L’EXPO 2020 À DUBAÏ, UNE VITRINE POUR LE LUXEMBOURG

Du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021, le monde entier sera condensé à Dubaï à l’occasion d’une exposition universelle résolument tournée vers l’avenir. Le Grand-Duché s’y est taillé une place de choix, au coeur d’un district judicieusement dénommé « Opportunités ». Maggy Nagel, Commissaire générale à l’exposition, nous dépeint le portrait d’un Luxembourg plein de ressources, matérialisé dans un pavillon conçu pour y être le meilleur ambassadeur du pays.

Quel est le rôle du Commissaire d’une manifestation de cette envergure ?

Après ma nomination, j’ai commencé par lire l’ouvrage de Jean-Luc Musset intitulé « Un petit parmi les grands »(1) et consacré à l’histoire de la participation du Luxembourg aux expositions universelles depuis 1851. Je suis aujourd’hui chargée d’organiser et de coordonner la 24e participation luxembourgeoise à ce rendez- vous international qui prendra ses quartiers aux Emirats Arabes Unis (EAU). Seule au départ, j’ai constitué une petite équipe avec laquelle nous avons rassemblé d’importants partenaires (POST, SES et la Chambre de Commerce) en un GIE (groupement d’intérêt économique). Je me suis ensuite attelée à la recherche de sponsors avant d’ouvrir davantage la table des négociations pour déterminer le thème de notre pavillon : « Resourceful Luxembourg ».

J’ai également dû rassembler l’ensemble des autorisations nécessaires pour mener ce projet à bien. Pour ce faire, il m’a fallu m’approprier une législation toute autre et m’adapter à une mentalité différente, même si très ouverte et respectueuse. Depuis le début, j’occupe d’ailleurs une place très agréable auprès de l’organisateur en représentant le premier pays à s’être officiellement engagé et à avoir obtenu l’autorisation de construire. Nous montrons le chemin à d’autres Etats n’ayant pas cette expérience des expositions universelles en quelque sorte.

Raconter l’histoire d’un pays qui a toujours su se réinventer

Quelles sont les raisons qui ont poussé le Luxembourg à participer à l’exposition universelle de Dubaï 2020 ?

Il y a, d’une part, les bonnes relations diplomatiques et économiques qui lient le Luxembourg au pays organisateur. Les EAU sont les partenaires commerciaux les plus importants du pays dans la région du Golfe depuis des années. C’est aussi l’exposition la plus cosmopolite jamais organisée au Moyen-Orient.

D’autre part, la thématique « Connecter les esprits, construire le futur » est passionnante et regorge d’intéressantes opportunités de mises en valeur pour le Luxembourg. La perspective d’ériger notre pavillon dans le district de l’opportunité nous a également beaucoup plu.

Pourquoi avoir choisi ce district plutôt qu’un autre ? Et comment le thème « Resourceful Luxembourg » s’est-il imposé aux organisateurs ?

Le thème de l’opportunité permet de montrer non seulement comment le Luxembourg a évolué dans ses ressources, à quel point c’est un pays dynamique qui a toujours su se réinventer et se positionner, même dans les moments difficiles, mais aussi la direction qu’il souhaite emprunter pour l’avenir. Nous aurons donc la possibilité d’évoquer les questions environnementales, l’économie circulaire ou encore la troisième révolution industrielle. Autant de thématiques qui prouvent que le Grand-Duché est capable d’évoluer et de se transformer pour rester compétitif. C’est aussi une manière de présenter le Luxembourg comme une véritable Smart Nation.

Le design choisi pour le pavillon luxembourgeois est le résultat d’un appel à projets lancé en 2017. Quelles étaient les lignes directrices avec lesquelles devaient composer les architectes ?

