Présentation du nouveau Plan national concernant la protection de la nature

La ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Joëlle Welfring, a invité aujourd’hui (02.02.2023) à une conférence de presse «Présentation du nouveau Plan national concernant la protection de la nature (PNPN3)», plan-clé pour la préservation de nos ressources naturelles adopté par le Conseil du gouvernement.

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«Et geet hei em näischt manner ewéi eist natierlecht Kapital ze schützen. D’Natur liwwert eis e liewenswichtege Service an den ze schützen ass eng absolutt Necessitéit. An dëser Necessitéit widme mer eis mat eisen nationalen Naturschutzpläng. Ëmsou méi freeën ech mech, fir haut de PNPN3 kënnen ze lancéieren.» − Joëlle Welfring

Origine du PNPN3

Le 3e Plan national concernant la protection de la nature (PNPN) a été établi conformément aux articles 47 et 48 de loi modifiée du 18 juillet 2018 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles. Cela implique que ledit PNPN3 a été établi non seulement en incluant une consultation du public (dont 254 retours reçus), mais également en tenant compte de l’avis de l’Observatoire de l’environnement naturel et des propositions du Klima-Biergerrot.

Le document final comprend par ailleurs d’autres engagements nationaux, dont notamment les objectifs définis dans le cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, adopté par la quinzième réunion de la Conférence des parties à la convention sur la diversité biologique, à Montréal, Canada (décembre 2022), ainsi que la stratégie de l’Union européenne (UE) en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030, communiquée par la Commission européenne le 20 mai 2020, et adoptée par le Conseil de l’Union européenne le 23 octobre 2020 et le Parlement européen le 9 juin 2021.

Pourquoi un PNPN3 est indispensable

Le Luxembourg – malgré la surface réduite de son territoire et l’absence d’écosystèmes et d’habitats marins ou montagnards – possède une biodiversité considérable et des paysages variés dus à une diversité géologique et microclimatique importante. Cette diversité, au sein des espèces et habitats ainsi que celle des écosystèmes et des services qu’ils fournissent, constituent la base vitale de l’existence et de la bonne qualité de vie de notre société. La nature est importante non seulement pour notre bien-être physique et mental, mais au-delà également pour la capacité de notre société à faire face aux changements planétaires, aux menaces sanitaires et aux catastrophes naturelles. La dégradation des écosystèmes ainsi que la perte de services écosystémiques constituent des menaces directes et existentielles pour la vie et le bien-être de notre population et mettent en péril les fondements de notre société et de notre économie.

Les défis pour conserver la nature au Luxembourg sont importants et nécessitent des mesures immédiates sur le terrain, en face d’un état de la nature alarmant:

  • L’occupation des sols au Luxembourg est nettement supérieure à la moyenne européenne;
  • Le Luxembourg est le pays le plus fragmenté d’Europe;
  • Les papillons et les oiseaux des milieux ouverts sont en forte régression, 2/3 des habitats protégés d’importance européenne sont dans un état de conservation défavorable;
  • 4/5 des espèces protégées d’importance européenne sont dans un état de conservation défavorable.

Le PNPN3 détermine les actions à mettre en œuvre et les mesures quantifiables à atteindre à mi-parcours (<2027) et à la fin (2030) de ce plan et définit comment le Luxembourg contribuera à la réalisation des objectifs européens. Une stratégie incluant les objectifs, engagements, actions et mesures a donc bien été définie.

Structure et contenu du PNPN3

Basé sur la structure et le contenu de la stratégie biodiversité de l’UE à l’horizon 2030, le PNPN3 est structuré selon les quatre piliers suivants:

  1. Protection : Le volet «protection» cible le réseau de zones de protection. Au niveau international et européen, l’objectif est de disposer d’un réseau couvrant 30% de la terre de zones de protection. Le réseau luxembourgeois couvre actuellement 27,8%. On se situe en conséquence très près de cet objectif. Un objectif connexe est la mise sous protection stricte du tiers de ces zones, soit 10% du pays. Cela représente un véritable défi pour le Luxembourg, qui se couvre présentement que de 4,2 % de zones à protection strictes. La commune de Mertzig représente un exemple local pour la création de nouvelles zones de protection: la zone «Massif forestier du Säitert et mardelles» a été désignée en 2022, sur proposition de la commune elle-même, comme site Natura2000 et a, ainsi, contribué à l’agrandissement de ce réseau.
  2. Restauration : Ce deuxième volet est axé sur la restauration des habitats et des écosystèmes les plus dégradés et sur la réactivation des systèmes écosystémiques fournis. La majorité des activités de restauration se dérouleront dans des zones protégées et répondent à des engagements internationaux. Une attention particulière sera également accordée à la recherche d’habitats qui contribuent à la lutte contre le changement climatique et à l’adaptation à celui-ci. Il s’agit notamment des habitats qui stockent le CO2 et le carbone, des habitats qui stockent l’eau et constituent une rétention naturelle de l’eau, tamponnant ainsi les inondations, et des habitats qui réduisent les îlots de chaleur dans les villes, y compris les infrastructures vertes. Il est important de noter que chaque euro investi dans la restauration de ces habitats génère de multiples bénéfices en termes de services écosystémiques qui dépassent les investissements. Diverses publications font état d’un rapport de 1 à 40, voire de 1 à 100. Les syndicats intercommunaux / stations biologiques ayant la vocation de la protection de la nature, tel que le SIAS, présenté et représenté par Doris Bauer lors de la conférence de presse, sont des partenaires actifs dans la mise en œuvre du PNPN, notamment au niveau de la conservation et restauration des habitats, de l’aménagement écologique en milieux urbain, de l’implémentation des plans d’action et du reverdissement des milieux urbains.
  3. Changement porteur de transformation (coopération entre acteurs) : Le 3ᵉ volet montre comment les acteurs sont amenés à coopérer entre eux et précise les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs. Le présent plan vise en effet à faire collaborer tous les différents intervenants et à leur permettre de s’impliquer de manière individuelle. Les acteurs du secteur agricole constituent notamment un partenaire important, tout comme les syndicats de communes avec leurs stations biologiques, les acteurs de l’éducation, ainsi que le secteur financier et économique. Des projets comme le «Pacte Nature», ainsi que les efforts en matière de sensibilisation et de formation font également part de ce volet. Claude Thiry, agriculteur laitier, a présenté son partenariat avec Sicona, un autre syndicat communal, dans le cadre du projet «Natur Genéissen» et a dessiné, à l’exemple de sa propre exploitation, l’interaction entre rentabilité, protection de la nature et des terres et commercialisation locale et durable.
  4. Engagement international (biodiversité au niveau international) : Ce volet englobe la participation à la conservation de la biodiversité au niveau mondial. Plus précisément, il s’agit d’engagements que le Luxembourg a décidé de prendre avec des partenaires internationaux et pour lesquels il s’engage activement et financièrement. Le projet «Travaux de protection du parc ornithologique du Djoudj», situé au nord-est du Sénégal, figurant comme exemple d’engagement international, vise une amélioration des conditions d’accueil des oiseaux d’eau et a comme but de protéger le parc contre les eaux de drainage agricole.

Communiqué par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable
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