement l’empreinte carbone.

Les entreprises ont montré un engagement croissant envers les directives légales et la gestion responsable des déchets électroniques et des batteries

« Depuis l’année dernière, le conseil d’administration nous a alloué un budget plus conséquent pour la communication. Nous avons dès lors intensifié nos efforts pour sensibiliser le grand public à la thématique du réemploi, notamment via des campagnes sur les réseaux sociaux et des actions de street marketing », ajoute-t-il.

De plus, les entreprises ont montré un engagement croissant envers les directives légales et la gestion responsable des déchets électroniques et des batteries. « Presque toutes les sociétés concernées respectent désormais les cadres réglementaires, y compris les firmes étrangères qui vendent directement leurs produits au Luxembourg via les plateformes d’e-commerce ».

Les défis futurs

L’équation est simple : si l’électrification de la mobilité prend de plus en plus d’ampleur, alors les batteries mises sur le marché aussi. Pour autant, la plupart des constructeurs ont déjà décidé de mettre en place un système de « reverse logistics » en interne et de confier leurs batteries usagées à des recycleurs spécifiques. « Le secteur automobile est proactif à ce niveau. En outre, de nombreuses entreprises et startups ont investi dans ce domaine en Europe, tant dans le recyclage que dans la réparation », révèle Andy Maxant.

L’avenir des DEEE et des batteries inclut bon nombre d’autres défis comme la gestion des moyens de transport légers, tels que les trottinettes et les bicyclettes électriques, ou des cigarettes électroniques, car les évolutions technologiques amènent sans cesse de nouveaux types de déchets à traiter. Ceux-ci poseront aussi un problème de sécurité qu’il sera indispensable de résoudre afin de mieux les recycler ou les réutiliser.

Des festivités réussies

La célébration des anniversaires d’Ecotrel et d’Ecobatterien s’est effectuée en deux phases. « Elle a d’abord été marquée par la visite de S.A.R. le Grand-Duc au centre de démantèlement manuel de Bettembourg, en présence de Serge Wilmes, ministre l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité. Cet événement, c’est la reconnaissance d’un travail bien fait. Sa Majesté s’est montrée intéressée par le rôle crucial de nos deux associations qui œuvrent en faveur de l’économie circulaire au Luxembourg », explique le directeur. Fin mai s’est déroulée la deuxième partie, à savoir la grande soirée d’anniversaire des deux asbl qui a eu lieu au Musée d’Art Moderne (MUDAM). Elle a été enrichie par une expérience visuelle immersive axée autour des ressources précieuses que l’on peut retrouver dans les gisements des DEEE et les déchets de batteries. Près de 200 invités ont répondu présents, parmi lesquels figuraient des confrères de la scène internationale : les membres du WEEE Forum et d’EUCOBAT, regroupant respectivement les organismes de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques ainsi que de batteries à l’international. À cette occasion et sur invitation d’Ecotrel et d’Ecobatterien, une conférence conjointe entre ces deux organismes s’est tenue à l’European Convention Center Luxembourg (ECCL). Les intervenants ont pu souligner l’importance des collaborations internationales pour atteindre les objectifs de collecte et de recyclage imposés par l’Union européenne. « C’est la première fois que ces deux organismes se réunissaient alors que leurs univers sont très liés. Les différents décideurs ont ainsi pu échanger et discuter sur des thématiques qui leur sont communes », précise le directeur.

En somme, Ecotrel et Ecobatterien continuent de jouer un rôle essentiel dans la gestion des déchets électroniques et des batteries au Luxembourg et de véritablement transformer ces matières en ressources, en s’adaptant aux évolutions réglementaires et technologiques, tout en promouvant des pratiques responsables et durables.

Ecotrel asbl – Ecobatterien asbl
11, Boulevard du Jazz
L-4370 Esch-Belval
www.ecotrel.lu
www.ecobatterien.lu