Il s’agissait, pour les scénographes et architectes, de présenter un projet traitant de la problématique des ressources – conformément au thème choisi – et se basant sur le principe de l’économie circulaire. Techniquement, la proposition devait être adaptée à un terrain d’environ 3500 m2 et composée d’espaces aux fonctions différentes. Dix-neuf projets nous ont été remis, parmi lesquels nous avons choisi celui du ruban de Möbius imaginé par Metaform Architects. La forme infinie de son architecture reflète notre programme et l’histoire que nous voulons raconter : celle d’un pays qui a toujours su se réinventer. Quant à la scénographie, très importante à nos yeux, nous la devons au cabinet Jangled Nerves.

Que pourra découvrir le visiteur dans ce pavillon ?

Le visiteur découvrira la façon dont le Luxembourg veut se positionner dans les années à venir en déambulant dans cinq espaces thématiques respectivement consacrés à la diversité, la connectivité, l’entrepreneuriat, la durabilité, et la beauté (de la nature). En finissant sur cette note, le visiteur redescendra sur terre après un parcours ponctué de nouvelles technologies.

J’ai toujours considéré que le visiteur devait être impliqué dans la découverte par ses cinq sens. Je ne voulais pas tomber dans le tout technologique, l’abstrait, mais rester centrée sur l’humain. L’utilisation des sens agit comme un fil rouge dans le programme de l’exposition. La vue sera mobilisée par l’architecture du pavillon et la scénographie. Au fil du parcours, l’oreille du visiteur sera stimulée par des sons – liés aux cinq thématiques – enregistrés par l’Orchestre philharmonique du Luxembourg. Le toucher sera quant à lui mobilisé par différents éléments de la scénographie et divers outils digitaux. En fin de parcours, le visiteur pourra humer les parfums de la forêt du Mullerthal, dans le toboggan (clin d’oeil à la Schueberfouer) permettant de rejoindre le restaurant qui mettra son dernier sens en éveil.

Quelles sont les principales opportunités à saisir à Dubaï pour les entreprises luxembourgeoises ?

Le Grand-Duché a ouvert un LTIO (Luxembourg Trade and Investment Office) aux EAU dès 2005. Le volume total de nos échanges commerciaux avec les Emirats s’élève à près de 600 millions d’euros. Ce ne sont pas moins de trente entreprises luxembourgeoises qui s’y sont déjà installées et l’intérêt pour ce pays se fait croissant. Notre programme et celui de la Chambre de Commerce donneront une ouverture aux entreprises luxembourgeoises, leur offriront une plus grande visibilité et permettront de promouvoir leurs savoir-faire. Il est maintenant difficile d’estimer quelles retombées aura l’exposition. Il faudra probablement attendre un an ou deux pour déterminer ce que cela aura apporté au pays. Quoi qu’il en soit, pas moins de 25 millions de visiteurs sont attendus à l’exposition. Quant à notre pavillon, il devrait être arpenté par l’équivalent de 15 000 personnes par jour. 4 000 Luxembourgeois ont déjà réservé leur voyage.

Le programme se dévoile petit à petit depuis quelques mois. Après la programmation économique et le volet gastronomique, qu’allez-vous révéler au public ?

Quant au volet gastronomique, nous inviterons encore une soixantaine de vignerons à un blind tasting en Moselle pour procéder à la sélection des crémants et des vins qui accompagneront les menus. Nous dévoilerons ensuite les modalités du concours organisé par le ministère de l’Education nationale qui permettra à une centaine d’élèves de visiter l’exposition. Un second projet, organisé cette fois avec le ministère des Sports sur le thème du cyclisme, sera également dévoilé prochainement. Enfin, un collectif d’artistes qui travaille depuis plus d’un an sur un projet dédié à l’exposition sera bientôt présenté à la presse. Nous planchons également sur un programme parallèle qui se tiendra à Luxembourg et qui permettra à ceux qui ne peuvent se rendre à Dubaï de vivre l’évènement d’une autre manière.

(1) MUSSET Jean-Luc e.a., Un petit parmi les grands. Le Luxembourg aux expositions universelles de Londres à Shangai (1851-2010), Luxembourg, Musée national d’histoire et d’art, 2010.

Par A. Jacob
Photo: © Eric Devillet