POUR UNE TRANSITION VERS UNE POLITIQUE ALIMENTAIRE DURABLE

Le pacte vert a comme ambition de faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique à l’horizon 2050. Il expose une nouvelle stratégie de croissance durable et inclusive qui stimule l’économie, améliore la santé et la qualité de vie des individus, tout en préservant la nature. Assurer la sécurité alimentaire et préserver l’environnement, tels sont les deux axes essentiels de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) voulue par la Commission européenne.

La stratégie « De la ferme à la table » est au cœur du pacte vert. Elle traite de façon détaillée des difficultés que soulève la mise en place de systèmes alimentaires durables et reconnait les liens inextricables entre les sociétés en bonne santé et une planète en bonne santé. La pandémie de Covid-19 a mis en évidence l’importance d’un système alimentaire solide et résilient qui fonctionne en toutes circonstances, capable de fournir aux citoyens des denrées alimentaires de qualité à des prix abordables sans pénaliser agriculteurs et pêcheurs. La création d’un environnement alimentaire favorable qui encourage l’adoption de régimes alimentaires sains et durables profitera à la santé et à la qualité de vie des consommateurs et réduira par la même les coûts liés à la santé. Selon des estimations, plus de 950 000 décès survenus dans l’UE en 2017 sont imputables à des régimes alimentaires peu sains. Les Européens sont de plus en plus attentifs aux questions environnementales, sanitaires, sociales et éthiques. Cette prise de conscience a été accélérée par la crise sanitaire du Covid-19. Les citoyens ont indiqué clairement qu’ils voulaient davantage de proximité en matière d’alimentation, des denrées alimentaires fraîches, moins transformées et obtenues de manière durable.

En outre, cette stratégie vise à récompenser les agriculteurs, les pêcheurs et les autres acteurs de la filière alimentaire qui ont déjà adopté des pratiques durables, à permettre aux autres de suivre leur exemple et à créer des opportunités supplémentaires dans le cadre d’une agriculture vertueuse et raisonnée. Mais malgré une baisse de près de 20% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, l’évolution n’est ni linéaire, ni uniforme dans les différents États membres. De plus, la fabrication, la transformation, la vente au détail, l’emballage et le transport des denrées alimentaires contribuent largement à la pollution de l’air, des sols et de l’eau ainsi qu’aux émissions de gaz à effet de serre. Les systèmes alimentaires restent fondamentalement l’un des principaux facteurs du changement climatique et de la dégradation de l’environnement. Réduire la dépendance aux pesticides et aux antimicrobiens, diminuer l’emploi abusif d’engrais, développer l’agriculture biologique et la biodiversité demeurent un leitmotiv de la nouvelle stratégie agricole européenne.

Un effort collectif pour une transition écologique

Il est évident que la transition ne se fera pas sans changement dans les régimes alimentaires. 33 millions de citoyens européens n’ont pas les moyens de s’offrir un repas de qualité un jour sur deux. Le problème de l’insécurité alimentaire et du prix des denrées risque de s’aggraver pendant une récession économique. Il est dès lors essentiel de prendre des mesures pour modifier les modes de consommation et réduire le gaspillage alimentaire. Alors que 20% des aliments sont gaspillés, l’obésité gagne du terrain et plus de la moitié de la population adulte est en surpoids ce qui favorise le développement de maladies liées directement à des régimes alimentaires déséquilibrés.

La Commission européenne souhaite faire de l’Europe, à travers ce nouveau Pacte vert européen, le premier continent neutre en émission carbone d’ici 2050. A plus brèves échéances et à l’horizon 2030, l’Europe voudrait cultiver pas moins de 25% des surfaces agricoles en bio, diminuer de 50% l’usage et les risques des pesticides chimiques et réduire de 20% l’utilisation d’engrais tout en limitant de moitié leur fuite dans l’environnement. La Commission précise ses ambitions et estime que de 2020 à 2027, « 40% du budget de la politique agricole commune devrait contribuer à l’action pour le climat et 30% du Fonds pour les affaires maritimes et la pêche devraient être consacrés aux objectifs en matière de climat. » Ce plan ambitieux et séduisant sur le papier devrait s’accompagner d’une prise de conscience collective venant de toutes les parties prenantes de ce dossier si important pour l’Europe. Le producteur et le citoyen sont certainement en première ligne pour amorcer le changement, mais l’industrie agroalimentaire a également un grand rôle à jouer pour la réussite du pacte vert européen. Pour rappel, l’industrie alimentaire est responsable de près de 30% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) intitulé « Climate change and land ». De plus, l’élevage intensif, l’agriculture, la transformation alimentaire et la commercialisation, comme toutes les industries, engendrent une pollution de l’air, de l’eau et des sols. Enfin, pour lutter efficacement contre la malbouffe et ses conséquences sur la santé des citoyens, il est nécessaire de limiter les additifs, l’excès de sucre, de sel et de gras dans tous les aliments transformés. Il en va de la santé collective des Européens.